samedi, 16 septembre 2017
Un avant-goût
01:05 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (8)
mercredi, 06 septembre 2017
Départ imminent
Je pars me mettre au vert une semaine. Je vous donne rendez-vous pour un nouveau récit de voyage à partir du 16 septembre. D'ici là, portez-vous bien !
16:56 Publié dans Evènementiels | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 05 août 2017
Lectures estivales -1-
Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Régis Debray intitulé Civilisation - Comment nous sommes devenus américains-. Tout un programme et un constat affligeant, certes, mais inéluctable : Les Français et plus largement les Européens deviennent ce que Debray surnomme des Gallo-Ricains.
Le livre débute par deux citations ; la première est de Paul Valéry en 1939 dans Cahiers:
Je me demande si tout ceci — l'Europe — ne finira pas par une démence ou un ramollissement général. " Au quatrième top — il sera exactement ... la fin d'un Monde".
La seconde citation est tirée des Écrits historiques et politiques de la philosophe Simone Weil (1943) :
Il y va du destin de l'espèce humaine. Car de même que l'hitlérisation de l'Europe préparerait sans doute l'hitlérisation du globe terrestre, accomplie soit par les Allemands, soit par leurs imitateurs japonais — de même une américanisation de l'Europe préparerait sans doute une américanisation du globe terrestre. Le second mal est moindre que le premier, mais il vient immédiatement après. Dans les deux cas, l'humanité entière perdrait son passé.
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Cette transformation de la société se fait de manière sournoise, insidieuse, sans qu'on y prête forcément grande attention. Mais pourtant...
Dans son livre, Régis Debray nous présente un petit personnage, Hibernatus, qui avait vingt ans en 1960 et habitait le Quartier Latin à Paris. Il se retrouva cryogénisé - les progrès de la science !- et, une fois décongelé en 2010, il retrouve son quartier.
Extrait :
" Commençant sa tournée matinale par les jardins du Luxembourg, il fut plongé dans la perplexité par le spectacle d'une épaisse colonne d'individus essoufflés, hommes et femmes, jeunes et vieux, en petite tenue, courant le long des grilles, certains tout à leur affaire, la plupart tirant la langue. Punition collective ? Marathon d'arrondissement ? Il n'eut pas le temps d'éclaircir ce point , quand, arrivant au bas de la rue Soufflot, qui menait au Panthéon, vers les grands hommes et la patrie reconnaissante, il ne reconnut pas les deux propylées d'angle. À la place du Café Mathieu ( où les garçons étaient assez antipathiques, ne faisant bon accueil qu'aux Légions d'honneur), se tenait un McDonald's, et, de l'autre côté, à la place du Capoulade (où il avait ses habitudes) se dressait un Quick (Quality Burger Restaurant), le Mega Giant en réclame. Le choc visuel fut absorbé, mais d'autres vinrent à sa rencontre quand il descendit le Boul'Mich. Deux boutiques sur trois étaient de fringues, leurs enseignes en anglais ou en un dialecte approchant. À la file Derby, " Very Good Soldes" en lettres rouges, H.P. Caterpillar, New Shop, Luxury Outlet. Un opticien s'affichait OnOptic, un autre Optical Discount, un pharmacien Sagacosmetics, un autre The Body Shop. Le bureau de tabac, Altersmoke. Le pâtissier Pradier exhibait en vitrine un minute take away. Hibernatus passa et repassa sans broncher devant le Mark & Spencer Food, le Starbucks Coffee, le Gap vestimentaire, au coin de la rue des Écoles, Baby Gap en bas, Women Gap en haut : normal, que du classique. Mais le coup au plexus fut, à mi-chemin, la grande librairie des Presses universitaires de France, où profs et étudiants, plusieurs fois par semaine, venaient se rafraîchir la tête en regardant les nouveautés, remplacée par un fastueux magasin Nike, le plus beau de tous. La photo d'un grand athlète noir sur la vitrine était barrée, en grosses lettres blanches, d'un Are you running today ? qui rappelait le passant à ses devoirs de vélocité ( Hibernatus s'expliqua alors l'encombrement du Luxembourg), avec, en gros plan, une Apple Watch, griffée NRC (pour Nike Run Club), Backto basics. Les pieds d'abord. Et le minutage.
Hibernatus poursuivit sa marche, longea le musée de Cluny, ceint d'une palissade avec l'inscription Welcome to Medieval World et une flèche Entrance this way. Curieux de revoir La Joie de lire, la librairie Maspero (4, rue Saint-Séverin), où il avait pris, à vingt ans, ses premiers cours de planète en parcourant à la dérobée toutes sortes de feuilles subversives en espagnol, italien, anglais, roumain, etc ., il traversa le boulevard Saint-Germain et vint à tomber sur un shop de vêtements Celio, Enter on your right. Hibernatus, très secoué, sentit une petite faim. Avisant dans un recoin un petit HD'S Dance prometteur, car intitulé Back to the Fifties (Best Burgers and Shakes), non loin d'un Vintage Standards, magasin de fourrure pourvu d'une bande lumineuse défilante Europa first opening, il alla s'affaler dans ce bistro et commanda machinalement, bêtement, un jambon-beurre : " Nous n'avons pas cela, Monsieur, mais le burger est fait maison." Soit. Un jet de ketchup par-dessus, le sandwich multicouche s'avéra excellent.
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Je m'arrête là, mais avouez quand même que c'est excellent. Personnellement ça aurait tendance à me ficher la frousse. Déjà à la télé la moitié des publicités sont en anglais. Aussi j'ai prévu dans les prochains jours une sortie pour voir si cette intrusion dans nos rues est aussi importante que dans l'exemple de Paris.
16:59 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 04 août 2017
Disparition alarmante
J'aime bien écouter les oiseaux chanter dans mon jardin. Mais je dois dire que cela devient de plus en plus rare . Où est passé le coucou, où sont donc les moineaux qui gazouillaient allègrement dans la haie ? Tout cela a malheureusement disparu depuis deux ou trois ans. Depuis le début de l'année je n'ai pas vu un seul moineau dans le jardin ! Inquiétant, non ?
Seules subsistent encore les mésanges, mais pour combien de temps ? Les gens ne semblent pas s' apercevoir de cette disparition ; il faut dire aussi qu'ils auraient du mal à le voir vu qu'ils ont les yeux rivés sur leur smartphone 24h sur 24.
Les causes de ce phénomène n'ont pas été clairement identifiées.
Pour en savoir un peu plus :
11:57 Publié dans Enigmes | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 30 juillet 2017
Tout rentre dans l'ordre
Souvenez-vous, c'était en mars dernier ; mon malheureux cousin se morfondait dans une maison de retraite où sa fille l'avait fait entrer avec l'accord de sa mère. La plupart des résidents étaient des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ce qui n'était en rien le cas de mon cousin qui ne présentait aucun trouble particulier hormis une grande faiblesse.
Chaque visite était un véritable déchirement. J'avais donné mon avis très personnel de la situation; cela n'engageait que moi bien sûr. Il me paraissait anormal qu'il soit enfermé ainsi entre quatre murs pour la seule et unique raison qu'il se déplaçait difficilement !
De son côté ma cousine me rétorquait qu'elle ne se sentait pas la force physique pour le prendre en charge. Et puis, sa fille ne voulait absolument pas qu'il revienne chez lui ...
Alors le temps a passé peu à peu. En avril, je suis allée le voir quelques fois. Il restait enfermé dans sa chambre, assis dans son fauteuil à regarder le paysage par la fenêtre ou bien occupé par la lecture. Par moment, il avait des sursauts de résistance, disant qu'il allait se sauver. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, l'imaginant se carapater avec son déambulateur.
La situation était plutôt démoralisante ,avouez quand même !
La veille du 1er mai, ma cousine fit une perforation de l'estomac et elle fut conduite aux Urgences. Les médecins décidèrent de la garder en observation durant le week-end. Elle se retrouva donc dans une chambre, seule, sans traitement spécifique et l'idée d'être enfermée ainsi durant trois jours lui fit peur. Aussi, profitant de ce que le couloir était vide, elle se sauva et se retrouva bientôt dans la rue ; la nuit tombait peu à peu, elle était sur une grande artère, et, ayant oublié de prendre de l'argent avec elle, elle décida de faire du stop !
J'imagine la tête des gens voyant ainsi sur le bord de la route une petite bonne femme âgée avec un gros sac à la main et levant le pouce comme au bon vieux temps ! Ce fut un Noir qui s'arrêta. Là encore je ne peux pas m'empêcher de sourire quand on sait combien ma cousine est raciste ! Espérons que cette expérience lui ouvre un peu les yeux. Bref, ce brave garçon la reconduisit jusqu'à la porte de sa maison.
Elle me raconta son épopée quelques jours plus tard alors que j'allai lui rendre visite. Elle avait quitté Tours pour sa maison de campagne, les beaux jours arrivant.
— J'espère que tu imagines maintenant ce que peut ressentir Adolf enfermé depuis plus deux mois !
— Oui, bien sûr ...
En mai je suis partie en Sicile et à mon retour j'ai téléphoné pour avoir des nouvelles. Pour Adolf, rien n'avait changé mais ma cousine commençait à se poser des questions.
— Tu crois que j'aurai une aide au cas où il revienne ? Je me sens si faible.
Et puis, un matin au début du mois de juin, le téléphone sonne :
— Allo Danielle, ici c'est Colette. Je t'informe qu'Adolf est revenu à la maison, je suis allée le chercher hier matin.
— Ah quelle bonne nouvelle ! Je passe vous voir dès que possible.
J'avais acheté des cerises car je sais mon cousin friand de fruits. Quand je suis arrivée, il était assis sur la terrasse , admirant le jardin en fleurs, les oiseaux, dans le ciel, respirant à plein poumon l'air de la campagne retrouvée.
Quelle joie de le voir ainsi.
J'y suis retournée hier. Tout semble aller pour le mieux, enfin disons qu'ils ont repris chacun leurs habitudes. Une aide passe quotidiennement pour donner des soins .
J'avais apporté mes derniers livres de photos. En parcourant l'album sur la Pologne, il a repensé à son père qui durant la guerre était officier de la Garde du Mémorial de Tannenberg, là où avaient été enterrés le Maréchal Hindenburg et son épouse en 1934.
Puis, en parcourant l'album sur la Sicile, il m'a raconté les détails de son voyage effectué soixante ans auparavant. On est alors coupé dans notre conversation par une voix provenant de la maison voisine. De l'autre côté de la haie la voisine interpelle ma cousine. C'est une femme d'une quarantaine d'années qui semble très agitée et qui s'excite toute seule au fur et à mesure qu'elle parle. Elle se plaint des arbres qui débordent sur SON terrain.
Elle finit son monologue par un retentissant : SALOPE !
Quand je suis repartie, le chemin qui mène à la route était couvert de branches coupées ...
Ma cousine me fait peur quand elle me dit : J'espère qu'ils n'ont pas rayé ta voiture !
Décidément, pour vivre heureux vivons cachés.
18:27 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (0)