vendredi, 22 juillet 2011
148. Bilan d'une décennie -6-
Bon, et maintenant ?
Me voici revenue au point de départ. Je retrouvais la maison vide, si ce n’est la présence du chat Popy, le chat dont Il ne voulait pas et qui devint pourtant son plus fidèle compagnon. Je devais donc m’habituer à vivre seule. Dans la semaine qui suivit le retour d’Allemagne, j’entrepris de gros travaux de déménagement de meubles. Je changeai totalement la disposition du salon (la seule pièce d’ailleurs où il était possible de bouger les meubles).
Dimanche 19 août 2001 : le petit Pierre, un gamin de la DPASS que nous hébergions le week-end, rentre de vacances. Je l’avais prévenu du décès par téléphone. Il tint à aller sur la tombe.
Pierrot, comme nous l’appelions familièrement, était un gentil gamin qui eut une enfance très chaotique dans une famille de parents incestueux. Il était arrivé chez nous en 1997 et je crois qu’il se plaisait bien parmi nous. Il avait un profond respect pour mon mari. Sans doute ce dernier représentait pour lui le père qu’il aurait voulu avoir.
Bref, je m’étais arrangée avec l’assistante sociale et il fut convenu que Pierrot resterait chez moi encore une année, le temps qu’il passe son CAP. Ensuite, il devrait voler de ses propres ailes (il avait 18 ans).
Dans la semaine qui suivit, j’eus fort à faire dans le jardin. Il avait plu et l’herbe avait poussé. J’eus beaucoup de difficulté pour passer la tondeuse. Je ne savais pas alors que c’était la dernière fois que j’avais à tondre une si grande surface (environ 2500m2).
Il me fallait également me séparer d’une des voitures. Je trouvai facilement acquéreur pour ma petite Ford Fiesta qui était en bon état et n’avait que peu de kilomètres au compteur.
Mercredi 29 août 2001 : alors que je reviens des courses et que je gare la voiture au fond du jardin, j’entends un miaulement plaintif venant d’un buisson. J’aperçois alors un chaton gris et blanc qui s’avance vers moi et se laisse caresser. Il ne devait pas avoir plus de trois ou quatre mois d’après son aspect physique. Il m’emboîte bientôt le pas et nous pénétrons tous deux dans la cuisine. Comment allait réagir Popy ?
Eh bien, monsieur a boudé ! Il ne s’est pas montré agressif envers le nouvel arrivant, mais il est parti et je suis restée deux jours sans le voir. Finalement, c’est la faim qui l’a fait sortir du bois et la pluie aussi ! Il est donc revenu à la maison mais a totalement ignoré le chaton.
Au départ je voulais l’appeler Popcorn. Mais Pierrot n’arrivait pas à retenir ce nom, il l’appelait Pot de corne et ça m’agaçait. Aussi ai-je opté pour un surnom plus court : Théo !
Au fil du temps les rapports entre les deux chats ont nettement évolué. Popy jouait le chef et Théo le suivait. Ils devinrent bientôt inséparables ce qui me rassura.
Jeudi 30 août : alors que je portai le coupé Hyundai chez le garagiste pour un nettoyage, j’aperçus une belle Anglaise en exposition devant la concession. De couleur verte, elle avait une capote beige et possédait une véronique à l’arrière. L’intérieur était en cuir beige clair et le tableau de bord en acajou ! J’eus aussitôt le coup de foudre. J’en parlai alors à Peggy pour savoir ce qu’elle en pensait.
— Tu fais comme tu veux Mutti, si tu peux l’acheter, fais-toi plaisir !
Il ne fallait pas m’en dire plus. Le lendemain matin, j’étais de nouveau chez le concessionnaire, j’essayai la voiture et je revins avec, heureuse comme une reine (en supposant que les reines soient obligatoirement toujours heureuses, ce qui ne doit pas être le cas).
La semaine suivante, c’est la rentrée des classes. Pour la réunion de pré-rentrée, j’avais téléphoné au directeur :
— J’arriverai un peu en retard. Prévenez les collègues du décès de mon mari. Je souhaiterais beaucoup que personne n’ y fasse allusion !
Je ne voulais pas avoir à subir les mines compatissantes, ni entendre des condoléances. J’ai toujours tenu à séparer nettement ma vie professionnelle de ma vie privée.
J’arrivai donc à l’école avec une petite demi-heure de retard. J’entrai dans la salle de réunion, fit un petit signe de la main pour saluer tout le monde et ce fut tout. Seule une collègue, à la pause, vint me présenter ses condoléances devant tous les autres. Il me fallut beaucoup de force pour ne pas éclater en sanglot à ce moment-là.
Une chose est certaine : c’était la première fois que je n’éprouvais aucun plaisir à aller au travail Il me semblait avoir perdu toute envie.
Finalement, l’année scolaire se déroula de façon plutôt agréable : j’avais 11 élèves, 5 garçons et 6 filles. C’étaient de gentils gamins, tous d’un niveau scolaire différent. Ce fut la dernière classe de ma carrière car l’année suivante l’inspecteur se trouva dans l’obligation de fermer cette classe de perfectionnement qui restait encore la seule et unique du département. Mais j’y reviendrai ultérieurement.
11 septembre 2001 : il devait être environ 17h lorsque je rentrai de l’école. Je me prépare alors un goûter-dînatoire ( petites biscottes suédoises avec du fromage) et j’allume la télé. Tout d’abord, en voyant les premières images, je pense qu’il s’agit d’un film à sensation comme on en voit parfois. Il me faut quelques minutes pour réaliser qu’il ne s’agit pas d’une fiction mais bien de la réalité ! L’avion qui vient percuter la tour, puis un peu plus tard, les gens qui se jettent dans le vide. C’est l’attentat du World Trade Center ! Cela semble totalement surréaliste et pourtant cela vient d’avoir lieu.
Dimanche 23 septembre 2001 : avec Peggy, nous allons visiter le Festival des jardins à Chaumont-sur-Loire.
Vacances de la Toussaint 2001 : je pars passer trois jours dans le sud de la France. Durant ce petit périple, je visite Nîmes, les Baux de Provence, le moulin d’Alphonse Daudet à Fontvieille, le pont du Gard, les Saintes-Maries-de-la-Mer. Il fait un temps splendide, on se croirait presque en été !Le matin de mon départ, en chargeant mes bagages, je referme le coffre en laissant mes clés de voiture à l'intérieur ! Me voilà donc coincée pour au moins trois heures, le temps de prévenir un garagiste qui finalement est obligé de fracturer la serrure du coffre. Cet incident m'arrivera une autre fois sur le parking d'un magasin, mais par chance j'étais près de Tours et Peggy put m'apporter la clef de secours.
Pendant ce temps, à Tours, un forcené ouvre le feu dans la rue et tue plusieurs personnes. Il se réfugie ensuite dans le parking du Vinci, place de la gare. C’est là que la police l’intercepte.
Novembre 2001 : l’automne est bien là. Les jours raccourcissent, les arbres ont perdu leurs feuilles et il pleut souvent. Tout est gris autour de moi et mon âme le devient aussi. Je me plais de moins en moins là où j’habite. La maison est bien trop grande pour moi seule. Je décide alors de déménager et pars en quête d’une nouvelle maison à louer. J’en ai marre d’entretenir un trop grand jardin, j’en ai marre aussi du trajet aller-retour pour me rendre à l’école.
Finalement je trouve chaussure à mon pied : une petite résidence est en construction à dix minutes seulement de l’école, dans une rue calme. Je visite l’appartement témoin : il y a trois chambres, un petit bout de jardin (170m2), un garage et tout est de plain-pied. L’idéal en somme pour moi et mes chats. Les maisons seront terminées pour janvier 2002. Je réserve donc sur plan la maison qui possède un arbre et qui a le plus grand jardin. Il me reste deux mois à attendre, deux mois durant lesquels il me faut me débarrasser des deux-tiers de mon mobilier.
L’agent immobilier m’avait donné le plan de la maison ce qui me permet d’envisager le futur agencement. Durant les deux mois suivants, ce fut à la maison un va-et vient incessant d’antiquaires, de brocanteurs qui repartaient à chaque fois avec une partie de mes souvenirs.
Un crève-cœur, mais bon. Il m’était impossible de tout conserver. Il faut savoir tourner la page …
Puis, courant novembre, Peggy me propose de partir passer Noël ailleurs qu’à Tours.
— Et si nous allions une semaine à la Martinique ?
— Waouh, comme tu y vas ! Après tout, pourquoi pas.
— Alors, tu t’occupes des réservations !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je réserve une chambre à l’hôtel « La Pagerie », situé aux Trois Ilets, face à Fort de France.
Et le 22 décembre 2001 …
À suivre
07:21 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
... la suite....
J'adore toujours autant te lire, un croirait lire un livre auto-biographique...
Merci encore une fois et j'attends la suite, comme toujours.
Bises
Écrit par : Christine | vendredi, 22 juillet 2011
@ Christine : je pense que la suite ne saurait tarder ! J'ai récupéré mon disque dur externe (enfin un nouveau) avec toutes mes données. Et d'un autre côté je commence à m'épuiser sur Cityville !
Écrit par : tinou | vendredi, 22 juillet 2011
Voilà une bonne chose, tu vas pouvoir nous mettre plein de photos !
J'espère que ton problème de disque dur externe n'était pas trop grave...
Pour ce qui est de cityville, je me suis épuisée depuis quelques temps déjà. Enfin le jeu m'a épuisée ou j'en ai fait le tour, je ne sais pas trop.
Écrit par : christine | samedi, 23 juillet 2011
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