mercredi, 28 mars 2012
62. Carnet de voyage au Cameroun -3-
Samedi 17 mars 2012 :
S’il fallait résumer cette journée, on pourrait dire : Mais que suis-je venue faire dans cette galère ?
Après un copieux petit déjeuner préparé par Thérèse, nous voici partis pour une balade en forêt. En chemin nous croisons plusieurs femmes qui reviennent de la pêche.
Nous atteignons bientôt à pied les rives du Nyong.
Passage sur le bac pour traverser le fleuve puis nous grimpons à bord du minibus qui nous emmène quelques kilomètres plus loin. En chemin, nous rencontrons un obstacle de taille : un arbre est en effet tombé sur la piste et nos accompagnateurs dégagent la route à coups de machette.
Peu après nous quittons le bus et pénétrons dans la forêt sombre et humide. Nous sommes accompagnés d’un garde armé d’une carabine –au cas où nous tombions nez à nez avec je ne sais quel animal dangereux-.
Quatre heures de marche dans la moiteur tropicale, cela n’a rien d’évident, surtout pour moi qui ne suis pas une grande sportive. Dans le sac à dos, il y a l’appareil photo et les deux objectifs, l’indispensable bouteille d’eau, des mouchoirs en papier, le répulsif pour les moustiques.
Le chemin est si étroit que nous crapahutons les uns derrière les autres, prévenant les suivants des éventuels pièges :
Attention, lianes au sol … Attention souche à droite … Attention, serpent à gauche (là, j’en rajoute un peu !).
Nous atteignons enfin le rocher de Shouam qui se dresse au-dessus de la canopée.
Petite halte pour pique-niquer sous le rocher et reprendre des forces avant le retour par le même chemin.
Cette fois-ci je décide de me mettre en avant de la colonne, juste derrière le garde qui ouvre la marche et je trace. Je n’ai qu’une hâte : sortir de cet enfer vert ! À ce moment précis je repense aux soldats français qui eurent à combattre en Indochine dans un milieu aussi inhospitalier. Je peste également après Muriel de Nouvelles Frontières qui m’avait assurée- au moment où je m’étais inscrite à ce voyage -que les promenades étaient des parties de plaisir !
Le garde, Ginette et moi arrivons au bus avec un bon quart d’heure d’avance sur les autres. Là je m’écroule dans un siège à l’ombre d’un arbre. Le plus dur est fait, pensai-je naïvement à cet instant précis. Aussi la tension disparait peu à peu. Hélas, je n’étais pas au bout de mes peines !
Nous reprenons le bus jusqu’au bac. Mais là, au lieu de traverser sur le bac, nous prenons une très grande pirogue. Les rameurs coupent des branches pour nous faire des sièges bas dans la pirogue (les sièges existant déjà sont trop hauts et on risquerait de passer par-dessus). On doit également enfiler des gilets de sauvetage. Le bateau se remplissant assez vite, on écope, on écope, surtout Françoise la Brestoise, question d’habitude …
Bientôt la pirogue accoste sur la rive boueuse :
— Le niveau de la rivière a baissé. Aussi nous allons rejoindre à pied la pirogue un peu plus loin, précise Bertrand.
Et nous voilà de nouveau dans la forêt, à un endroit particulièrement broussailleux où il faut se servir de la machette pour se frayer un chemin.
Retour dans la pirogue. Là je commence à en avoir RAS LE BOL. Nous accostons à un endroit escarpé où il faut grimper. Je suis à bout de force et on est obligé de me donner la main pour que je puisse atteindre le sommet. J’ai beaucoup de difficulté pour reprendre ma respiration et quand ça va un peu mieux, je demande à Bertrand :
— Dis-moi Bertrand, la balade de demain sera comme aujourd’hui ?
— Non… C’est plus dur !
— Dans ce cas, ce sera sans moi ! Je préfère rester au camp à vous attendre. Je trouverai toujours à m’occuper.
À cet instant précis, j’envisage même – sans le dire au guide- de retourner à Yaoundé pour le reste du voyage. Mais Bertrand est un garçon plein de ressources et il me dit :
— Pour demain, nous allons trouver une solution.
Arrivée au camp, je rentre dans ma chambre et je m’écroule comme une masse sur le lit.
C’est bientôt l’heure du dîner. Durant le repas, je sens soudain quelque chose sur mon pied droit. Je regarde et vois alors une énorme bestiole marron –genre lucane mais en trois fois plus gros – sur mes doigts de pied. Je secoue le pied mais elle résiste. Alors d’instinct je donne un coup avec la main pour la chasser. C’est alors que je me retrouve avec la bestiole accrochée à mon doigt qui se met aussitôt à pisser le sang !
Voici à peu près à quoi elle ressemblait :
Alain va aussitôt me chercher un pansement antiseptique. Je suis là, debout, totalement hébétée, à regarder mon doigt qui pisse le sang. Benjamin a donné un coup de pied dans l’insecte pour le chasser, il est maintenant à quelques mètres derrière moi, sur le dos. Le dîner reprend. De temps à autre je jette un œil pour voir si la bestiole est toujours là, puis je n’y pense plus jusqu’au moment où … Je sens soudain quelque chose qui me chatouille sur la jambe de mon pantalon.
— Au secours Benjamin, la bestiole est revenue ! Enlève-la, enlève-la !
Je suis debout, tenant la toile de mon pantalon, au bord de la crise de nerfs. Benjamin la fait tomber puis la pousse avec le pied.
— Plus loin, plus loin ! … Encore plus loin Benjamin !
Je reste debout tout le restant de la soirée à regarder au sol. Mon doigt me fait peu mal et j’imagine déjà que ça va s’infecter et qu’on va me couper le doigt.
Ah, mais que suis-je venue faire dans cette galère ?
Bientôt Bertrand annonce le programme du lendemain :
— Certains d’entre vous ont éprouvé quelques difficultés aujourd’hui. Aussi je vous propose de faire deux groupes pour demain. Ceux qui veulent peuvent rester au camp, je serai avec eux et nous irons rendre visite au chef du village, puis nous pourrons également assister à la messe dominicale et nous balader dans le village. Pour les autres, ce sera marche et pirogue sur les rapides du fleuve.
Ai-je besoin de vous dire dans quel groupe je m’inscris ? Christine la Belge reste également et Sonia hésite. Ouf, je ne suis pas la seule.
Bon, la journée fut assez mouvementée comme ça, je vais me coucher. Je pénètre dans la chambre, et avec la lampe torche, j’inspecte le lit. Je ne regarde surtout pas les murs et le plafond, de peur d’y voir des choses effrayantes. Je soulève un petit coin de la moustiquaire et m’engouffre en-dessous, puis je rebouche aussitôt la moustiquaire. Bon, là au moins je suis à l’abri, j’enlève les chaussures et je m’endors tout habillée. Au-dehors toute la faune nocturne s’en donne à cœur-joie, c’est un récital de bruits divers.
Allez ma fille, tiens bon ! Demain sera un autre jour …
À suivre
06:15 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : voyage, afrique, cameroun, dja
Commentaires
Au péril de sa vie, elle avance dans la jungle (enfin forêt) pour nous rapporter de jolis récits !
Bravo dame Tinou !
Tu m'épateras toujours autant
Bises
Écrit par : Christine | mercredi, 28 mars 2012
Bon ben moi j'commence à avoir la trouille !... Vivement la suite Tinou.. On est tous avec toi.....
Écrit par : Jean Louis | mercredi, 28 mars 2012
Bises à Christine....
Écrit par : Jean Louis | mercredi, 28 mars 2012
C'est du Kho Lanta,ça m'aurait bien plu...
Écrit par : noel | mercredi, 28 mars 2012
Trois fois la taille d'un lucane ??? Bigre ! Moi qui ai déjà peur d'une coccinelle !!!
Écrit par : Cigale | mercredi, 28 mars 2012
@ Jean Louis : "On est tous avec toi!" Oui, hum, je me sentais bien seule à ce moment-là.
@ Noël : ah oui, je suis sûre que ça te plairait. Renseigne-toi auprès de Nouvelles Frontières.
@ Cigale : je préfère encore cette bestiole à une araignée !
Écrit par : tinou | jeudi, 29 mars 2012
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