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lundi, 21 décembre 2009

470. Célestine Chardon -20-

LA VIE BIEN ORDINAIRE DE CÉLESTINE CHARDON

Chapitre 20 : premier rendez-vous

podcast
La porte s'ouvrit comme par enchantement et Célestine entendit une voix lui murmurer:

— Entrez, ma Belle, entrez dans l'antre de l'ogre.

Hésitante à ces mots, elle s'avança cependant et la porte se referma derrière elle. Elle se sentit alors prise par la taille et un souffle chaud effleura sa nuque.

— Hum, parfum délicat et envoûtant que le vôtre !

Ivan se saisit du gâteau qu'elle tenait toujours à la main et tout en la maintenant de son autre bras, il avança vers la table pour y déposer le paquet enrubanné. Elle sentit ses lèvres dans son cou. Un léger frisson la parcourut. Elle se dégagea alors de l'étreinte et se tournant vers lui dit en souriant:

— Vous prenez des risques ! Imaginez si cela avait été le facteur à la porte ?

— Pas de danger, Célestine, à cette heure il y a belle lurette que le facteur a fini sa tournée et puis je vous ai entendue fermer votre porte, monter doucement l'escalier, attendre un moment...j'ai même perçu les battements de votre cœur, dit-il d'un air malicieux.

— Tenez, je vous ai apporté une spécialité de Tours, fit-elle en désignant le gâteau. C'est un nougat de Tours, vous connaissez ? répondit-elle pour changer de conversation.

— Non, je ne crois pas, mais je te..., enfin je vous..., on se tutoie Célestine ?

— Oui, d'accord Ivan, lui répondit-elle en rougissant légèrement.

— Bon, alors je te fais visiter mon repaire ! dit-il en la saisissant par le bras et en l'entraînant dans la vaste pièce qui lui servait de salon, de salle à manger et de cuisine d'où montaient des effluves d'épices.

La fenêtre était largement ouverte et de la rue on pouvait entendre le gazouillis des hirondelles parties en chasse avant la tombée de la nuit. Il l'invita ensuite à prendre place sur le canapé, elle s'installa près de la fenêtre et le temps qu'il s'affairait à sortir des verres et poser des ramequins sur la table basse, elle l'observait discrètement. Il portait une chemisette blanche fendue à l'avant laissant entrevoir un torse bronzé et poilu. Sa chemise provenait probablement d'Egypte car des hiéroglyphes y étaient brodés. Il avait mis un pantalon noir et était pieds nus. Le sol de son appartement était recouvert de divers tapis orientaux aux tons chauds de rouge et d'ocre.celestine20.jpg 

Il lui demanda ce qu'elle voulait écouter comme musique et elle le laissa choisir. Elle le remercia vivement pour le magnifique bouquet de roses et il sourit. Puis la conversation s'engagea très rapidement sur le quartier, les gens qui y vivaient. Célestine lui traça un rapide portrait de certains d'entre eux, des commerçants qu'elle aimait tout particulièrement. Elle se sentait à l'aise et Ivan l'écoutait avec attention, posant parfois quelques questions pour obtenir davantage d'informations. A son tour, il lui parla de son adolescence à Tours, des souvenirs qu'il gardait de cette époque. Ils n'abordèrent pas le délicat sujet de Léon, Célestine se réservant le droit de lui en parler uniquement s'il lui en faisait la demande.

Ils passèrent ensuite à table. La nuit était tombée et Ivan alluma des bougies qu'il avait disposées ça et là. Les reflets des flammes faisaient briller les yeux de Célestine et, l'alcool aidant, une légère coloration rose avait envahi son visage. Ivan avait lui-même préparé un tajine d'agneau aux fruits secs et en dessert une salade d'oranges à la cannelle. Durant le dîner, il lui parla longuement de sa vie dissolue, de son besoin de tranquillité et du coup de foudre qu'il avait ressenti à la vue de l'abbaye. Il avait déjà commencé à tracer des plans de rénovation, il lui montra les croquis et en discuta avec elle. L'idée d'installer une piscine dans un tel lieu semblait incongrue pour Célestine, surtout qu'on n'était pas dans une région où le climat s'avérait particulièrement propice à un tel projet.

Ils s'étaient de nouveau installés dans le canapé. Célestine avait enlevé ses chaussures et plié ses jambes sur un coussin. Ivan prépara un thé à la menthe, puis il sortit une boîte en fer dans laquelle se trouvait ce qu'elle prit pour du tabac. Il roula deux cigarettes et lui en proposa une. Très rapidement Célestine se sentit envahie par une douce torpeur, une sensation étrange qui la déconcerta quelque peu. Mais dans le même temps elle éprouvait un tel bien-être qu'elle s'allongea entièrement sur le canapé. Ivan était parti mettre de la musique. Il revint près d'elle et se mit à lui chuchoter des paroles en arabe. Elle ne comprenait rien à ce qu'il disait mais sa voix était tellement chaude et douce qu'elle fut transportée, elle détourna son visage vers lui et leurs regards se croisèrent. Il avait un air sombre, son visage était très sérieux, triste même... Elle eut soudain pitié de lui et lui caressa la joue doucement. Il était à genoux près d'elle et il posa sa tête sur son ventre. Elle continuait à l'effleurer de sa main, doucement, dans le cou, puis sur les épaules, introduisant les doigts sous la fine étoffe blanche. Il continuait à parler , on aurait dit une chanson. Elle ferma les yeux et écouta. Il parlait maintenant en français, il lui disait sa lassitude, son dégoût de la vie, sa recherche du bonheur...

— Chut ! fit-elle doucement... Ils se regardèrent dans l'obscurité. Il ne la reconnut pas, il fut surpris du regard qu'elle avait à cet instant précis, ce n'était plus cette petite bonne femme naïve et rigolote, mais une femme à l'air sauvage, les yeux sombres, la bouche entrouverte. Le combat fut rude pour Ivan car elle résista longtemps, farouche, se débattant telle une tigresse, le griffant, le mordant, le couvrant aussi de baisers. Rarement il avait eu affaire à une telle violence lors d'une relation sexuelle, habitué qu'il était aux filles faciles. Cela n'en prenait que plus d'intérêt à ses yeux. Plus elle résistait, plus il avait envie d'elle. Au bout du compte il sortit vainqueur, ils ne firent bientôt plus qu'un et Célestine étouffa ses cris en mordant le coussin à pleines dents. Ils s'endormirent l'un contre l'autre.

Au petit matin Célestine s'éveilla la première. Le jour n'était pas encore levé, les rayons de la lune éclairaient une partie de la pièce  et elle pouvait le voir dormir. Elle le contempla ainsi, en silence. Elle effleura doucement ses épaules  et y déposa un baiser. Il émit un léger grognement.

Sans bruit elle quitta le lit, enfila prestement ses vêtements disséminés ça et là sur le sol et sortit de chez lui. Pour la première fois de sa vie elle venait de rencontrer l'homme, celui dont elle avait toujours rêvé et qui hantait si souvent ses nuits.

À suivre

Commentaires

Lu ! j'attends la suite et je suis (du verbe suivre of course) :)

Écrit par : Christine3769 | lundi, 21 décembre 2009

@ Christine : ça tombe fort mal car j'en suis à la fin !!!! Bon, je vais faire un effort,rien que pour toi, je vais tâcher de poursuivre l'histoire avec quelques chapitres supplémentaires, mais c'est sans garantie !

Écrit par : tinou | mardi, 22 décembre 2009

Les commentaires sont fermés.