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samedi, 30 novembre 2013

203. Les petits travaux disparus -3-


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Il y avait des enfants un peu plus grands que moi qui venaient de Vaugareau dans la vallée et nous, nous étions à la Barbinière, sur la côte, un peu en retrait. Nous devions prendre un petit chemin vert piéton pour arriver sur la route. Maman avait demandé à Jean et à Jeanne -des jumeaux enfants d’une amie de maman- et à quelques autres de me prendre en passant. Ils faisaient « hou hou » très fort et je me retrouvais avec eux. Au début j’étais très timide et puis je me suis habituée. Au repas de midi j’allais chez une cousine pour déjeuner mais je ne m’y plaisais pas, elle n’aimait pas les enfants et je le sentais ; finalement je ne mangeais rien ou peu, je m’ennuyais.

Il n’y avait pas de cantine à l’école et comme papa était au conseil municipal, lors d’une réunion il a proposé d’organiser une cantine pour les enfants de la campagne ; Il fournirait lui-même les légumes pour faire un bon potage. Dans l’école on trouva un local où furent installés une cuisinière, une table et des bancs. Les grands avec la maîtresse firent la soupe. Nous devions mettre le couvert, faire la vaisselle, remettre tout en ordre après avoir mangé la soupe et nos tartines. Ce que  nous avons été heureux dans cette cantine ! À tour de rôle, une grande surveillait, mais ce n’était pas très sérieux, nous étions assez libres.

Heureux enfants ! Aujourd’hui tout doit être réglementé, des tables et des chaises d’une certaine dimension, une salle proportionnée et insonorisée, des règles d’hygiène draconiennes où c’est tout juste si les cuisiniers ne sont pas attifés comme des chirurgiens. Quant à la bouffe, n’en parlons même pas !

Je n’ai pas dû apprendre grand-chose la première année, je me suis simplement habituée.

J’aimais assez la maîtresse, mais le soir j’étais folle de joie de rentrer chez nous. Mes camarades me laissaient en haut de la côte et je descendais par le chemin. De là je voyais toute la ferme, la cour avec un bâtiment à droite, la façade à l’ouest qui comprenait la cuisine, une écurie, un hangar, une autre écurie de chevaux, un autre bâtiment face au midi avec l’étable, la grange, le cellier et nos chambres. Derrière l’étable et la grange il y avait la laiterie, le toit à porc et aux chèvres, le puits, le jardin et les cabinets …

Ah, la cabane au fond du jardin ! J’ai connu ça aussi chez elle et son mari. Un trou profond dans le sol, entouré de planches pour poser les pieds et, accroché à un fil de fer, le journal coupé en petits feuillets.

Nous devions passer entre les bâtiments par une « ruette » -un grand couloir avec un caniveau qui partait de la cuisine-. Cette ruette était glaciale l’hiver. Très souvent je voyais maman préparer les lampes pour le soir ; Elle les emplissait de pétrole, les essuyait bien ;  Elle faisait ça dehors à couse de l’odeur. Elle remplissait aussi la lampe tempête pour l’étable et les chevaux. Il n’y avait pas encore l’électricité en campagne, ni lampe de poche comme maintenant. Il fallait aussi rentrer le bois à la cuisine. Oui, chez nous il y avait un coin « tas de bois » rempli de rondins fins et gros pour la cheminée. Mes frères faisaient cette corvée, ensuite, quand j’eus dix ans, c’était moi. Nous n’avions pas encore de cuisinière et maman faisait la cuisine dans une marmite. Elle en avait une grosse et une petite.

Il y avait aussi un coin « eau » sur une petite table : c’était une seille pleine cachée sous un torchon pour la protéger de la poussière. Nous avions intérêt à faire le plein d’eau avant la nuit car le puits était assez loin. Cela est devenu ma corvée sitôt que j’ai su tirer de l’eau au puits.

Dehors, à gauche de la porte de la cuisine il y avait une sorte d’évier en pierre où était toujours posé un godet que nous remplissions d’eau. Du fond du godet partait un tuyau par où coulait l’eau sous laquelle nous nous savonnions les mains. L’eau sale s’écoulait dans le caniveau.

L’été mes frères et papa faisaient leur toilette dehors ; nous et maman faisions notre toilette dans une grande bassine dans la chambre.

En 1960, les choses avaient peu évolué à la campagne. Quand j’y allais en vacances, on faisait toujours sa toilette dans la cuisine et pour se laver complètement, Yvonne mettait une grande lessiveuse d’eau à bouillir dans la buanderie.

Le soir maman et Mélina trayaient et distribuaient nourriture et litière. Mes frères s’occupaient des chevaux, des cocottes et  des moutons. Papa lisait le journal et nous, nous jouions toutes les deux, ma petite sœur étant devenue une belle petite fille avec de jolies boucles.

 À suivre

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