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lundi, 19 décembre 2016

La dernière heure -1-


podcast

Demain, c'est la Saint-Urbain. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce malheureux curé de Loudun - se reporter ICI-.

Je viens justement de terminer la lecture du livre "Les diables de Loudun", écrit par un éminent historien, Michel Carmona. Une plongée dans ce XVIIe siècle encore empreint de beaucoup d'obscurantisme si l'on en juge la façon dont on traitait les personnes supposées être des suppôts de Satan. Malgré quelques passages assez fastidieux, mais nécessaires pour mieux comprendre l'affaire, ce livre se lit presque comme un roman. C'est pourquoi je vous propose de vivre la dernière journée d'Urbain Grandier comme si vous y étiez ! Voici ce qu'écrit l'historien:

" Le commissaire royal chargé de l'affaire de Loudun, Jean Martin de Laubardemont, comprend en juillet 1634 qu'il est grand temps de clore l'enquête et de mettre sur pied le tribunal qui jugera Grandier.

Il semble qu'un certain nombre de magistrats pressentis aient préféré se récuser. La liste est finalement publiée le 8 juillet.

Le 26 juillet, les quinze juges tiennent leur première séance. Elle débute par une messe solennelle en l'église des Carmes. [ ... ] Il leur faudra dix-huit jours de labeur continu, dimanches compris, à raison de six heures par jour, pour venir à bout de leur tâche. La procédure remplit "cinquante mains de grand papier", c'est à dire 5000 pages grand format. [ ... ]

Urbain Grandier est entendu par les juges durant trois longues séances les 15,16 et 17 août au couvent des Carmes où siège le tribunal. [ ... ]

Le 18 août 1634 à cinq heures du matin, les juges se réunissent au couvent des Carmes. Laubardemont est là. En fait, la cause est entendue depuis longtemps, et quelques minutes suffiront pour rédiger l'arrêt. Grandier est coupable, ainsi en ont décidé les juges :

"  Nous [ ... ] avons déclaré et déclarons ledit Urbain Grandier dûment atteint et convaincu du crime de magie, maléfice et possession arrivé par son fait ès personnes d'aucunes (en la personne de quelques) religieuses ursulines de cette ville de Loudun et autres séculières mentionnées au procés. "

Pour réparation desquels (crimes) , l'avons condamné et condamnons à faire amende honorable, tête nue et en chemise, la corde au col, tenant en ses mains une torche ardente du poids de deux livres devant les principales portes des églises de Saint-Pierre-du-Marché et Sainte-Ursule de cette ville de Loudun et là, à genoux, demander pardon à Dieu, au Roi et à la Justice. Et ce fait, être conduit en la place publique de Sainte Croix de cette dite ville pour y être attaché à un poteau sur un bûcher,que pour cet effet sera dressé audit lieu."

Le chirurgien Fourneau se rend à la prison pour raser complètement le condamné. Grandier connait trop les usages  de la justice pour se méprendre sur la signification de ce geste : il comprend qu'il va mourir.

Quelques instants plus tard, Laubardemont arrive afin de s'assurer du bon déroulement des opérations. Grandier, rasé, est revêtu d'une ample chemise enduite de soufre. Laubardemont dans son carrosse conduit Grandier sous escorte au Palais de Justice où doit avoir lieu la lecture solennelle de l'arrêt. Les rues sont noires de monde ; un Loudanais affirme que huit mille curieux se pressaient ce jour-là dans la ville.

Au Palais, dans la salle d'audience archicomble, les juges attendent en vêtements de cérémonie. Non loin d'eux, les exorcistes avec leurs ornements et les notables de Loudun. Urbain Grandier est prié de s'agenouiller face à ses juges. Le greffier Nozay donne lecture de l'arrêt : 18 août 1634, 7 heures du matin ...

La lecture du jugement s'achève une heure plus tard. [ ... ]

À suivre

 

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