samedi, 20 février 2010
67. Sur les bancs de l'école -10-
Nous voici en 1963. En écrivant mes souvenirs d’école, je m’aperçois au fur et à mesure des notes que j’ai oublié plein d’anecdotes. En fait, il faudrait que je fasse des fiches et que je note peu à peu les souvenirs qui me reviennent sur la fiche de l’année qui y correspond. Un travail qui demande du temps. Remarquez bien que ce n’est pas le temps qui me manque, c’est peut-être le courage ! Et puis je me dis que je pourrai toujours reprendre ces notes pour plus tard dans une sorte de journal de vie.
Donc pour l’instant, considérons que j’effectue une ébauche en notant les principaux évènements, enfin plutôt les évènements qui m’ont marquée et intéressée car dans certains domaines (la politique en particulier), je n’avais pas alors d’opinion très tranchée. Je n’en ai jamais eu d’ailleurs. Sans doute est-ce dû au fait qu’à la maison on parlait beaucoup trop de politique – surtout mon père- et qu’il était mal venu d’avoir un autre avis que lui !
En septembre 1963, j’entre en 3ème. Ce fut une année merveilleuse, mes résultats scolaires, qui jusqu’à présent étaient moyens, furent soudain nettement meilleurs. Physiquement je n’étais plus la petite boule informe, j’avais minci, j’étais bien dans ma peau. Sans doute ceci explique cela …
Depuis que j’étais entrée en 6ème, je travaillais seule, mes parents n’ayant pas le temps et l’envie de superviser mon travail. D’ailleurs ils n’en avaient pas eu besoin. J’ai toujours eu un tempérament consciencieux. Ma vie était réglée comme du papier à musique : je rentrais du lycée, je montais dans ma chambre et là, je bossais jusqu’à l’heure du dîner tout en écoutant « Salut les copains » sur mon petit transistor. Je crois que c’est cette année-là que mes parents m’offrirent mon premier électrophone. Je me souviens encore très bien de mes premiers achats de 45 tours (je les ai conservés !) : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell. Oui, je sais, personne n’est parfait ! Parallèlement ma grand-mère me mettait de côté une revue sur la musique classique. Elle était accompagnée d’un 33 tours. C’est ainsi que peu à peu, j’ai découvert la musique dite classique avec un répertoire des plus variés. Enfin, je me suis mise aussi à écouter du jazz. J’ai commencé par les musiciens connus en France, Louis Armstrong, Sydney Bechet, Django Reinhardt, Stéphane Grapelly, Claude Bowling. Puis j’ai continué avec les grands orchestres comme ceux de Duke Ellington, Dizzie Gillespie, Count Basie etc.
Cette année-là un autre évènement vint changer le cours de ma vie : ma famille était fâchée depuis au moins trente ans avec la sœur de mon arrière-grand-mère, la fameuse Blanche que je vous ai présentée ICI.
Or, tout à fait par hasard, maman et moi l’avions rencontrée à la sortie de l’hôpital alors que nous étions allées voir mon aïeule qui était soignée pour un zona. Maman n’avait aucune raison de ne pas lui parler et moi-même je la connaissais déjà un peu pour l’avoir vue quelquefois chez mon arrière-grand-mère. Ce furent donc les grandes retrouvailles ! De son côté elle était heureuse de renouer avec les seuls membres de la famille qui lui restaient. À partir de cet instant, je passais la plupart de mes jeudis chez elle. Elle habitait dans la rue du maréchal Foch, près de la place de la Résistance. Nous allions toutes deux fréquemment au cinéma. Elle m’apprit également à jouer aux cartes (rami, crapette, belote).
Les cinémas étaient assez nombreux dans le centre-ville : le Majestic, le Caméo, puis le Cyrano et le Rio place Jean Jaurès, le Rex rue Nationale, l’Olympia et l’ABC (ce dernier s’étant spécialisé dans les films X). Il y avait également un cinéma boulevard Thiers (j’ai oublié le nom).
Aller au cinéma avec ma tante n’était pas une sinécure : elle parlait constamment et un peu fort, puis elle portait souvent des chapeaux qu’elle refusait d’ôter si bien que les gens, excédés, faisaient souvent des remarques assez désobligeantes. Mais le pire restait la conduite en voiture ! Elle avait conduit à une époque où les panneaux de signalisation n’existaient pas encore. Elle s’était donc adaptée tant bien que mal à la réglementation, plutôt mal que bien d’ailleurs. J’avais peur en voiture avec elle ! Elle ne conduisait pas vite, mais elle était assez inattentive. Un jour, rue du Commerce, elle raya plusieurs voitures garées à droite avec son pare-choc. Elle ne s’en rendit même pas compte. Le pire fut quand même lorsque nous allâmes au Croisic dans sa Dauphine. Nous nous traînions derrière un camion depuis au moins une demi-heure quand soudain elle décida de le doubler. Elle se cramponna à son volant et appuya comme une malade sur l’accélérateur. Moi, à côté, je serrais les fesses et je regardais le bas-côté. Elle choisit le moment où la route amorçait une côte avec une belle ligne en continu ! Et, en haut… les gendarmes l’attendaient, sourire aux lèvres !
Ma hantise était quand elle se garait sur le port. Il n’y avait alors pas de garde-fou et j’avais toujours peur qu’elle redémarre en 1ère. On aurait alors piqué un plongeon dans les eaux boueuses. J’avais trouvé la parade : je la laissais monter et démarrer puis je montais ensuite…
Par la suite elle devint un peu sourde. Quand elle mettait le contact, on devait l’entendre à l’autre bout de la ville ! Par bonheur, personne n’eut à lui dire qu’elle devenait un danger public, elle s’en rendit compte toute seule et cessa de prendre sa voiture. Elle devait avoir 78 ans (ma tante, pas la voiture).
Parmi mes activités favorites, il y avait aussi la lecture. Le goût pour la lecture m’est venu très rapidement. Il faut dire que les distractions étaient assez rares quand j’étais enfant et lire procurait un bon moyen d’évasion. J’avais dévoré tous les livres de la bibliothèque rose, puis de la bibliothèque verte, les romans de cape et d’épée, les voyages avec Jules Verne. J’avais pleuré en lisant Sans famille ou encore Les misérables.
J’abordai maintenant les romans d’amour. Vaste programme …
À suivre
16:57 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Oh oh je viens de me rendre compte qu'hier, j'ai oublié de venir sur ton blog (pas trop en état de grand chose, en fait).
Quel plaisir encore, de te lire !
Ces petites anecdotes qui font sourire lorsqu'on les lit.
Je suis toujours aussi émerveillée que tu aies tant de souvenirs encore présent dans ta mémoire.
Merci encore pour ce moment de lecture et à tout à l'heure.
Bises
Écrit par : Christine3769 | dimanche, 21 février 2010
La fameuse tante Blanche qui a posé toute nue et a fait partie des figurants du "Grand amour" ?
Moi aussi, j'ai oublié le nom du cinéma du boulevard Thiers...
Écrit par : catherine | dimanche, 21 février 2010
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