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mercredi, 11 novembre 2015

113. Voyage dans le temps -2-

En septembre, j’ai repris le chemin de l’école, mais quelque chose en moi avait été brisé. C’est comme si j’avais perdu une partie de moi-même. Cela doit sans doute faire la même chose à tous ceux qui perdent leur conjoint. Assez vite, j’ai éprouvé le besoin de changer de lieu de vie afin de ne pas avoir à ressasser l’existence d’avant et quand les premiers jours sombres de novembre sont apparus, ma résolution était définitivement prise : j’allais déménager ! Il me fallait trouver une petite maison avec un jardin pour mes deux chats. C’est alors que j’ai découvert une résidence en construction à 5 minutes à pied de mon lieu de travail. Dans cet endroit il y avait des appartements mais aussi des maisons avec un jardinet. Je m’empressai alors d’aller visiter. C’était une maison sans étage avec trois chambres et un petit jardin. Cela me convenait à souhait et je versai aussitôt des arrhes. Les clefs me seraient données au début de janvier.

Je ne vis pas passer les trois derniers mois de l’année 2001, occupée à faire le tri des meubles que je comptais garder. Comme j’avais le plan de la maison, je pouvais ainsi organiser le futur agencement et voir ce que je pouvais conserver et ce que je devais vendre. Et il apparut très vite que je devais me séparer de beaucoup de choses !

Le déménageur m’avait fourni des piles de cartons et chaque soir j’en remplissais trois ou quatre. Peu à peu la maison prit des aspects de camp retranché sous l’œil inquiet des chats qui se rendaient bien compte que quelque chose d’anormal était en train de se jouer.

La vente du mobilier se passa en quatre temps : en premier je fis venir quelques antiquaires pour certains meubles anciens, puis un brocanteur me proposa une somme qui me parut correcte pour l’achat d’un lot varié. Ensuite ce fut le tour d’Emmaüs et enfin, une fois le déménagement terminé, un ferrailleur ramassa tout ce qui restait pour faire le vide complet.

Aux vacances de Noël, Peggy et moi avions prévu de faire un voyage à La Martinique. Elle appréhendait cette fête de Noël où nous nous serions retrouvées seules, comme deux âmes en peine… C’est vrai que cela n’avait rien de réjouissant et je me suis donc chargée de faire les réservations. C’est la première fois que j’allais prendre l’avion !

Le vol pour Fort-de-France était prévu le dimanche matin à 5h, aussi avions nous passé la nuit dans un hôtel près d’Orly et à 3h nous faisions enregistrer les bagages. On apprit peu après que le vol avait du retard. Une attente interminable commença alors … J’avais en tête la chanson de Bécaud, « Le dimanche à Orly », plus le temps passait et plus je m’énervais. Ce n’est que vers 15h que l’avion décolla enfin ! J’étais coincée près du hublot et je commençais déjà à trouver le temps long. Peggy, imperturbable, s’était plongée dans la lecture d’un roman. J’avais bien essayé de faire des mots croisés, mais cela ne suffisait pas à me calmer.

— Dans combien de temps on arrive ?

— Bah attends un peu, on a décollé il y a à peine une heure !

— Je ne vais jamais tenir le coup ! C’est effroyable.

Il a pourtant bien fallu tenir. Je n’ai pas réussi à dormir, par moment je pleurnichais, me jurant que c’était bien la dernière fois que je prenais l’avion (le retour n’étant pas compté).

Plus de dix heures après, l’avion se posa enfin.

— Ah, enfin, on va pouvoir bouger ! Je retrouvai le sourire qui se figea bientôt quand une hôtesse annonça :

— Mesdames et messieurs, nous vous prions de bien vouloir rester à votre place. L’avion fait une escale d’environ deux heures à Saint-Martin !

Nous arrivâmes vers 3 heures du matin à Fort-de-France. La première chose qui me frappa fut la moiteur qui régnait à l’extérieur. Il faut dire que nous étions équipées de nos manteaux et au-dehors la température avoisinait les trente degrés.

Après avoir récupéré une voiture de location, nous prîmes donc le chemin de l’hôtel, situé aux Trois Ilets, à la Pointe du Bout.

Que de bruits étranges dans cette nuit tropicale ! Nous roulions fenêtres ouvertes, j’avais retrouvé le sourire et il me tardait d’arriver.

Nous eûmes droit à un cocktail d’accueil malgré l’heure tardive et l’employé nous indiqua qu’une collation nous attendait dans la chambre.

J’étais impatiente que le jour se lève pour admirer l’endroit !

À suivre