lundi, 30 novembre 2009
433. Célestine Chardon -10-
LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON
Chapitre 10 : Célestine récupère son chat.
Marc expose alors brièvement la situation à Ivan : le chat s'est probablement introduit à l'insu de tous dans son appartement au moment de l'emménagement et il s'est retrouvé enfermé. Il faut maintenant trouver une solution pour l'en sortir!
— Vous êtes certain que le chat est bien à l'intérieur ?
— Oui, oui, aucun doute ! C'est le chat de mademoiselle Chardon qui habite juste au-dessus de chez vous. Elle l'a entendu miauler.
Ivan réfléchit quelques instants. La voisine du-dessus, celle qui était penchée à sa fenêtre et qu'il a observé la veille, intrigué par cette apparition. Il lui semblait la connaître, mais à savoir d'où, c'était une toute autre affaire pour lui qui dans sa vie avait toujours été entouré de femmes, celles qu'on aime à vouloir en mourir, celles qu'on désire dans l'espoir de les posséder un jour, celles qu'on affiche à son bras pour se mettre en valeur, celles qu'on baise et qu'on oublie dès le lendemain. Pourquoi avait-il été troublé ainsi en la voyant ? A bien y réfléchir elle n'avait rien de particulièrement remarquable, hormis ce sourire candide et ce regard insistant qu'elle avait posé sur lui.
Il finit par rétorquer:
— Les clés sont avec moi. Vous savez que j'ai récupéré mon appartement pour un certain temps. Je le louerai à nouveau dès que vous m'aurez déniché ce que je cherche. D'autre part, il est hors de question que je rentre à Tours pour un chat ! Certes j'aime les chats, j'en ai un moi-même à Paris...Voilà ce que je vous propose de faire …
Et Ivan d'expliquer à Marc qu'il n'a qu'à faire venir un serrurier ou S.T.P
— Je vous fais confiance pour que la porte soit réparée aussitôt le chat sorti et naturellement vous vous chargez des frais. Vous me rappelez pour me tenir au courant!
— Très bien, monsieur Souborovski, c'est très gentil de votre part de m'autoriser à intervenir chez vous. Ne vous faîtes aucun souci, je serai présent lors de l'ouverture et je vérifierai que tout se passe normalement. C'est mademoiselle Chardon qui va être heureuse car elle était aux quatre cents coups !
— Oui, je peux l'imaginer, fit Ivan se représentant Célestine en larmes, se tirant les cheveux de désespoir et criant à sa fenêtre comme la mère Michel. Il aurait été le père Lustucru dans cette histoire...cela le fit sourire!
Marc s'empressa de rappeler Lucie pour la tenir informée de la réponse et contacta aussitôt S.T.P. Dans l'heure qui suivit la camionnette de dépannage arriva dans la rue endormie.
Le réparateur n'eut aucune peine à ouvrir la porte ; Théo, apeuré par le bruit, était allé se réfugier à l'autre bout de l'appartement et dans la semi-obscurité Célestine eut bien du mal à le voir. L'appartement du peintre avait la même superficie que le sien mais la disposition en était tout autre. Des cloisons avaient été abattues ce qui donnait une impression de grandeur. Il n'y avait plus que deux pièces, le séjour et la chambre, mais le séjour était très vaste. Il y avait des cartons empilés un peu partout sur le plancher, des tableaux étaient posés le long des murs en attente d'être accrochés. Sur une grande table rectangulaire divers objets s'amoncelaient...
Célestine prit Théo dans ses bras et tout en se dirigeant vers la sortie, son regard fut attiré par un cadre posé sur la table. Elle jeta un coup d'œil à la photo et fut alors saisie ! Elle connaissait cette photo, elle l'avait vue si souvent par le passé, elle reconnaissait l'homme et l'enfant qui jouaient sur cette plage.
Elle était toute troublée en sortant et pendant que le réparateur changeait la serrure, elle dit à Marc:
— Comment s'appelle-t-il, ce peintre ?
— Ivan Souborovski, pourquoi ?
— J'ai connu un Léon Souborovski qui habitait ici autrefois, quand je suis arrivée. Tu crois que c'est la même famille ?
Marc hésita puis lui répondit:
— Je ne sais pas, je sais seulement qu'il est propriétaire de cet appartement et qu'il attendait que la locataire s'en aille pour s'y installer.
— Alors, pas de doute, c'est le fils de Léon. Je ne l'ai pas connu, mais son père m'a bien souvent parlé de lui.
C'est Célestine qui régla la facture, la note était salée mais elle était trop contente d'avoir récupéré Théo et trop troublée par la photo pour y prêter la moindre attention.
Ivan était retourné à la contemplation de sa dernière œuvre. Mais ses pensées bientôt le transportèrent à Tours. Il avait hérité de cet appartement à la mort de son père, en 1999. Quand ils étaient arrivés du Maroc, c'est dans cet endroit qu'ils avaient posé leurs valises. C'était en 1955... Il y a si longtemps déjà !
La vie avec son père avait été difficile. Ce dernier ne s'était jamais complètement remis de la mort de sa femme Irena. Il avait trouvé un emploi de contremaître dans une usine de textile à Tours. Mais il était devenu taciturne, irritable.
Ivan, lui, avait poursuivi ses études au lycée Descartes. Son enfance dans le sud marocain avait développé chez lui un goût prononcé pour le dessin et la couleur. Il suivit des cours à l'école des Beaux Arts et en 1968 il fut admis à l'école des Beaux Arts de Paris. Son père n'avait pas accepté ce choix. Selon lui ce n'était pas un métier sérieux et leurs relations devinrent de plus en plus tendues jusqu'à la rupture qui intervint le jour du départ d'Ivan pour Paris. Ce fut la dernière fois qu'Ivan vit son père vivant. Bien souvent il lui téléphona, mais le vieux Léon resta intransigeant.
Célestine savait pourtant combien Léon adorait son fils, elle savait tout de la jeunesse d'Ivan. Que de fois Léon lui avait raconté leur vie là-bas, elle avait l'impression étrange d'y être allée. Et sur la photo de tout à l'heure, elle avait reconnu Ivan et Léon, lors d'un séjour à Mogador.
Tandis que Théo se remettait de ses émotions en dévorant tout le contenu de sa gamelle, Célestine prit son petit carnet pour y noter les évènements de la journée... Quel dimanche ! C'est à cet instant que la sonnerie du téléphone retentit.
— Allo Célestine, c’est Alain. J’espère que ta visite à l’hôpital n’a pas été trop pénible. Es-tu bien rentrée ?
— Bonsoir Alain, merci. Et puis j'ai retrouvé mon chat, alors je suis très contente.
— Tu sais j'ai été ravi de faire ta connaissance et j'apprécierai beaucoup que l'on puisse se revoir. Serais-tu d'accord pour un dîner au restaurant samedi prochain ?
—Euh...oui, pourquoi pas. Attends que je regarde si je n'ai rien de prévu à cette date!
Elle n'avait évidemment rien d'inscrit pour ce jour-là, mais elle voulait faire croire qu'elle était très occupée.
— Non, je n'ai rien de prévu pour l'instant, donc c'est d'accord.
— Ah, je suis très content ! Eh bien, on dit vingt heures devant la gare ?
— Parfait Alain, j'y serai...Ah, au fait, toi qui sais plein de choses, tu connais un peintre du nom de Souborovski ?
— Ah, tu veux sans doute parler du sulfureux Soubo. Il a fait la une des journaux à une époque. Pourquoi me poses-tu cette question ?
— Oh comme ça. Figure-toi qu'il va habiter en-dessous de chez moi. J'ai bien connu son père qui...
Mais Alain n'avait que faire de Souborovski et il l'interrompit:
— Je te quitte car il est presque minuit et demain je me lève à cinq heures ! Bisous Célestine, bonne semaine et à samedi donc.
Presque minuit ? Célestine n'en revenait pas, elle qui d'habitude se couchait vers vingt et une heures. Vite elle se glissa sous la couette et se remémora les instants forts de cette journée:
Il est amusant cet Alain ... Léon Souborovski, ce vieil homme taciturne dont elle s’était occupée quand il était tombé malade… Le regard d’Ivan qui l’avait troublée …
Elle s'endormit bientôt, Théo entre ses bras.
À suivre
05:02 Publié dans Petites nouvelles de rien du tout | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
coucou Tinou merci d'avoir pensé a mon anniversaire
gros bisou on s'en va aujour dhui a center parc
Écrit par : juju | lundi, 30 novembre 2009
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