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jeudi, 10 décembre 2009

451. Célestine Chardon -14-

                         LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 14 : la propriété


podcast

Alain l'avait appelée le soir même au téléphone ; il s'était mis à pleuvoir après son départ et cela n'avait pas cessé de la journée. Quelque part cela la remplit d'aise de savoir qu'il avait passé toute sa journée enfermé dans sa boîte à œufs. Le lendemain dans la journée elle alla chez Lucie. Celle-ci finissait de ranger ses affaires dans la valise car elle partait rejoindre ses parents en vacances dans l'île de Ré.

— Si tu veux, tu peux venir, il y a de la place, et plus on est de fous, plus on rit !

Mais Célestine n'avait pas envie de bouger. Marc Legendre arriva à cet instant, il était dans tous ses états. La veille il s'était fracturé la jambe droite en tombant dans l'escalier et il devait supporter un plâtrage durant un bon mois.

— Ça m'ennuie d'autant plus que je ne peux pas conduire et je ne veux pas repasser l'affaire de la propriété à un collègue. Je venais voir si, à l'occasion, l'une de vous deux ne pourrait pas me servir de chauffeur pour mes visites. Je vous rembourserai bien sûr les frais d'essence et si l'affaire se fait, je saurai m'en souvenir, rajouta t-il d'un air sous-entendu. 

— Moi je ne peux pas, je pars demain matin, répliqua Lucie consternée.

Célestine réfléchit un bref instant. Elle n'avait pas de projet précis en cours et curieuse comme elle était, l'idée de voir de belles propriétés la tenta.

— Ecoute, moi je veux bien, je n'ai aucune obligation particulière en ce moment.

— C'est génial ! cria t-il en lui sautant au cou. Tu me sauves la vie ;  il ne me reste que quinze jours avant le retour de Souborovski et jusqu'ici je n'ai rien trouvé qui correspond à ce qu'il veut. Pierre m'a refilé une liste d'endroits susceptibles de convenir. Parmi tout ça, j'en ai sélectionné deux ou trois. Es-tu libre cet après midi ? On pourrait aller jeter un coup d'œil.

— Pas de problème, dit Célestine, ravie à la fois de servir de chauffeur et d’aller se balader. En plus, Marc était un gentil garçon, plein d'humour, on ne s'ennuyait jamais avec lui. D'ailleurs Célestine ne comprenait pas pourquoi lui et Lucie ... Elle trouvait qu'ils allaient bien ensemble. Mais bon, ce n'était pas ses oignons !

Quand Marc arriva en début d'après midi, il avait avec lui une liste de trois propriétés dans le sud du département.

— Allez Célestine, en route ! direction l'autoroute vers Poitiers, nous sortirons à Sainte Maure.

Durant le trajet Marc lui expliqua ce que recherchait le peintre.

— Il veut quelque chose de grand, de vieux, même si c'est en mauvais état, cela lui importe peu, un endroit retiré de tout, et en plus il lui faut de l'eau à proximité!  

— Eh bien dis-moi, cela ne doit pas être facile à trouver !

— Non, je ne te le fais pas dire, lui répondit Marc.

La première visite fut un échec. Certes, il y avait de quoi faire quelque chose de bien, mais la route passait juste au ras de la porte d'entrée de la propriété et il n'y avait pas d'eau à proximité. La propriété suivante était assez vaste, entourée d'un grand parc, mais elle était située dans un bourg et un lotissement avait été construit le long des murs d'enceinte. Ils reprirent la route. Marc avait une troisième adresse, mais ils arrivèrent trop tard : la propriété avait été vendue un mois auparavant.

— Bon, on va rentrer, fit-il un peu déçu mais en sachant bien toutefois que l'affaire serait difficile.

Ils continuèrent leurs recherches les jours suivants. Chaque soir Célestine recevait un appel d’Alain qui voulait savoir ce qu'elle faisait. Elle ne lui dit pas qu'elle était occupée, elle racontait n'importe quoi, ce qui lui passait par la tête à ce moment-là. Quant à lui, il profitait des brèves éclaircies pour aller piquer une tête dans l'eau, sinon il lisait. Elle savait que le temps sur la côte était particulièrement mauvais, les gens du coin s'en plaignaient aux informations tous les soirs.

La semaine s'écoula. Pierre, entre temps, avait réussi à obtenir de nouvelles adresses et Marc, toujours accompagné de Célestine, avait fait à peu près le tour du département. A chaque fois, il y avait toujours un truc qui clochait : soit c'était trop petit, soit il n'y avait pas d'eau soit... Il commençait à se dire que l'affaire allait lui passer sous le nez, quand, un après midi, en rentrant de Chinon par la nationale qui coupe la forêt domaniale, Célestine lui dit alors:

— Tiens, ça me fait penser que je connaissais  une belle demeure dans le coin autrefois. Tu veux qu'on aille y jeter un coup d'œil ? On ne sait jamais.

— Si tu veux, fait-il démoralisé. Au point où j’en suis.

Célestine quitta la nationale et s'engouffra sur une petite route déserte. On était en plein cœur de la forêt et ça sentait bon la résine. Après quelques kilomètres durant lesquels ils ne croisèrent pas une seule voiture, elle obliqua à droite, sur une petite route où un panneau indiquait que c'était une voie sans issue.

— Tu es sûre de ne pas te tromper ?

— Ne t'inquiète pas, je me souviens bien de l'endroit.

La route descendait légèrement et serpentait. Ils passèrent devant une ou deux fermes. Un peu plus loin dans un champ, des vaches paissaient tranquillement. Certaines étaient couchées à l'ombre sous les arbres. Elles se retournèrent au passage de la petite voiture. Célestine avait ralenti. On apercevait une clairière un peu plus loin.

— Regarde bien, dit-elle alors à Marc, on arrive presque !

La route tourna un peu sur la gauche et bientôt apparut la propriété, celle que Marc pensait ne plus jamais trouver.

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— Hou ah ! s'écria t-il, c'est grandiose!

Elle gara la voiture dans l'herbe, un peu plus loin. Puis ils descendirent et firent le tour de la bâtisse imposante qui se dressait vers le ciel.

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— Oh lala, ça a de la gueule ! fit Marc ébloui.

— Oui, c'est une ancienne abbaye qui est tombée peu à peu à l'abandon. Elle a longtemps servi de grange aux paysans du coin. Viens voir, derrière il y a un étang.

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Tout en boitillant Marc suivit Célestine qui semblait connaître les lieux par cœur. Il était subjugué par l'endroit, sûr et certain d'avoir trouvé la perle rare.

La pièce d'eau était alimentée par un minuscule cours d'eau et un petit pont l'enjambait et donnait un accès direct à la forêt de Chinon. 

 

— Mais comment as-tu connu ce coin ? demanda t-il, curieux.

— Oh tu sais, il y a bien longtemps, quand j'étais petite, il m'est arrivé de venir passer des vacances dans la ferme d'à côté  et alors avec les enfants du fermier on venait jouer là, dans les ruines. Pour moi c'est un peu un retour aux sources.

Eh oui, Célestine avait bien souvent imaginé qu'elle habitait cet endroit. Il avait été longtemps le décor de ses fantasmes. Elle était riche, elle voyageait beaucoup à travers le monde et elle aimait à se retrouver en ces lieux. Là elle jardinait, montait à cheval, s'occupait de ses animaux. Elle était secondée par un jardinier muet, sauvage mais beau comme un Dieu. Elle le logeait dans une petite maison attenante. Elle était bien sûr amoureuse de lui et...Mais revenons à la réalité !

Ils eurent le temps de passer à la mairie du village voisin. Là on informa Marc que la propriété était en vente depuis de nombreuses années et qu'il devait contacter le notaire d'Azay-le-Rideau pour en savoir davantage.

Le soir Alain annonça à Célestine qu'il rentrait plus tôt que prévu en raison du temps pourri. Il devait revenir le lendemain et espérait la voir le soir même. Mais elle s'en foutait Célestine, elle écoutait ce qu'il disait mais elle était complètement ailleurs...elle était cachée dans les ruines de son enfance. Elle lui dit toutefois qu'il n'avait qu'à l'appeler dès qu'il serait revenu et elle passerait le voir.  

Le lendemain était un samedi, le samedi 22 juin pour être précis. Marc réussit à joindre le notaire. Ils se rencontrèrent dans la journée et  Marc obtint tous les renseignements nécessaires pour monter son dossier. Le soir même il téléphonait à Ivan Souborovski.

À suivre

Commentaires

En effet, plutôt sympa la petite maison dans la prairie !
Peut-être un peu dure à chauffer non...? :-)

PS : je croyais que Gilles s'appelait Alain... :-D

Écrit par : Cigale | jeudi, 10 décembre 2009

coucou,
on dirait l'abbaye de Turpenay ???

c'est marrant j'ai l'impression de reconnaître ce coin,
j'ai eu pendant 25 ans une parcelle de bois à "Bois Boureau"
au sud de Rivarennes ... j'y allais cueillir "mes champignons"

un environnement qui ne m'est pas inconnu
à suivre ...
... jo,

Écrit par : jo | jeudi, 10 décembre 2009

le plus drôle, c'est le Notaire d'Azay le Rideau,
qui m'avait fait l'acte de vente en 1975

le monde est tout petit !!!
... jo,

Écrit par : jo | jeudi, 10 décembre 2009

@ Jo : exactly ! Il s'agit bien de Turpenay, un coin splendide...
@ Cigale : oups, j'ai fait une erreur que je corrige tout de suite sinon on ne va plus rien y comprendre !

Écrit par : tinou | jeudi, 10 décembre 2009

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