vendredi, 30 octobre 2015
111. Voyage dans le temps -1-
Au retour de mon dernier voyage, j’ai décidé de faire une pause. Depuis déjà un certain temps, je n’éprouve plus de plaisir réel à aller voir ailleurs ce qui s’y passe. Le monde devient de plus en plus uniforme de quelque côté que ce soit …
Il est l’heure de faire le bilan de ces quinze dernières années. Que me reste-t-il comme souvenirs ?
Ce siècle n’avait encore qu’un an quand j’ai entamé mon premier déplacement. Les conditions étaient très particulières, mon mari était décédé le 31 juillet. Ma fille me propose alors de partir ensemble quelques jours avant la reprise du travail. Elle veut très certainement me sortir de l’enfermement et du chagrin dans lesquels je risque de tomber après toutes les démarches administratives effectuées.
— Où veux-tu aller ? J’aimerais bien voir l’Espagne du sud. Mais peut-être fait-il trop chaud à cette période …
— Et si nous allions à Berlin ?
— Ah oui, bonne idée, j’aimerais bien voir la ville maintenant que le Mur est tombé.
— Bon Mutti, tu t’occupes d’organiser ça. On pourrait partir la semaine prochaine !
Aussitôt dit, aussitôt fait. J’organise l’itinéraire, prévoyant un arrêt à Liège à l’aller. Au retour, on improvisera …
Mon mari avait à cette époque un coupé Hyundai, une voiture puissante mais que j’avais bien en mains. La conduite a toujours été pour moi une source de plaisir et l’idée d’avoir à conduire sur les autoroutes allemandes me remplit de joie.
Ayant quitté Tours le matin vers 8h, nous atteignons Liège dans l’après-midi. Le soir nous sommes allées au cinéma. Le lendemain, à la soirée, nous étions à Berlin. Peggy se débrouilla à merveille pour me diriger car nous arrivâmes pile au pied de l’hôtel, situé dans l’ancien Berlin-est. Le soir nous allâmes nous balader sur le Ku’Damm, les Champs Élysées berlinois d’alors. Aujourd’hui je pense que c’est la Unter den Linden qui est l’artère la plus élégante de la ville.
Nous avons mis à profit ces quelques jours pour faire une balade en bateau sur la Sprée, visiter quelques musées, voir les vestiges du Mur, prendre un pot en haut de la Tour de la télévision, découvrir la Potsdamer Platz en cours de rénovation (ainsi que la Porte de Brandebourg enveloppée dans un trompe l’œil amusant).
Nous quittons Berlin en direction de Weimar. Je ne reconnais plus rien de la ville où j’avais séjourné en 1969.
On ne peut quitter Weimar sans un arrêt au camp de Buchenwald à quelques kilomètres de la ville.
Les jours suivants nous nous baladons en Forêt Noire. Puis c’est le retour en France, et la vie qui reprend son cours. Mais pour moi, ce voyage fut l’un des plus beaux et des plus forts sentimentalement car j’étais avec ma fille à un moment difficile à vivre.
Peu après j’ai repris le travail, les tours de New-York se sont écroulées et le monde a peu à peu basculé dans la paranoïa que nous connaissons actuellement.
Pour ma part, j’entamais une nouvelle vie, seule, dans un nouveau siècle prometteur d’espérances illusoires dans lequel je ne trouve pas ma place.
À suivre
17:05 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (0)
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