dimanche, 28 février 2010
80. Sur les bancs de l'école -15-
Année 1967 : un parfum d'encens flotte dans l'air. On commence à voir de drôles de gugusses gratouillant leur guitare, des filles habillées comme des gitanes, qui ne parlent que de Peace and Love et de Flower power... Le mouvement hippie nous arrive des États-Unis, via la Grande Bretagne. Il faudra tout de même attendre 1968 pour voir ce mouvement prendre une relative expansion en France. On vit alors des communautés se constituer et partirent élever des chèvres sur le plateau du Larzac. D'autres se perdirent sur le chemin de Katmandou. De nouveaux mots apparurent : le pop-art, le psychédélisme, le LSD.
Mais bon, soyons sérieux, on ne vit pas que d'amour et d'eau fraîche. Peu à peu le mouvement se désintégra, faute de participants. Il faut bien vivre, n'est-ce pas, et les hippies plièrent soigneusement leur attirail et rentrèrent dans les rangs.
Il reste cependant, quarante plus tard, quelques communautés dont celle-ci que je viens de découvrir en France : elle se situe à Charleval, dans l'Eure. J'en connais un que cela va surement intéresser !
Revenons aux évènements de l'année 1967 :
27 janvier : mort du Maréchal Juin.
6 février : mort de l'actrice Martine Carol (n°9). Quelque temps après son inhumation, sa tombe fut profanée, le cercueil ouvert et les bijoux avec lesquels l'actrice avait été enterrée furent volés.
18 février : mort du physicien Julius Robert Oppenheimer (n°3), le père de la sinistre bombe nucléaire.
18 mars : le pétrolier Torre Canyon s'échoue au large des Cornouailles. La nappe de pétrole atteint et pollue gravement les côtes bretonnes.
Durant les vacances de Pâques, mes parents m'envoient quinze jours en Allemagne pour perfectionner mes connaissances de la langue. Je suis hébergée chez le couple de personnes âgées que nous avions rencontré l'année précédente. Reutlingen, la ville où je suis, est située en plein cœur du Jura souabe, à une trentaine de kilomètres au sud de Stuttgart. Un matin, alors que je rentrais tranquillement à pied des cours, j'aperçois au loin sur le trottoir, trois personnes qui avancent dans ma direction. J'ai subitement un gros choc. J'ai la sensation d'halluciner. Je reconnais soudain l'Allemand Fritz qui venait chez mes parents, accompagné d'une femme et d'un autre homme. L'autre homme c'est son jeune frère avec qui je corresponds depuis déjà plusieurs mois. Cette correspondance, anodine au départ, avait peu à peu pris des tournures qui me déplaisaient fortement. Ce garçon, d'une dizaine d'années plus âgé que moi, ne me plaisait pas du tout et ses lettres remplies de petits cœurs avaient le don de m'exaspérer au plus haut point. J'avais d'ailleurs commencé à espacer la correspondance.
En les voyant je fais brusquement volte-face et je m'éclipse aussitôt dans une rue adjacente tout en essayant de faire le point de la situation. Ils n'étaient pas là par hasard, c'est certain. J'avais dû mentionner dans une précédente lettre que je venais à Reutlingen. Me connaissant, je n'avais certainement pas donné l'adresse. Je continue donc mon chemin en vérifiant s'ils ne sont pas derrière moi. Non, ils ne m'avaient pas vu, ils ont continué leur chemin tout droit. Ouf ! Je rentre donc chez mes hôtes, rassurée. L'après midi je retourne au cours, non sans jeter un œil à droite et à gauche... et le soir au retour, alors que j'avais déjà oublié l'incident du matin, madame W. me dit en ouvrant la porte :
Ach, Danielle, Du hast ein Besuch !
Catastrophe ! Ils sont là, confortablement installés dans le canapé, en train de siroter un Cognac. Ils sont venus de Hannover spécialement pour me voir. Je devrais être plutôt flattée, mais non. Je me sens plutôt prise au piège, avec cette maman qui essaie de caser son plus jeune fils ! Comment s'appelait-il déjà, cet affreux ? Wolfgang-Heinrich, il me semble, mais sans certitude... Le lendemain, je n'avais pas cours, nous passâmes donc la journée ensemble, à Stuttgart. Puis ils repartirent le soir vers Hanovre... À mon retour en France, je mis les points sur les I dans une lettre un peu sèche. La correspondance prit fin à mon plus grand soulagement.
19 avril : mort du chancelier allemand Conrad Adenauer (n°8).
21 avril : putsch des colonels en Grèce.
12 mai : palme d'Or au Festival de Cannes pour Blow Up, d'Antonioni.
5 juin : au Proche-Orient c'est le début de la guerre dite des six jours qui verra la victoire des Israéliens face à la coalition arabe (Égypte, Syrie, Jordanie, Irak).
25 juin : mort de l'actrice Françoise Dorléac la sœur de Catherine Deneuve, dans un accident de voiture.
29 juin : mort de l'actrice américaine Jayne Mansfield (n°10).
12 juillet : création de l'ANPE.
23 juillet : le cycliste anglais, Tom Simpson (n° 6), meurt d'un arrêt cardiaque durant le Tour de France.
24 juillet : lors d'une visite au Québec, le général de Gaulle prononce : Vive le Québec libre !
En août je pars avec mes parents en Bavière et en Autriche. J'avais préparé un itinéraire qui nous emmena tout d'abord à Garmisch-Partenkirchen, puis visite des magnifiques châteaux de Neuschwanstein et Hohenschwangau, Berchtesgaden, Innsbrück, grimpette en voiture en haut du Grossglockner, Salzbourg et enfin Vienne. Je n'ai plus en tête le périple complet mais ce fut un très beau voyage. Nous restâmes quelques jours à Vienne, le temps de découvrir les principaux monuments. J'avais noté également une balade au Prater, sorte de luna-park local qui fut rendu célèbre par le film, « Le troisième homme ». Sa grande roue est unique en son genre et nous en avons fait naturellement un tour. C'est un endroit où j'aimerais bien retourner.
Nous avions fait également sur place quelques sorties organisées : les guinguettes au bord du Danube. Là mon père faillit en venir aux mains avec la dame pipi qui refusait de lui donner le rouleau de papier sous prétexte que c'était payant. Un autre soir, nous allâmes dans un cabaret. Et pendant que mon père s'engueulait avec le serveur parce que le Champagne était tiède, ma grand-mère et moi ne loupions pas une seconde du spectacle, tandis que maman n'arrêtait pas de dire : C'est honteux de voir ça !
Ça, en l'occurrence, c'était une strip-teaseuse qui ondulait de façon lascive et provocante en s'accrochant à un poteau. Quand finalement mon père s'est exclamé : Bon ça suffit, on s'en va, nous eûmes, ma grand-mère et moi, ce même cri du cœur :
Oh non, le spectacle n'est pas fini !
En y repensant, je ne peux m'empêcher de sourire...
17 août : mort du saxophoniste John Coltrane (n° 5).
3 septembre : fin de l'exposition de Toutankhamon au Petit Palais à Paris. J'avais réussi à y emmener ma grand-mère. Le seul souvenir que j'en garde est l'attente interminable qui précéda la visite.
Rentrée des classes. Je suis en Terminale A2a (philo + 2 langues vivantes). Les anciens noms, philosophie, sciences expérimentales et mathématiques élémentaires ont laissé place à des lettres (A, C, D). Nous devions également choisir deux options, j'avais pris le latin et les maths.
Nous avions un nouveau professeur de russe. Madame Lossky avait quitté Tours pour Fontainebleau où son mari avait été nommé conservateur. Nous avons vu alors arriver une jeune femme, dynamique certes, mais très politiquement engagée à gauche. Adieu Pouchkine, Tolstoï et Dostoïevsky. Place aux textes sur la Révolution d'Octobre. Dans le coup, mon intérêt pour cette langue déclina peu à peu.
1er octobre : naissance de la télévision en couleur.
9 octobre : mort de Che Guevara en Bolivie (n° 1). En France, mort de l'écrivain André Maurois (n° 2).
25 novembre : mort du sculpteur Ossip Zadkine (n° 7°).
3 décembre : la première greffe du cœur est réalisée par le professeur Barnard (n°4) dans un hôpital du Cap, en Afrique du sud.
19 décembre : la loi Neuwirth autorise la contraception en France.
En cette année, on fredonnait :
Adamo, Inch Allah - Sheila, Adios amour, La famille - Claude François, Comme d'habitude, Mais quand le matin - Brigitte Bardot, Harley-Davidson - Gilbert Bécaud, L'important c'est la rose - Jacques Brel, La chanson des vieux amants - Pascal Danel, Kilimandjaro - Françoise Hardy, Des ronds dans l'eau - Johnny Hallyday, Hey Joe, Amour d'été - Jacques Dutronc, J'aime les filles ... etc.
Pour ma part, j'écoutais la radio le soir dans mon lit. Dans l'émission Pop-club on pouvait écouter toutes les nouveautés venant des États-Unis et de Grande-Bretagne.
Enfin, au cinéma :
Sans oublier :
Play Time - Bande annonce FR
envoyé par _Caprice_. - Regardez plus de films, séries et bandes annonces.
À suivre
08:23 Publié dans Nostalgie | Lien permanent | Commentaires (0)
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