jeudi, 15 août 2019
C'était un quinze août
15 août 2000 : ce jour-là mon mari et moi avions retenu une table au Gardon frit à Pouzay. C'était une belle journée ensoleillée, un peu chaude même. Nous n'avions pas pensé que c'était le jour de la foire aux melons et que, par conséquent, il y aurait beaucoup de monde dans le village.
Quand nous arrivons à Pouzay, la route est fermée et nous sommes donc obligés de nous garer à l'entrée du village.
— La petite marche va nous mettre en appétit, dis-je à mon mari qui, fatigué, rechignait toujours à faire de longs trajets à pieds et commençait déjà à râler.
Nous arrivons bientôt devant le restaurant, situé juste avant le pont sur la Vienne. Ils sont deux à se faire face, d'un côté le restaurant "Chez André", de l'autre côté "Le gardon frit" et les deux établissements sont spécialisés dans les fruits de mer.
On s'installe dans la cour intérieure, sous une treille, à l'abri du soleil. Le déjeuner est agréable, on se fait une cure de langoustines puis on termine le repas avec un sorbet maison.
Quand nous sortons du restaurant la foule a envahi les rues du village. Tranquillement nous rejoignons le parking puis nous rentrons à la maison en prenant des petites routes qui serpentent dans la campagne. Je me souviens que l'air était suffocant et nous roulions fenêtres ouvertes.
Une fois arrivés chez nous, nous nous affalons dans le salon. À mon habitude je m'endors tout de suite et à mon réveil (peut-être une heure plus tard), je m'aperçois que mon mari s'est également endormi dans le fauteuil. Mais son sommeil m'inquiète, il souffle fort et ne répond pas quand j'essaie de le réveiller. Mon mari est diabétique et doit se faire des piqûres quotidiennes. En général il gère assez bien son taux de glycémie.
J'appelle aussitôt le médecin de garde et lui explique la situation.
— Vous lui avez pris son taux de glycémie ? me demande-t-il alors.
— Non, mais je pense qu'il est en hypoglycémie.
— Bon, j'arrive dès que possible.
Dès que possible ... Cela me parait interminable. Ce n'est que plus d'une heure après qu'il arrive enfin à la maison. Mon mari est toujours dans son fauteuil, inconscient. Le médecin essaie alors de lui prendre son taux de glycémie en le piquant dans un doigt, mais il n'y arrive pas. Finalement il appelle le SAMU.
Je suis la camionnette des secouristes avec ma voiture, brûlant les feux comme eux pour atteindre le service des urgences à l'hôpital Bretonneau. Il est aussitôt pris en charge par un médecin urgentiste :
— Votre mari a un taux de glycémie extrêmement faible qui engage son pronostic vital. Nous allons le garder en observation.
Je me retrouve seule à la maison. Je pressens que l'avenir sera difficile à vivre ...
15 août 2001 : c'est la foire aux melons à Pouzay et mon mari est mort il y a quinze jours.
15 août 2019 : c'est toujours la foire aux melons à Pouzay et je me souviens. Pour moi la vie continue malgré tout ...
07:15 Publié dans C'est arrivé le ... | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Que dire ? Je suis née un 15 août et je n'aime pas le melon ;-)
Écrit par : Catherine | samedi, 24 août 2019
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