jeudi, 13 novembre 2008
Jean-Élie (5)
Jean-Elie rentra à la soirée, tout joyeux. Il avait gagné une peluche au tir à la carabine. Mais quand Yvonne lui demanda pourquoi Danielle était rentrée seule, il s’embrouilla dans des explications qui ne convainquirent pas la fermière. Elle pressentit une entourloupe de sa part ; elle appela Danielle et devant la gamine elle le sermonna :
« Je t’avais confié Danielle , tu étais responsable d’elle ; tu savais très bien qu’elle ne connaissait pas l’endroit. J’avais confiance en toi et tu me déçois !»
Il était tout penaud et regardait bêtement le bout de ses chaussures. Il aurait préféré recevoir une raclée et qu’on n’en parle plus. Mais Yvonne insista pour qu’il présente ses excuses et qu’il promette de ne plus recommencer. Elle avait bien compris qu’il l’avait fait exprès et comprenait qu’il avait peur d’être rejeté au profit de cette nouvelle arrivante. Alors le soir, avant qu’il aille se coucher, elle le prit à part et lui expliqua :
« Danielle est ici parce que ses parents n’ont pas la possibilité de s’occuper d’elle pendant les vacances. Ils ont pensé qu’un séjour à la campagne lui ferait du bien. C’est une petite fille heureuse, elle a des parents qui l’aiment. Elle ne cherche pas à prendre ta place. Toi, tu n’a plus tes parents ; ici c’est comme chez toi et tu sais que je t’aime comme si tu étais mon fils.»
Les choses étaient dites simplement, elles furent comprises et ce fut la seule fois où les deux enfants eurent à se confronter. A partir de ce jour, chacun trouva sa place et il n’y eut plus jamais de malentendus. Danielle avait rejoint la petite chambre ; la fenêtre donnait sur les champs, mais aussi sur le tas de fumier qui envoyait des effluves nauséabondes qui au début lui parurent insupportables. Mais peu à peu elle s’habitua et bientôt cette odeur lui fut familière. Au fil des jours qui s’écoulaient paisibles Danielle découvrit alors le monde très particulier de la campagne. Tout comme Jean-Élie , elle participa activement aux divers travaux des champs…
A suivre
19:27 Publié dans Petites nouvelles de rien du tout | Lien permanent | Commentaires (0)
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