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dimanche, 15 décembre 2013

221. Les petits travaux disparus -15-


podcast

Petit rappel :en 1978, Yvonne, une fermière de Luynes chez laquelle j'allais en vacances étant enfant, décida d'écrire ses souvenirs d'enfance dans un petit recueil qu'elle intitula "Les petits travaux disparus". L'histoire se déroule entre 1923 et 1931. 

Le jour du mariage arriva. Maman mit son bonnet de Tourangelle, comme elle avait un visage fin et bon ! Ce n’était pourtant déjà plus la mode, mais pour toutes les cérémonies de mariage de ses enfants et petits enfants elle se coiffa de son bonnet.

Papa mit son chapeau haut de forme, mes frères étaient très beaux.

Il y eut une belle cérémonie à la mairie et à l’église suivie de la séance photo et du repas avec toute la famille accompagné de chansons de tous genres. Nous étions éblouis par cousin Émile qui chantait gaiement et mettait tant d’entrain. Après le dessert ce fut le bal, c’était amusant pour nous d’essayer de danser avec tous les cousins et les cousines. Il me semble que nous sommes rentrés durant la nuit ; Papa avait mis une lanterne à la carriole et nous avions très envie de dormir.

Mon frère et sa jeune femme s’installèrent dans une ferme située à environ sept-cents mètres de chez nous. J’espérais aller les voir souvent.

Il me semble que c’est à cette époque que cousine Marie, qui se trouvait seule,  vint chez nous. Elle était plus âgée que maman mais restait très active.

Puisque Marie était là, mes parents décidèrent alors que j’irais apprendre à coudre chez Augustine, ma marraine. J’avais le cœur gros de ne plus aller à l’école …

Ma sœur avait repris le chemin de l’école toute seule mais elle était toujours assez craintive.

Ça m’ennuyait de m’en aller de chez nous. Mon parrain et ma marraine n’avaient pas d’enfants, ils habitaient Vallières. Ils m’avaient promis une bicyclette neuve pour mon certificat.

Les quinze premiers jours, je m’ennuyai beaucoup ; Ma marraine allait coudre en journée chez les cultivateurs des environs pour raccommoder et faire des chemises d’hommes et elle m’emmenait. Je devais être assise à côté d’elle et bâtir, coudre, faire de beaux petits points sans parler ni regarder par la fenêtre. C’était très dur pour moi qui avais l’habitude d’aller et venir à ma guise. Je pensais à la Barbinière, à ma famille, à mon chien qui devait me chercher … Finalement je m’habituai, je regardai le côté amusant d’aller chez les gens. Ce n’étaient jamais les mêmes.

Mon parrain était très gentil ; Le soir il me faisait raconter ma journée et il riait de mes réflexions. Je revenais tous les quinze jours à la maison par le tramway que je prenais à Vallières. Ensuite je traversais Luynes à pied pour monter jusqu’à chez nous. C’était une vraie fête de revenir à la maison, de retrouver mes parents et ma sœur qui ne me quittait pas … Mais le soir je devais repartir et je pleurais en allant reprendre le tramway.

Enfin je jour de l’An arriva et je pus rester quelques jours à la maison.

Tous les ans, le premier janvier, nous allions déjeuner chez Grand-père et Grand-mère G, les parents de maman qui habitaient aux Doguins. Ma sœur et moi partions assez tôt, mes parents arrivaient ensuite à pied car il faisait trop froid en carriole et mes frères venaient à vélo. 

Il nous fallait passer devant une ferme où il y avait des chiens à l’air féroce qui se jetaient sur le portail en nous montrant les crocs !

Nous arrivions chez nos grands-parents en leur souhaitant la Bonne Année, mais Grand-mère nous envoyait aussi chez les voisins. Nous détestions ça, ces vieilles femmes que nous trouvions curieuses, qui nous questionnaient sans cesse et c’est toujours moi qui devais répondre. Mais je répondais ce qui me plaisait ! Heureusement, nous ne restions pas longtemps et quel soulagement quand la corvée était faite … Nous retrouvions alors Grand-père qui était en train de chauffer un drôle de fourneau. Je ne sais comment il faisait, mais il arrivait à faire cuire dans le four un gigot de mouton qui était toujours un délice. Grand-mère préparait des pruneaux cuits au vin et saupoudrés de sucre. Elle était toujours très coquette, Grand-mère ; elle portait un bonnet gaufré et elle était fraîche là-dessous.

Grand-mère mettait la nappe blanche et les couverts, elle ne voulait surtout pas que nous touchions à quelque chose ! Enfin la famille arrivait et nous nous mettions à table joyeusement. Grand-père adorait nous faire parler et réciter des poèmes au dessert. Puis il nous donnait nos étrennes : un billet rose c’était cinq francs et un billet bleu c’était dix francs à l’époque. Grand-mère nous donnait aussi un billet, en cachette de Grand-père.

 

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Pour mon certificat, j’eus un billet rose et un billet bleu. Mon autre grand-mère m’avait donné un collier en or.

Nous repartions avec papa et maman tandis que mes frères allaient au bal. Cette année-là Madeleine était venue avec nous. Ce  jour de l’An 1931 fut le dernier heureux de mon enfance …

À suivre

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