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jeudi, 18 février 2010

64. Le 5 juillet 1962


podcast

Le soleil écrase de sa chaleur la longue avenue qui conduit jusqu’à la gare maritime. Cependant monsieur L. n’a guère le temps d’y songer. Ses préoccupations du moment sont tout autres. Tenant fermement sa valise d’une main, il accélère le pas. Derrière lui il entend les crépitements des mitraillettes dont le bruit se rapproche dangereusement.  Il a peur, monsieur L., peur de ne pas arriver à temps pour être à l’abri. A l’abri de quoi et de qui au juste ?

Nous sommes à Oran le 5 juillet 1962. Depuis 3 jours, l’Algérie est officiellement indépendante. Les scènes de liesse ont fait place maintenant aux règlements de compte. Il faut du sang, encore et toujours, comme si ces quatre années n’en avaient pas vu assez couler dans chaque camp. Alors, ce 5 juillet 1962, dans les rues d’Oran s’organise la chasse aux Européens. Des hordes d’exaltés que personne ne peut (ou ne veut) contrôler abattent tous ces abominables colons, ces profiteurs, ainsi que certains mouvements politiques français aimaient à les représenter. Les colons, les profiteurs, il y en eut, certes, mais pas dans la proportion indiquée et ceux-là n’avaient pas attendu 1962 pour quitter l’Algérie.

Profiteur, monsieur L. ? Il ne s’est jamais posé la question en ces termes. Il se souvient de son arrivée en Algérie, juste avant la deuxième guerre mondiale. Il venait de se marier avec une jeune infirmière et tous deux avaient choisi de s’installer à Mostaganem, dans l’Oranais. Elle soigna les plus démunis jusqu’au jour où, atteinte d’une grave maladie, elle dut être renvoyée en France où, malheureusement elle décéda peu de temps après son retour, en novembre 1945.

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Monsieur L., quant à lui, était surveillant général  au lycée Laperrine à Sidi-bel-Abbès.(n°17 sur la photo).En 1955, il s’était remarié avec une veuve dont le mari s’était fait tuer en Indochine. Elle avait deux filles.

« Encore une chance qu’elles aient pu partir avant ! » se dit-il en s’épongeant le front et en constatant avec effroi que les bruits se rapprochaient dangereusement.

Sa femme et les deux fillettes avaient réussi à prendre un avion peu de temps auparavant. L’avion avait été pris sous le feu des balles mais, par chance, il avait tout de même réussi à décoller. De les savoir en sécurité lui redonna de la force pour continuer son chemin.

Soudain, une vieille camionnette qui venait de le doubler, s’arrêta et il entendit une voix crier :

« Montez vite, monsieur L. ! Vite, vite, ils arrivent ! »

Monsieur L. reconnut alors un boulanger de Sidi-bel-Abbès de ses connaissances.  La voiture redémarra aussitôt et fonça jusqu’à la gare, ceinte par l’armée française qui avait reçu des ordres de ne pas intervenir –ou plutôt disons qu’elle n’avait reçu aucun ordre précis, donc elle ne bougea pas !-.

Juin 1967 : monsieur L. est surveillant général au lycée Montaigne de Bordeaux. Ce matin-là il a rendez-vous avec le père d’un élève dont l’absence injustifiée depuis plusieurs jours inquiète l’administration du lycée.

Le père de l’élève en question n’est autre que notre boulanger de Sidi-bel-Abbès. Son fils Alain, sur un coup de tête, est parti se battre au côté de l’armée israélienne durant la guerre des six jours.

—  C’est ennuyeux car votre fils Alain va rater les épreuves du bac !

— Que voulez-vous, il faut bien que jeunesse se passe ! répond avec philosophie l’ancien  boulanger.

Monsieur L .me raconta cette anecdote de sa vie un jour que nous étions allés lui rendre visite à Bordeaux, en 1993, peu avant sa mort. C’était mon beau-père. Quant au boulanger, il s’appelait Afflelou. Son fils, Alain, c’est celui dont on dit à la télé : « Il est fou Afflelou ! »

Commentaires

C'est vrai qu'il était sympa, Leger . Fallait passer dans son bureau quand on s'était fait mettre à la porte par un prof et il distribuait les heures de consigne.
Le censeur c'était Lucciani, moins marrant.
Son prédecesseur Leonidas, un bel antillais .
Proviseurs Vandel, parti à Cannes et remplacé par Bardet.
C'est loin mais j'y suis encore

Écrit par : le gall | samedi, 03 avril 2010

@le gall : merci beaucoup pour votre commentaire ! Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point cela me fait plaisir... Eh, oui, c'est bien loin tout ça !

Écrit par : tinou | samedi, 03 avril 2010

ah leger que de baffes j ai recues et combien de mois de colle...c est vrai que j etais un emm.....j ai pas aimé un jour ou nous potaches arabes avions decide de faire greve de cinema de l internat et mr leger de dire eh bien ça sentira mouins mauvais c est des choses a dire ça.. sinon c etait un brave bonhomme notre petit calbo ou kinowa comme on l avait surnommé en internat et dans les couloirs y avit le tag indien avec plume mais chauve et ecrit en dessous kinowa quelle belle epoque un potache de 57 a 64 amities

Écrit par : aidouni | jeudi, 06 septembre 2012

@aidouni : merci pour tous ces souvenirs évoqués sur cette note concernant mon beau-père. je pense qu'il aurait aimé avoir de vos nouvelles. Hélas il est mort maintenant, son fils (mon mari) aussi.La vie est ainsi faite ...

Écrit par : tinou | vendredi, 07 septembre 2012

ah tinou je te fais mes excuses j ai été un peu dur avec mon surgé ..et mort en plus tu seras geentille de pas m en tenir rigueur .je ne savais pas qu il avait un garçon peut etre vivait il ailleurs ces annes la ce qui est sur c est qu il avait une fille mais la fille ..une bombe et pour entrer ou sortir de la maison elle etait obligée de prendre la cour alors alors le sgentillessesles phantasmes les sifflets tous desmaladesces internes allez a plu ré ponds si tu veux ça me deplairait pas amities

Écrit par : aidouni | samedi, 27 octobre 2012

commentaires photo:08 meele fima est restee apres 62 etbienque hemipleqique a assré des cours de maths pour les eleves du 1er bac(elle se contentait de dicter et un de nos camarades assurait l ecriture de sa leçon au tableau c est pas de l heroisme ça...)09 meele rico letres françaises 15 linares pion deja en 57 agané du galon et devenu prof d espagnolje crois bien 16 l unique le diabolique berard etait prof de latin et pion je te dis pas une vraie teigne...17 m leger surgé d internat le bonus pater familias...18 ventre surgé une bete feroce sa coupe de legionnaire sa demarche militaire une terreur..20 granier lettres françaises et latin un vrai academicien et ça plaisante pas...24 ballesta physique chimie algerie française du fond des tripes se laissait aller en cours a des proposindignes d un educateur ...ne fiurent les veterans du lycee legall mattei lozach steinmann brotons mami hakem rahal boukhdimi navarro notre pion prefere surnommé express salut aplus

Écrit par : aidouni | samedi, 27 octobre 2012

@ aidouni : bonjour aidouni, merci pour toutes ces informations. Oui, mon beau-père avait une fille (d'un premier mariage)née en 1929.Elle s'est mariée en Algérie et habitait Orléansville au moment où eut lieu le tremblement de terre. Mon mari est né à Mostaganem en 1944 d'un second mariage. Quand sa mère est morte en 1945, ses grands-parents maternels sont venus s'installer à Mostaganem pour s'occuper de lui. Mon mari a quitté définitivement l'Algérie en 1957 pour pousruivre ses études en France. Où habitez-vous ? En Algérie ou en France ? Mes amitiés.

Écrit par : tinou | samedi, 27 octobre 2012

j habite en algerie unpetit village entre mosta et arzew :mers el hadjadj ex port aux poulesje suis avocat au barreau d oran marie 6 enfants 4 garçons 2 filles dont une l ainee mariee en france ma femme s occupe de la baraque et c est pas une sinecure.je suis de 1946 mon patelin d origine LE TELAGH a l aide de ce bidule j ai pu contacter plein de copains pieds noirs du lycee certains meme sont revenus en algerie au village de naissance quelle ambiance que d emotions Mme lassort instit du village qui a vu passer des generations dans sa classe et qui avait 79 ans en2007 est venue au telagh aretrouvé ses eleves avisite leurs familles arevu l ecole la ferme de son papa et mieux encore a été reçue al prefecture d oran par un ancien ecolier de telagh.. c etait le prefet lui meme on a tous chialé crois moi parce qu on lui a fait une surprise avec la complicité du prefet et on a tous debarqué a l improviste :avocat medecin architecte banquier colonel et comme elle l a dit si bien c etait sa pepiniere et elle etait tellement fiere de sa pepiniere qu elle s est mise a pleurer et....nous avec meme monsieur le prefet de la seconde ville d algerie allez j arrete paece je sens de l humidité dans mes yeux la honte et ça a mon age .amities

Écrit par : aidouni | samedi, 27 octobre 2012

@ aidouni : c'est très émouvant votre histoire, et pleurer n'a rien de honteux, au contraire ! J'imagine bien l'émotion de telles retrouvailles.
Mon mari n'est jamais retourné en Algérie, il avait sans doute peur de ne pas retrouver ce qu'il avait connu et préférait s'en tenir à ses souvenirs.
Je suis très heureuse d'avoir fait votre connaissance. C'est tout de même bien l'informatique ! Pouvoir ainsi discuter presque en direct. Je vous adresse mon bon souvenir de Touraine (ma région).

Écrit par : tinou | samedi, 27 octobre 2012

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