vendredi, 23 novembre 2012
269. Quand la réalité rejoint la fiction
Un jour deux pèlerins sur le sable rencontrent
Une huître que le flot y venait d’apporter :
Ils l’avalent des yeux, du doigt ils se la montrent
A l’égard de la dent il fallut contester.
L’un se baissait déjà pour amasser la proie ;
L’autre le pousse et dit : Il est bon de savoir
Qui de nous en aura la joie.
Celui qui le premier a pu l’apercevoir
En sera le gobeur, l’autre le verra faire. —
Si par là l’on juge l’affaire,
Reprit son compagnon, j’ai l’œil bon, Dieu merci. —
Je ne l’ai pas mauvais aussi,
Dit l’autre ; et je l’ai vue avant vous, sur ma vie. —
Eh bien, vous l’avez vue ; et moi, je l’ai sentie !
Pendant tout ce bel incident,
Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge.
Perrin, fort gravement, ouvre l’huître et la gruge,
Nos deux messieurs le regardant.
Ce repas fait, il dit d’un ton de président :
Tenez, la Cour vous donne à chacun une écaille
Sans dépens ; et qu’en paix chacun chez soi s’en aille.
Mettez ce qu’il en coûte à plaider aujourd’hui ;
Comptez ce qu’il en reste à beaucoup de familles
Vous verrez que Perrin tire l’argent à lui,
Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles. [ expression proverbiale signifiant qu’il ne laisse rien]
Jean de La Fontaine, L’huître et les plaideurs, Livre IX, fable VIII.
Dans le rôle des plaideurs :
Dans le rôle du juge :
Amusant, non ?
18:21 Publié dans Evènementiels | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : élections, ump, copé, fillon, juppé
Commentaires
Bien vu ! Ce à quoi j'ajouterai : "l'homme politique pense à la prochaine élection, l'homme d'état à la prochaine génération" (Churchill)
Écrit par : catherine | mardi, 27 novembre 2012
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