samedi, 06 décembre 2008
En partance (fin)
Je suis cuistot et je cherche justement un job en ce moment !
Le marin à qui il s’adressait le dévisagea un instant puis répondit :
C’est peut-être la chance de ta vie. On doit lever l’ancre d’ici peu de temps et il nous faut absolument trouver quelqu’un. Suis-moi, on va aller voir le commandant.
Et les deux hommes s’engagent rapidement sur la passerelle du bateau tandis que les badauds s’éparpillent peu à peu sur le quai.
Le commandant du porte-containers finissait de discuter avec les policiers. Il était passablement irrité par cet imprévu qui risquait de retarder le départ. Il n’avait pas besoin de ça, c’était déjà suffisamment difficile de faire régner l’ordre à bord avec un équipage hétéroclite, composé d’Indiens et d’Indonésiens qui à la moindre occasion se tapaient dessus comme des chiffonniers.
Quand son second lui présenta enfin Marc, il se dit que c’était une aubaine tombée du ciel.
OK mon gars, tes papiers sont en règle. Je te prends à l’essai. Il te reste une heure avant que nous levions l’ancre. Sois là car nous ne t’attendrons pas !
Marc était fou de joie mais il se retint de le montrer. Ce n’est qu’en dévalant la passerelle qu’il laissa son bonheur exploser. Il s’élança sur le quai, il ne marchait pas, il courait, il sautait, il volait, il virevoltait, il filait vers la pension, la tête pleine d’images de bateaux, de mer, de paysages lointains. Il ne vit pas…
Trou noir. Marc ne voit rien, il entend confusément des voix qui parlent autour de lui. Il n’a pas mal, non, il ne sent rien. Il revoit le visage de sa mère.
T’es là maman ? Tu diras à Pedro que j’ai réussi ! Dans quelques semaines, je serai à Valparaiso. Valparai…so, Val…pa…
L’infirmier lui ferme les paupières en soupirant.
Tu peux ralentir, c’est trop tard pour lui ! dit-il alors au chauffeur de l’ambulance.
Sur le quai, la foule des badauds s’est de nouveau agglutinée autour du camion à l’arrêt. Les policiers prennent la déposition du chauffeur qui, très agité, explique :
Je n’ai rien pu faire, il s’est carrément jeté sous mes roues ! Pourtant j’ai klaxonné, mais c’est à croire qu’il était sourd.
A bord du bateau, le commandant fou de colère donna l’ordre d’appareiller.
Au moment où l’ambulance arrivait à l’hôpital, le bateau quittait le port de Barcelone.
FIN
08:19 Publié dans Petites nouvelles de rien du tout | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
A quand un recueil de nouvelles édité ? Petites histoires et beaucoup d'émotions !
Écrit par : catherine | samedi, 06 décembre 2008
Ah merci pour ton commentaire ! Cela me donne l'envie de continuer.
Bon dimanche Catherine.
Écrit par : tinou | dimanche, 07 décembre 2008
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