samedi, 30 août 2008
Quand nos origines nous rattrapent
Nous sommes en 1481. Louis XI règne encore en maître sur le royaume de France. A cette même époque, sur la commune de Gargilesse, dans le Berry, vivait une famille noble, la famille d’ARGIER (orthographiée DARGE également à cette date). Les hommes de cette famille portaient le titre d’écuyers, ils possèdaient des terres et leur blason est : « D’argent à trois tourteaux de gueules, posés deux en chef et un en pointe ».
Si le prénom du père reste incertain et le nom de la mère inconnu, il n’en reste pas moins que l’on trouve deux frères de cette famille.
Le premier Gilbert d’Argier, écuyer, se mariera avec Antoinette Douceron et formera la branche de Saint-Plantaire.
Le second qui nous intéresse dans le cas présent, s’appelle Jean d’Argier. Il est écuyer, seigneur de Praucet. Le 7 mars 1501 il épouse Catherine de Sallignac, sur laquelle je ne possède aucun renseignement. Le couple aura au moins trois enfants dont François qui suit :
François d’Argier, écuyer, seigneur de la Grange et de Praucet.
Le 25 mars 1532 il céda tous les droits qu’il avait sur la terre de Praucet dans un acte. En 1540 il fit aveu d’un terrage à Gargilesse.
Il épousa Catherine Thuillier avec laquelle il eut au moins deux enfants, dont Jean qui suit :
Jean d’Argier, écuyer, seigneur de La Grange et (du chef de sa femme) de la Ridelière.
Le 5 juin 1565 il rendit foi et hommage au seigneur de Villentrois. En 1568, on le retrouve homme d’armes dans la Compagnie du duc d’Anjou. On peut supposer qu’il participa aux combats qui opposaient à cette époque de l’histoire de France les catholiques et les protestants. On n’a pas la date précise de sa mort. Elle se situe entre le 3 juillet et le 27 août 1576.
Il s’était marié le 12 mars 1564 avec Louise de Vauclerc, dame de la Ridelière et fille de François, écuyer, seigneur de la Ridelière. Le couple aura au moins deux fils ( les filles sont des fois oubliées !) dont Louis qui suit :
Louis d’Argier, écuyer, seigneur de la Ridelière et de la Grange.
A la mort de son père, en 1576, il fut mis sous la tutelle d’Antoine de Saray, seigneur dudit lieu.
Il épousa Lucrèce Martin le 11 février 1589. Elle était veuve de René de Muzard et fille de Pierre (écuyer, seigneur de Baigneux) et de Catherine Brachet. D’où Louis qui suit :
Louis d’Argier, deuxième du nom, écuyer, seigneur de la Ridelière et autres lieux.
Le 24 mars 1605 il fit foi et hommage de sa terre de la Ridelière. Il décéda avant le 2 février 1665. Il avait épousé en premières noces Charlotte de Miray. A la mort de cette dernière, il s’était remarié avec Renée Duchesne qui était veuve de Claude de Miray, le frère de Charlotte. Ça va ? Vous suivez ?
Du premier mariage il y eut trois fils, dont Claude qui suit :
Claude d’Argier, écuyer, seigneur de la Ridelière et (du chef de sa femme) des Augis.
Le 4 septembre 1628 il épousa Marie de Martin, dame des Augis, qui est probablement la fille d’Hercule et de Françoise de Crécy.
Claude d’Argier mourut le 26 mai 1662. Son épouse, devenue veuve, fit ses preuves de noblesse à l’Intendance de Bourges le 22 juin 1669 et elle testa le 26 mai 1681.
Là les registres paroissiaux deviennent des sources intéressantes car on commence à y trouver les actes de naissances, mariages et sépultures. Ainsi on peut trouver huit actes de naissance d’enfants du couple à Lye ou Villentrois ( dans l’Indre).
Sur les huit, intéressons-nous plus particulièrement à Marie et Antoine. Vous comprendrez ultérieurement pourquoi.
Marie d’Argier
Si la date de son baptême reste encore inconnue, on sait par contre qu’elle se maria le 5 juin 1668 avec Jacques Droulin, marchand apothicaire.
Les Droulin était une famille protestante bien implantée dans cette région de Villentrois et de Valençay.
Lorsqu’en 1685 eut lieu la Révocation de l’Edit de Nantes, ils choisirent de ne pas s’expatrier comme beaucoup le firent et ils abjurèrent leur religion. Cela a dû être particulièrement difficile.
Laissons Marie un moment et occupons-nous de son frère, Antoine.
Antoine d’Argier, écuyer, seigneur de Bellebat, de la Touche, des Augis, de la Charlottière etc.
Il est né le 8 décembre 1634. Il demeurait à Villentrois.
En 1678, il épousa Françoise Gilles, fille d’Hippolyte (écuyer, seigneur de la Charlottière) et de Marie de Boutillon.
Antoine décéda le 9 novembre 1700 à Loché-sur-Indrois (situé en Indre et Loire maintenant).
Le couple eut au moins quatre enfants, dont François qui suit :
François d’Argier, second du nom, écuyer, seigneur de Bellebat,de la Touche, d’Avranches.
Il naquit à Villentrois le 13 novembre 1681 et décéda à Loché le 30 mai 1748.
Le 28 janvier 1704, il avait épousé Louise Besnard, fille de Jean Besnard, sergentier à Coulangé et d’Elisabeth Nolleau.
Devenu veuf, il se remaria le 22 octobre 1738 avec une veuve, Madeleine Garnier.
De son premier mariage, il y eut au moins sept enfants. Parmi ces enfants, citons Louis, le troisième du nom, né à Loché le 5 décembre 1713. Il semble qu’il fut le dernier représentant mâle de cette famille. Son histoire n’a rien de très valeureux. D’après les renseignements trouvés,on le trouve domestique chez un laboureur de Loché, un certain Huguet (1728), ensuite domestique encore au prieuré de Villiers ( février 1729) à Coulangé. On le retrouve ensuite dans l’armée : dragon à Nantes, puis maréchal des Logis (1740).
Et puis la Révolution passe par là. En 1793, il fut contraint de livrer ses titres de noblesse à la municipalité de Loché-sur-Indrois qui les fit brûler solennellement le 20 décembre de la même année.
Louis avait une sœur, Louise d’Argier.
Louise est née à Loché le 30 juillet 1707. Elle se marie le 4 mars 1726 avec Louis Lézé, marchand drapier à Coulangé, fils d’Antoine Lézé, huissier royal, et d’Antoinette Bourreau.
En 1740, elle se remarie avec Gilles Marteau, meunier du moulin de Coulangé.
Louise décéde à Coulangé le 9 avril 1749.
C’en est fini de la famille d’Argier. Changeons maintenant de lieu et d’époque : nous sommes à Tours en 1971.
Melle D. est étudiante à la faculté de Lettres. Elle habite toujours chez ses parents qui tiennent un café-tabac-journaux dans un quartier populaire de la ville. Quand elle s’ennuie, Melle D. aime bien se mettre à la caisse et observer les clients. Il y a toutes les couches sociales qui se côtoient dans ce café. Cela va de l’éboueur, en passant par le cadre supérieur, le professeur de cardiologie de l’hôpital tout proche, les étudiants en médecine, les ouvriers des usines avoisinantes, les retraités qui passent leur journée devant un p’tit blanc et qui refont le monde. Bref, de quoi vagabonder dans les rêveries …Puis un jour de 1971, c’était- pour être précise- en septembre, le regard de Melle D. se posa sur un client bien déterminé. Elle l’avait déjà remarqué une ou deux fois dans la salle du café quelques mois auparavant, mais sans plus. Il ne venait pas régulièrement, mais à chaque fois il était toujours accompagné du même homme, de son âge semblait-il, et ils restaient là à parler durant plusieurs heures parfois. Or, bizarrement, leur présence se fit plus ponctuelle et Melle D., comme par hasard se montra de plus en plus derrière la caisse. En fine observatrice, elle avait noté la prestance, le charme de ce client. Elle l’imaginait médecin à l’hôpital ou encore chercheur. Autant son ami semblait négligé, autant lui était d’une classe folle, surprenante à trouver dans ce lieu.
A force de lorgner vers la table où se mettaient très souvent ces deux clients, le regard de Melle D. croisa celui de Mr L. Et ce jour-là il y eut comme un brutal arrêt du temps… C’est ce qu’on appelle communément un coup de foudre ! Ça vous tombe dessus sans qu’on s’y attende !
Si l’on revient maintenant au début de cette longue et fastidieuse note ( je le suppose ), il est intéressant de noter que Melle D. descend de la petite Louise d’Argier (en vert au-dessus). Jusque là rien que de très banal.
Mais où l’affaire devient curieuse et amusante aussi, c’est que Mr L. est le descendant de la petite Marie d’Argier, celle qui épousa un protestant.
Ainsi donc, ces deux-là étaient issus de la même famille, ils avaient un lointain cousinage et pas n’importe lequel, une famille avec une vraie noblesse d’armes remontant probablement à la fin du Moyen Age.
Est-ce suffisant pour essayer d’expliquer leur parfaite osmose dans la vie ? Je n’en sais rien, toujours est-il qu’ils avaient énormément de points en commun. Ils ? Eh bien c’est moi et mon mari.
J’ai découvert cette parenté un jour, tout à fait par hasard, en remontant une branche de ma famille originaire de Coulangé. Quand je suis rentrée le soir à la maison, j’étais tout émoustillée par ma découverte. Je fus bien la seule d’ailleurs car quand j’ai annoncé fièrement à mon mari : « nous sommes cousins à la 19ème génération », il m’a rétorqué, impassible :
« Ah bon ? Au fait, as-tu pensé à acheter le pain ? »
18:17 Publié dans Généalogie | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
bonjour,
c'est avec plaisir que je me rends conte que le feeling peut souvent aider en généalogie en rencontrant une personne qui ne vous est pas inconnue. C'est la mémoire du temps....... Alors j'ai sous les yeux, un acte de mariage d'un ançêtre par alliance Jean Nicolas Engler qui avait pour témoin, Lucie Pondre veuve de feu Robort Argier de la dite Houve en date du 5 juillet 1765 (Lorraine) et plus exactement à Creutzwald.Cordialement à vous, Keatel de Strasbourg
Écrit par : leclercq catherine | jeudi, 18 août 2011
bonjour,
c'est avec plaisir que je me rends conte que le feeling peut souvent aider en généalogie en rencontrant une personne qui ne vous est pas inconnue. C'est la mémoire du temps....... Alors j'ai sous les yeux, un acte de mariage d'un ançêtre par alliance Jean Nicolas Engler qui avait pour témoin, Lucie Pondre veuve de feu Robort Argier de la dite Houve en date du 5 juillet 1765 (Lorraine) et plus exactement à Creutzwald.Cordialement à vous, Keatel de Strasbourg
Écrit par : leclercq catherine | jeudi, 18 août 2011
Bonjour Madame,
j'ai 66 ans (bientôt) et la grand mère de ma mère était une DROULIN, Louise Estelle, le père de Louise était Jules DROULIN et l'arrière grand père Alexandre Joseph marié à VERLAN J. DUPONCEST T. et M.LIGNIER. j'ai connu mon arrière grand mère puisqu'elle est décédée en 1957 J'avais 10 ans.
De Villentrois et Valencay Alexandre Joseph est venu avec ses deux fils vivre à Paris et y décéder.
Je suis remontée jusqu'à Marie d'ARGIER, je voulais savoir si vous me permettiez de déposer sur généanet l'ascendance de Marie d'Argier ??
J'ai déposé une photo de Louise Estelle DROULIN.
Merci de votre attention. A bientôt de vous lire. Evelyne DUBOIS
Écrit par : DUBOIS | mercredi, 20 novembre 2013
@ DUBOIS : Bonjour cousine ! Oui bien sûr, mettez votre ascendance sur geneanet, cela profitera aux généalogistes. Si cela vous intéresse, j'ai un dossier complet sur la famille DROULIN. Je peux vous l'envoyer en fichier joint. Donnez-moi votre adresse mail à :
tinoulamutti@aol.com
Au plaisir de vous lire !
Écrit par : tinou | jeudi, 21 novembre 2013
bonjour, je n'avais pas vu que vous m'aviez répondu en octobre 2013, veuillez m'en excuser, depuis un an je galère sur nos ancêtres Nobles d'ARGIER/DE MARTIN/DE SALIGNAC/DE CRECY j'ai trouvé quelques actes.
J'ai beaucoup bûché trouvé des choses intéressantes, mais j'ai du mal à trouver avec actes à l'appui les parents des épouses des D'ARGIER.
Si vous me lisez, envoyez moi un mail, je vous donnerai mon adresse pour l'envoi des dossiers DROULIN, et bien entendu je vous indemniserai des frais de port
Encore merci de votre attention.
Écrit par : DUBOIS | jeudi, 16 octobre 2014
@ DUBOIS : c'est pas de chance car la semaine dernière j'ai fait du rangement et dans le coup j'ai mis toutes mes archives généalogiques à la poubelle ! Plus de soixante gros classeurs remplis de notes prises à la main ... Que voulez-vous,je n'ai pas de petits enfants à qui j'aurais pu passer le virus de la recherche et ma fille s'en fiche totalement. Quant à moi, après plus de 25 ans de recherche, j'estime que j'en sais assez sur mes ancêtres. J'ai simplement conservé une trace écrite des ancêtres directs. Voici mon adresse mail :
tinoulamutti@aol.com
Écrit par : tinou | jeudi, 16 octobre 2014
bONJOUR,
je n'avais pas vu votre réponse, et je tentais vainement de vous joindre par ailleurs, quel dommage d'avoir supprimé ce travail, il y a toujours un jour où quelqu'un se réveille, j'aurais aimé pouvoir discuter avec vous... mais ... si vous le souhaitez faites moi signe je prendrai contact.
Si le virus vous reprend (ça ne s'éteint jamais) si vous avez une idée pour orienter ma recherche sur les contrats de mariage des épouses d'Argier, car il y a tellement de contradiction de part et d'autre que je ne voudrais pas partir sur de mauvaises bases.
Si le coeur vous en dit, faites moi signe, je vous souhaite un bon week end. A bientôt j'espère. Et encore merci pour votre attention.
Écrit par : dubois | mardi, 11 novembre 2014
@ dubois : j'ai reçu cette semaine un mail d'un correspondant qui m'envoie la photo du livre d'heures de Claude d'Argier, fils de Louis, qui se trouve au musée Dobrée à Nantes.Je peux vous en envoyer une copie.
Voici le blog de ce correspondant :
http://blog.pecia.fr
Écrit par : tinou | mardi, 11 novembre 2014
bonjour,
en effet ce n'est pas de chance j'ai essayé de vous joindre souvent en vain, si vous voulez que nous en discutions je peux vous contacter. J'ai tant de mal à trouver des confirmations pour les épouses de mes d'ARGIER....
Si vous me lisez dîtes moi si nous pouvons avoir un petit moment pour en discuter.
Merci de votre attention. Cordialement.
Écrit par : dubois | mardi, 11 novembre 2014
Je vous remercie mais en effet j'ai aussi vu que nous étions citée toutes les deux et j'ai mis sur généanet les actes de naissance des enfants de Charlotte de Miray Claude et Charles D'ARGIER nés respectivement en 1606 ET 1606;
si vous voulez les consulter sur le MUSEE DOBREE, choisir Nantes, allez à BVMM , choisir MS 009, et lorsque vous êtes sur le document en page 2 , la signature de Charlotte, et vers la page 30/32 il y a les deux actes de naissances des enfants, c'est un livre Magnifique.
J'ai pris contact avec la personne qui a fait le blog.
Merci encore. Bonne soirée.
Écrit par : dubois | mardi, 11 novembre 2014
Les commentaires sont fermés.