dimanche, 29 janvier 2012
23. La maison de mon enfance -2-
En 1944 mon père s’engagea dans la marine afin d’éviter le STO. Après une année passée au camp de Mimizan dans les Landes, il embarque fin 1945 à bord du Jules Verne, ancien navire-amiral de la 2e flottille de sous-marins transformé en août 1945 en navire atelier léger pour l’Indochine.
De ce voyage dans des pays lointains, il rapportera une foule d’anecdotes qui éveillèrent très certainement en moi l’envie de voyager plus tard comme lui vers d’autres horizons.
Il revint en juillet 1947 et épousa ma mère en avril de l’année suivante. Puis, un beau matin de mars 1949, je fis mon apparition.
Mon père travaillait dans une entreprise qui fabriquait des machines à coudre à Vernou. Une estafette le prenait chaque matin et le raccompagnait le soir. Quant à ma mère, ma pauvre mère, elle quitta son emploi de secrétaire pour celui de serveuse au service de mes grands-parents. Il était évident qu’elle n’était pas faite pour ce métier, mais elle était tellement amoureuse de mon père !
Évoquer le souvenir de ma mère reste toujours pour moi extrêmement douloureux, même après toutes ces années. Je n’ai pas su comprendre sa souffrance quand il était encore temps.
Je grandis donc, entourée des mes parents et mes grands-parents dans cette grande maison de deux étages. Une enfance très solitaire…
En mai 1960 mon grand-père décéda et mon père quitta son emploi pour reprendre la succession du café. En 1964 il entama des travaux de rénovation et acheta la maison.
Bien souvent, je mettais la main à la pâte quand ma mère était souffrante. Ainsi, je faisais l’ouverture du café le matin à 6h, avec mon père ou bien, après la fermeture, je balayais la salle du café au sol jonché de mégots. C’est sans doute de cette période que m’est venue l’habitude d’être matinale.
Je garde néanmoins un bon souvenir de cette époque de ma vie qui m’a permis de côtoyer toutes les classes sociales, du simple ouvrier au directeur, en passant par les employés de bureau, les cadres, les marchands de bestiaux, les bouchers, les éboueurs, les gaziers, les plombiers zingueurs, les métallos, les retraités souvent grincheux, les étudiants en médecine, leurs professeurs, les piliers de comptoir, j’en passe et des meilleurs probablement.
Les premiers pas de Peggy se firent dans la cour de la maison :
En 1975 tout s’arrête alors. Mon père vend le fond de commerce. À sa mort, en 1999, j’hérite donc de la maison.
Ce n’est pas à vous qui êtes certainement propriétaires de votre demeure que j’apprendrai qu’une maison, ça se bichonne, d’autant plus qu’elle est ancienne. Or pour cela, il faut de l’argent et moi, cigale sur terre, je n’en ai pas. C’est la raison qui m’amène donc à me séparer de ce bien.
Il y a quelques mois, j’ai fait le tour du propriétaire des lieux. Je n’y étais pas retournée depuis 1975 et ce fut un véritable choc de revoir l’endroit où j’avais grandi. Tout avait été modifié, embelli certes, mais je ne retrouvais plus mes repères.
Oui, il est temps, grand temps de tourner la page … sans regrets … ou si peu ! Les murs raconteront désormais une nouvelle histoire.
04:24 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
La maison était en location ?
J'ai d'abord pensé à la lecture du premier chapitre que tu avais tort de te séparer de la maison de tes ancêtres mais maintenant, je comprends.
Il faut se dire que les lieux continuent sans nous, et qu'ils sont le berceau des générations à venir.
Écrit par : Cigale | dimanche, 29 janvier 2012
@ Cigale : oui, au départ mes grands-parents étaient simplement locataires. Une maison ancienne revient très cher si l'on veut l'entretenir correctement.Dans les prochaines années, j'aurais dû faire face à des travaux coûteux. Si j'avais habité les lieux, peut-être l'aurais-je gardée. J'ai bien sûr demandé à ma fille ce qu'elle en pensait et elle est d'accord avec moi. Donc, pas de regret ...
Écrit par : tinou | dimanche, 29 janvier 2012
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