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dimanche, 26 mai 2013

88. Carnet de voyage en Ukraine -7-

podcast

Voici quelques poèmes écrits par Tarass Chevtchenko :

 

LA CHANSON DU DNIEPR

 

Le large Dniepr mugit et gronde

Sur lui hurle un vent de damné

Il tord les grands saules inclinés

Soulève des montagnes d’onde.

 

La lune sort de son nuage

Et, comme une barque argentée

S’enfonce dans la mer bleutée,

Elle émerge, pâle, et surnage.

 

Les coqs n’ont pas chanté : À peine

Un ou deux bruits, tout dort. Parfois,

Les hulottes crient dans le bois

De temps en temps grince le frêne.

 

LE SOIR

 

C’est la maison que les cerisiers environnent.

Autour des cerisiers les hannetons bourdonnent,

Les hommes du labour reviennent peu à peu ;

Et les filles en chœur chantent et papillonnent,

Cependant que la mère attend devant le feu.

 

Dniep1r 234a.jpg

La famille est déjà réunie, elle dîne,

L’étoile du berger au levant s’illumine.

Une des filles sert la soupe et puis le pain,

La mère va prêcher la pieuse doctrine,

La voix du rossignol la fait taire soudain.

 

Les tout petits enfants ont sommeil, et la mère

Les couche doucement dans la nuit presque claire.

Et s’endort elle-même à côté d’un berceau

Et seuls restent encore sonores, sur la terre,

Des filles, les chansons et le chant de l’oiseau.

 

SI VOUS SAVIEZ …

 

Si vous saviez mes beaux messieurs,

Si vous saviez combien l’on pleure,

Vous cesseriez vos chants, vos chœurs

Et vos louanges au bon Dieu !

 Dniep1r 223.JPG

Je ne sais pas pourquoi l’on dit

Que c’est ici le paradis

Je refuse ce nom pour toi,

Chaumière dans le petit bois !

Il n’est pas de maux, de misère

Qu’on n’ait connu dans ma chaumière.

Dans ce bosquet tranquille et calme

J’ai versé mes premières larmes !

 

Sur les bords de l’étang limpide

J’vois le petit bois qui s’incline.

Tranquilles, les saules se penchent

Vers l’eau claire et baignent leurs branches.

 

C’est ici que mourut ma mère …

J’étais serf, tout comme mes frères.

J’ai connu l’enfer, l’esclavage

O, chaumière au bout du village !

 

Partout des pleurs, du sang partout.

O, Dieu, te moques-tu de nous ?

Il n’est rien de sacré sur terre !

Des hommes t’ont renié, que faire ?

 

Dniep1r 226a.jpg

 

Autoportrait du poète écrivant le poème suivant :

LE TESTAMENT

Quand je mourrai, enterrez-moi

Au milieu de nos plaines,

Sur un tertre au milieu des steppes

De ma si douce Ukraine,

Pour que je voie les champs immenses,

Les rives escarpées,

Que je puisse entendre le Dniepr

Mugir à mon côté.

Quand le fleuve, loin de l’Ukraine,

Dans la mer bleue profonde

Versera le sang ennemi,

Je quitterai ce monde,

Champs et collines …Volerai

Au royaume de Dieu

Pour prier … Mais en attendant

Je ne connais pas Dieu.

Enterrez-moi et dressez-vous,

Brisez les fers maudits,

Arrosez votre liberté

Du sang de l’ennemi !

Et que dans la grande famille,

Délivrée de ses chaînes,

Avec des mots doux et paisibles

 De moi l’on se souvienne.

Autoportrait, 1860 :

 

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