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dimanche, 29 novembre 2009

430. Célestine Chardon -9-

                    LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 9 : un dimanche mouvementé.

podcast
Pendant ce temps, à Tours, Célestine se préparait pour se rendre au rendez-vous fixé à onze heures et où elle devait faire connaissance des membres de l'association "Loisirs en Touraine". Elle n'avait pas le cœur à ça, trop préoccupée par l'absence prolongée et inexpliquée de son chat. Avant de quitter l'immeuble, elle alla frapper à la porte de chez Lucie pour l'informer de cette disparition.

— Si des fois tu le voyais, prends-le chez toi en attendant mon retour ! dit-elle à son amie.

— Ne t'inquiète pas Célie, ce n'est pas la première fois qu'il fugue, il aura trouvé une copine dans le coin ! rajouta Lucie en riant.

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Le rendez-vous était place Jean Jaurès au Continental. Quand Célestine arriva, il y avait déjà une vingtaine de personnes en train de se congratuler et de bavarder assez bruyamment. Béatrice, la directrice de l'association vint au devant de Célestine et la pria de se joindre aux autres en faisant brièvement les présentations.

— Chut.... Un peu de silence, s'il vous plaît ! Merci bien. Je vous présente une nouvelle adhérente, Célestine et je ne doute pas que vous l'accueillerez chaleureusement !

Tous les regards se tournent alors vers Célestine qui se sent d'un coup fort mal à l'aise. Les femmes présentes sont majoritairement des trentenaires, les hommes itou et elle se trouve alors bien âgée. Elle cherche du regard les rares présents qui sont dans sa tranche d'âge. Ouf, elle aperçoit en arrière-plan un petit groupe d'hommes et de femmes qui sont de sa génération. Elle les rejoint donc. Il y a là trois femmes et deux hommes en grande discussion à propos de leurs prochaines destinations de voyage.

Puis tous passent bientôt à table. Les quinquagénaires se regroupent, Célestine laisse les gens prendre place et un des hommes du groupe lui propose alors de venir se mettre à côté de lui.

— Nous pourrons ainsi faire plus ample connaissance, dit-il en avançant la chaise au moment où Célestine s'asseyait. Je m'appelle Alain. Vous c'est Célestine je crois ...Un bien joli prénom pour une femme qui a de si beaux yeux verts!

Il n'est pas très grand, assez rond et semble surtout très bavard. Il engage tout de suite la conversation et au bout d'une demi-heure a fait le tour complet de sa vie. Il est divorcé depuis peu, ayant eu deux enfants. Une enfance dorée passée à l’étranger avec des parents diplomates, un retour en France, une scolarité débridée puis l'opportunité d'entrer dans une grande société de commerce où il exercera des responsabilités importantes. Une vie professionnelle particulièrement stressante qui l'amène à faire un infarctus, puis la dégringolade... Le chômage, la rupture familiale. Actuellement il avait retrouvé un bon job à Paris. 

— J'ai pris un appartement tout près de la gare pour des raisons de commodité. J'ai une vie qui me laisse peu de temps pour les loisirs. Je pars le matin à six heures et je ne rentre à Tours que le soir vers vingt heures trente. Ces rencontres du week-end me permettent de m'évader un peu...Mais je parle, je parle ! Et vous, Célestine, que faites-vous dans la vie, allez racontez-moi un peu, j'ai envie de mieux connaître qui se cache derrière ce regard si envoûtant !

— Regard envoûtant, vous ne croyez pas que vous en rajoutez un peu trop, non ? Bof, ma vie est un long fleuve tranquille. Je vis seule avec mon chat. Je suis à la retraite depuis un jour seulement. Auparavant je travaillais comme vendeuse aux Galeries Lafayette.

— Tu permets que je te tutoie ? Ici, c'est la règle. Tiens je propose qu'on porte un toast à ta venue parmi nous !

Et, le verre à la main, il se tourne vers les autres tables en disant:

— Mes amis, je vous invite à lever vos verres et à trinquer avec moi en l'honneur de notre nouvelle amie ici présente !

— A Célestine !  répondirent en chœur les autres convives.

Après le repas, une balade digestive et culturelle à la fois se déroule dans le quartier de la cathédrale Saint Gatien.

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Alain ne quitte pas Célestine d'un pouce, il la saoule complètement avec ses bavardages à un point tel qu'elle a oublié ses préoccupations matinales. Vers dix-sept heures quelques personnes viennent à partir. Elle voit là l'occasion rêvée de quitter tout ce petit monde. Elle prétexte alors une visite à rendre à une parente hospitalisée pour mieux s'éclipser. Alain parait déçu. 

— Tu nous quittes déjà ? C'est dommage, j'aurais bien aimé te montrer mon appartement, c'est juste à côté. Peut-être accepterais-tu de me donner ton numéro de portable afin que l’on reste en relation ? J'aimerais bien encore discuter avec toi.

— Oui, si tu veux, tu as de quoi noter ?

Il sort un petit agenda et y inscrit le numéro. Puis il embrasse Célestine en lui pressant légèrement le bras.

Ouf ! Enfin seule...

Célestine n'a jamais apprécié les réunions de plus de six personnes. Au delà de ce nombre, cela devient confus, tout le monde parle en même temps et il y en a toujours un ou deux qui veulent se faire remarquer en monopolisant la parole. Alain a l'air gentil, il a même réussi à la faire rire, ce qui est rare. Il ne lui plait pas physiquement mais il a un côté gamin et une telle spontanéité que cela le rend sympathique. Oui, elle aimerait quand même bien le revoir. 

C'est en tournant le coin de la rue qu'elle repense subitement à Théo. Elle presse le pas. Par chance Julie est chez elle:

— Hélas, je ne l'ai pas vu ! J'en ai parlé à Olivier pour qu'il se renseigne. Allez rassure-toi Célie, fit-elle en lui tapant amicalement sur l'épaule, ton Théo connaît bien sa maison et il ne s'est jamais perdu.

Célestine monte lentement l'escalier vers le troisième étage tout en imaginant le pire. Au moment où elle atteint le palier du deuxième il lui semble entendre comme un léger miaulement. Surprise, elle se retourne en regardant dans l'escalier. Non, il n'y a rien. Le miaulement se reproduit, plus perceptible cette fois. On dirait qu'il provient de l'intérieur de l'appartement. Elle s'approche de la porte et colle son oreille sur le bois... Oui, c'est bien ça ! C'est la voix de Théo qu'elle entend. Pas de doute possible, son chat est bien là, enfermé à l'intérieur de l’appartement.

Elle s'accroupit et appelle sous la porte: Théo ! Théo !

Aussitôt un miaulement lui répond. Célestine se redresse. Elle est à la fois soulagée de le savoir vivant mais en même temps paniquée à l'idée qu'il soit prisonnier. Elle redescend l'escalier en quatrième vitesse et frappe chez Lucie.

— Ça y est Lucie, je l'ai retrouvé ! il est enfermé au deuxième chez le peintre. Comment on va faire pour le récupérer ?

Lucie n'entrevoit que deux solutions: soit on a la clé et alors pas de problème, soit on n'a pas la clé et il ne reste plus qu’à forcer la porte.

— Mais personne n'a la clé à part le locataire. Et Marc nous a dit qu'il était parti au Maroc !

— Attends, ne t'affole pas ainsi, rentre et assieds-toi. Je vais téléphoner à Marc et on va trouver une solution. De toute façon ton chat il ne va pas mourir comme ça. C'est résistant les chats, ils peuvent être plusieurs jours sans manger et sans boire, rajoute-t-elle pour essayer de rassurer Célestine.

Par bonheur Marc est chez lui. Malheureusement il ne possède pas de double. Par contre il a le numéro de téléphone du peintre à Marrakech et il veut bien essayer de le contacter.

Marrakech, vingt heures... Ivan est monté sur la terrasse de sa maison. De cet endroit, il peut contempler une partie de la médina et les montagnes qui se profilent dans le lointain. Il vient de mettre une touche finale à son dernier tableau et se dit qu'il n'y a qu'en ce lieu qu'il réussit à peindre bien. Il est heureux, paisible.

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La sonnerie de son portable vient soudain rompre le charme :

— Oui, allo ?

—Monsieur Souborovski ? C’est Marc Legendre de l’agence immobilière de Tours. Nous avons un problème à résoudre.

À suivre

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