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dimanche, 14 août 2011

172. Bilan d'une décennie -24-

La note pourrait s’intituler : Quoi d’neuf docteur ?

podcast
 Mardi 22 juin 2004 :

Depuis la semaine dernière, le mal au dos me fait toujours souffrir et je prends rendez-vous avec un ostéopathe qu’une collègue me recommande. J’y vais le soir même, à 20h.

Il commence à me tripoter dans tous les sens quand, tout à coup, je ressens une très violente douleur qui me fait aussitôt hurler et je fais un grand mouvement avec le bras droit qu’il reçoit en pleine figure. Il n’est pas content du tout :

— Mais vous êtes folle ! Vous venez de me gifler !

— Ah, excusez-moi, mais vous m’avez fait terriblement mal !

La séance se poursuit néanmoins, mais je le sens de très mauvaise humeur et, de mon côté, je suis stressée au maximum. Je suis donc bien contente que cela s’achève. Il me prescrit des antalgiques et me signale que je risque d’avoir un peu mal les jours suivants.

Il me semble que cela va un peu mieux.

 Mercredi 23 juin 2004 : au réveil, je constate que ça ne va pas du tout. Je souffre horriblement au point d’en pleurer. Je téléphone à l’ostéopathe qui semble surpris. Sans doute doit-il penser que je suis douillette. Je reste toute la matinée en peignoir à me traîner péniblement. Heureusement que les antalgiques me soulagent un peu !

L’après-midi se tient le pot de départ en retraite à l’école. Nous sommes trois à quitter définitivement l’école. Ce sont mes collègues qui se sont chargés de la préparation. Cela m’arrange bien car je déteste ce genre de manifestation. Péniblement, je réussis à m’habiller et, après avoir repris des antalgiques, je me rends à l’école. Là, c’est la remise des cadeaux, les discours etc. À 19h, je dois quitter la petite fête car je recommence à souffrir.

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Sitôt à la maison, je me couche. Je suis réveillée vers minuit, les douleurs sont intolérables, à un point tel que je me décide à téléphoner à SOS médecins. Oui, mais avant je réfléchis : comment va-t-il faire pour entrer ? J’ai fermé la porte à clef.

Je m’extirpe alors péniblement du lit et, à quatre pattes, je rampe jusqu’à l’entrée, je me redresse en me cramponnant à la poignée et tourne la clef dans la serrure, puis je retourne dans la chambre, toujours à quatre pattes ! Cette prouesse a bien duré vingt bonnes minutes et je suis en nage. Me voici de nouveau au lit et je saisis le téléphone. Ah, flûte, je n’ai pas de lumière à cause du va-et-vient. Le noir est total et je ne me sens pas la force de me relever. Alors, j’essaie de visualiser le combiné pour faire le 12.

— Allo, Samuel à votre service, quel numéro désirez-vous ?

— Bonsoir Samuel, pourriez-vous me mettre en contact avec SOS médecins à Tours, je suis dans l’incapacité de composer le numéro moi-même !

Une fois en ligne, j’expose mon problème à l’opératrice en lui expliquant bien où j’habitais, le code d’accès du portail et en précisant surtout que le médecin n’aura qu’à sonner et entrer car je suis dans l’incapacité de me lever. Cet effort m’a mise en sueur et je m’assoupis…

Une petite heure après, le médecin est à mon chevet. Il diagnostique un bon mal au dos (ça je le sais !), me fait une piqûre dans la fesse et me fait ingurgiter une ampoule d’un liquide affreusement acre. Pour me rassurer, il me dit que ça arrive fréquemment aux jardiniers !

Le produit agit rapidement car je finis par m’endormir.

 Jeudi 24 juin 2004 : la douleur est revenue, perfide et tenace. Peggy est partie à Lyon pour faire passer des examens, alors je téléphone à Roseline  pour lui demander de venir chercher l’ordonnance. À midi elle m’apporte les médicaments et à manger. Mais je n’ai pas faim et je souffre de plus en plus. Je passe la journée dans un demi-sommeil entrecoupé de crises de larmes.

Vers 19h, Roseline revient me voir. À partir de cet instant, c’est le grand remue-ménage : un deuxième médecin vient, il veut me faire entrer aux urgences mais je refuse.  Comme j’avais de la fièvre, il me dit que je risque d’avoir une septicémie. Dans le coup ça me fait peur, je téléphone à Julie pour lui demander si elle ne peut pas jouer la garde-malade et venir dormir à la maison.

Puis Michel, que Julie avait appelé au téléphone,  me sermonne et me fait tellement peur que j’accepte de partir le lendemain matin pour les urgences. Je préviens alors Peggy par téléphone. À ce moment précis, elle est sur l’autoroute entre Lyon et Tours. Je la rassure en lui disant qu’il n’y a rien de grave, mais en fait j’ai une frousse bleue !

 Vendredi 25 juin 2004 : l’ambulance arrive vers 7h. Le temps de fumer une cigarette et hop, me voici allongée sur le brancard. Le trajet est relativement agréable, mais l’accueil aux urgences est tout autre. Une bonne femme hargneuse s’approche de moi et, après avoir lu ma fiche,  me demande :

— Vous avez quoi au juste ? Mal au dos ? Pfff … Et on s’étonne après de l’engorgement des urgences !

— Non mais dites, ce n’est pas moi qui ai voulu venir ici, figurez-vous ! Si je vous dérange, je peux aussi bien repartir chez moi !

L’ambulancier me fait alors un petit signe amical et me rassure.

Dès mon arrivée, je suis prise en mains : description des symptômes, radiographie du dos, pipi dans le petit pot pour l’analyse d’urine. C’est toujours dans ces cas-là que vous n’avez pas envie !

Puis j’attends dans la chambre, toujours sur le brancard.  Les patients défilent à côté de moi : une jeune Maghrébine qui refuse d’uriner dans le bassin, une vieille dame très BCBG qui a une hémorragie nasale … Le médecin arrive enfin avec les premiers résultats :

— Les radios ne montrent aucune anomalie, par contre l’analyse d’urine est inquiétante. (La norme est de 6 et j’avais 122 !).

Et c’est reparti pour un tour ! On m’emmène passer une échographie des reins. Puis c’est de nouveau l’attente des résultats. Et c’est à ce moment que j’ai commencé à avoir la trouille.

— Et si j’avais quelque chose au rein gauche ? On va probablement me l’enlever !

De fil en aiguille, j’en étais rendue à la dialyse.

Ah, voici le médecin qui revient, attention :

— Vous avez une pyélonéphrite aiguë. En principe, nous devrions vous garder à l’hôpital, mais vous pouvez rentrer chez vous à condition de suivre strictement l’ordonnance que je vais vous prescrire ! De plus, il vous faudra boire beaucoup. Si la fièvre subsiste malgré tout, il faudra revenir aussitôt. D’accord ? 

— Ah, oui, tout ce que vous voulez, du moment que je rentre à la maison ! Pour un peu, je l’aurais embrassé !

Entre temps, Peggy est arrivée et me raccompagne chez moi. Puis elle va me chercher  les médicaments. La douleur est toujours là, bien sûr, mais je la supporte mieux dans la mesure où je sais ce que j’ai.

 Samedi 26 juin 2004 : au matin la fièvre a disparu mais je continue à souffrir et je me sens très fatiguée. Mais bon, j’ai le moral.

 Dimanche 27 juin 2004 : la douleur s’est considérablement atténuée et je retrouve la forme en début de journée. Et comme le temps est ensoleillé, que la vie me semble soudain très belle, je vais voir Peggy qui joue dans une pièce de théâtre. C’est l’occasion de me servir de mon nouvel appareil photo. Julie m’accompagne et le soir nous allons dîner dans le vieux Tours.

 

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Mardi 29 juin 2004 : dernier jour de classe ! Je passe la matinée avec mes trois élèves. Dernière inspection des lieux  pour voir si tout est en ordre, puis je ferme la porte à clef. Au total, dans ma carrière, j’ai eu la charge d’environ 350 enfants. Certains ont mal tourné, deux ont été condamnés pour meurtre.

Le midi, je déjeune au restaurant avec toute l’équipe du RASED.

 Mercredi 30 juin : je passe au bureau de l’inspecteur pour prendre mon congé définitif. Une page se tourne …

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À suivre

Commentaires

Dame Tinou ! Je te reconnais encore bien là. Tu souffres mais ne fais rien pour ne plus souffrir. Pfff ! Un jour tu comprendras peut être qu'en laissant perdurer, les choses douloureuses s'atténuent rarement (petit clin d'oeil).
Te voici enfin à la retraite...
Je me demande comment tu vas supporter cette nouvelle vie ?
Suite au prochain épisode.

Écrit par : Christine | dimanche, 14 août 2011

c'est Le parc national de Białowieża

Écrit par : thierry | lundi, 15 août 2011

@ Thierry : ah, merci ! Au fait, vous n'êtes pas encore partis ou bien vous êtes déjà revenus ?

Écrit par : tinou | lundi, 15 août 2011

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