mardi, 07 octobre 2014
181. Carnet de voyage en Jordanie -9-
Samedi 27 septembre : Amman
Dernière journée en Jordanie ! La valise doit être bouclée avant de quitter l’hôtel car ce soir le guide nous laisse à l’aéroport.
Ce matin nous allons (enfin) visiter Amman. Le peu qu’on en a vu depuis notre arrivée ne m’a pas semblé particulièrement attrayant, malgré un effort pour l’harmonie architecturale, les immeubles d’habitation ne devant pas dépasser les quatre étages et toutes les façades d’immeubles ayant obligation d’être revêtues de pierre blanche.
La population atteint bientôt les 4 millions d’habitants alors qu’en 1920 on en comptait à peine 4000 ! La moitié de la population jordanienne réside à Amman.
Cette brusque explosion est due en partie à l’afflux des réfugiés venus des pays limitrophes (Liban, Irak, Syrie).
Et cependant Amman a un riche passé historique qui en fait une des plus vieilles villes du monde (avec Damas et Jericho). Les premiers habitants furent les Ammonites (d’où le nom « Amman ») qui étaient présents 2000 ans avant .J.C.
Se succédèrent les Juifs, les Assyriens, les Babyloniens, les Romains. C’est de l’époque romaine que datent les vestiges encore visibles.
En 635 la ville est conquise par les Arabes puis par les Omeyyades jusqu’en 750. S’ensuit une période d’oubli jusqu’à ce que les Ottomans, au XIXe siècle, décident de peupler la ville avec des Circassiens déportés de Russie.
Après la Première Guerre Mondiale, les Turcs se retirent définitivement et Amman devient le siège du gouvernement nationaliste arabe (avec l’appui de l’Angleterre).
C’est donc la partie historique que nous allons découvrir ce matin dans la ville basse.
Le bus nous laisse tout près du théâtre romain ; c’est l’occasion l’unique occasion qui nous sera proposée de flâner un tout petit peu dans les rues. C’est très frustrant pour moi qui aime tant faire des photos de scènes de rue. À peine un quart d’heure pour prendre le pouls d’une ville ! Alors je mitraille par-ci, par-là …La récolte reste maigre.
Je suis revenue en ayant pris 900 photos dont la plus grande partie est composée de ruines et de paysages. Je n’ai que deux photos d’enfants et cinq ou six de personnes.
Vous remarquerez que les femmes sont quand même assez peu présentes dans les rues.
Mais revenons au côté culturel de ce voyage :
Le théâtre romain, construit au IIe siècle est merveilleusement conservé ; il pouvait accueillir 6000 personnes. Aujourd’hui il sert encore de cadre pour des représentations estivales.
L’Odéon, construit à la même époque, et qui a été très bien restauré :
Le musée des Traditions populaires, avec ses costumes des différentes tribus, les voiles à pincettes richement décorés.
Quelques belles mosaïques ont été regroupées à l’entrée du musée.
On reprend le bus pour grimper sur la colline où se trouve la Citadelle :
De là-haut, on a une vue impressionnante sur toute la ville dont on ne voit pas le bout de quelque côté que l’on se tourne.
Le temple d’Hercule :
Construit sous Marc-Aurèle, il n’en reste que des ruines ainsi qu’une main de la statue en marbre gigantesque représentant Hercule. On suppose qu’elle (la statue, pas la main !) devait mesurer 13m de hauteur !
D’autres vestiges tout autour du site, mais là, j’ai zappé les explications, occupée à zoomer sur la ville moderne !
Voilà, notre visite d’Amman s’achève ici et nous partons maintenant vers le nord en direction d’Ajlun. Mais bon, on en reparlera demain.
À suivre
12:57 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voyage, jordanie, amman
dimanche, 05 octobre 2014
179. Carnet de voyage en Jordanie -7-
Jeudi 25 septembre : Chez Habiba
Après la visite du site de Gadara, nous retournons à Amman et nous arrivons à l’hôtel vers 17h30. Là, le guide prend congé de nous jusqu’au lendemain matin.
Flûte alors ! Il aurait au moins pu nous donner quelques idées de sortie dans la ville. Je suis dans la chambre à me morfondre, il n’y a rien d’intéressant à voir autour de l’hôtel, si je m’allonge sur le lit je vais m’endormir ; J’ai donc besoin de bouger un peu.
Je prends donc le guide du Routard et j’épluche la rubrique « Où sortir ? » …
Ça y est, j’ai trouvé mon bonheur ! Une pâtisserie renommée, Habiba. Me voici toute excitée à l’idée d’une petite virée. Mais bon, il faut tout de même que je me renseigne pour savoir s’il y a des risques à sortir seule et pour cela je vais voir le marchand de souvenirs de l’hôtel, Zouhair, avec qui j’ai sympathisé le jour de notre arrivée :
— J’ai envie d’aller acheter des gâteaux dans une pâtisserie, voici l’adresse. Est-ce que ça craint ?
Et je lui montre le guide.
— Non, aucun problème. Et la pâtisserie se trouve à 10mn en taxi.
— Bon, c’est parfait, j’irai donc après dîner. J’ai lu que le magasin était ouvert jusqu’à minuit.
À l’heure du dîner, je retrouve Marie et Gérard.
— J’ai trouvé l’adresse d’une bonne pâtisserie à Amman et je compte y aller après dîner. Si cela vous tente, nous pouvons y aller ensemble.
Marie est partante pour m’accompagner ; quant à Gérard, un ancien prof de français qui doit avoir mon âge, il hésite un peu, il lui faut réfléchir … Soit.
Cependant, l’idée d’une petite virée semble pourtant l’exciter beaucoup car, quand les autres arrivent, il s’empresse de leur dire :
— Ce soir, avec Danielle, nous sortons en ville ! Nous allons chez Habiba !
Très sceptiques, les autres. Denis, le photographe arrive même à dissuader Marie. Afin de mettre tout le monde à l’aise, je rajoute alors :
— Ne vous sentez pas obligés de venir avec moi, je peux très bien me débrouiller seule. Faites comme vous le sentez.
Finalement, Gérard décide de m’accompagner. Avant de partir, je retourne voir Zouhair qui, sur un papier, écrit en arabe le nom et l’adresse de l’hôtel, puis me donne son numéro de portable au cas où nous aurions quelques soucis.
Et c’est parti ! Au dehors, le flot des voitures est très intense, nous sommes la veille du vendredi et les Jordaniens sortent faire la fête en ville. Je sens que Gérard est très crispé.
— J’espère que tu te débrouilles en anglais, car moi, je suis très limitée !
Voici un taxi en approche et Zouhair, qui est sorti avec nous sur l’avenue, explique au chauffeur l’endroit où nous devons aller.
— Monte devant, dis-je à Gérard.
Gérard a la pétoche, ça se voit. Il n’arrête pas de poser des questions :
— Et comment on va faire pour rentrer ?
— Eh bien comme on vient de faire pour partir. Je vais héler un taxi !
Nous sommes bloqués dans les embouteillages.
— Et si on ne trouve pas de taxi ? Et si la pâtisserie est fermée ?
Et si, et si … Ça cogite dans le cerveau de Gérard. De mon côté, je finis par me demander si j’ai bien fait d’emmener quelqu’un avec moi, surtout quelqu’un qui a la trouille.
Le taxi nous conduit sur des artères très animées bordées de beaux magasins ce qui redonne un peu de courage à mon partenaire. Il (le taxi) s’arrête bientôt devant un grand magasin de deux étages, très luxueux et brillant de mille feux : Habiba ! C’est le LENOTRE jordanien.
— Tu vois, nous ne sommes pas dans les bas fonds d’Amman !
Je vois alors Gérard retrouver le sourire et souffler.
Nous grimpons un vaste escalier et pénétrons à l’intérieur. Bienvenue au royaume de la gourmandise ! Des dizaines de serveurs s’activent derrière les comptoirs. Nous ne savons plus où donner de la tête tant il y a du choix.
Finalement nous optons pour de magnifiques boîtes en marqueterie remplie de gâteaux. Après avoir réglé nos achats, nous empruntons un escalator pour rejoindre le niveau supérieur du magasin, où se situe un vaste espace occupé par des gens venus déguster en famille. Discrètement on observe une femme, entièrement voilée, et qui, à chaque bouchée, doit soulever son voile pour avaler.
— Ah, je ne suis pas prêt d’oublier cette sortie, s’exclame Gérard au moment où nous quittons le magasin.
— Tu n’auras qu’à penser à moi quand tu mangeras les gâteaux.
Son air enthousiaste est un vrai bonheur pour moi. On dirait un gamin qui sort d’un magasin de jouets au moment de Noël.
Bon, maintenant, il s’agit de rentrer. Je me mets à héler un taxi. Ils sont tous pris et nous attendons un certain temps avant que l’un d’entre eux finisse par s’arrêter.
Nous nous engouffrons à l’intérieur mais, quand je donne la carte et le papier de Zouhair, le chauffeur (qui ne parle pas anglais) ne semble pas connaître l’endroit.
— Descends, dis-je à Gérard. Nous allons prendre un autre taxi.
Quelques minutes plus tard, voici un autre taxi en approche. Nous grimpons à l’intérieur. Je redonne les deux papiers, mais il semble qu’il y a un problème ! En fait, tout est de ma faute, je me suis trompée de carte d’hôtel !
Le chauffeur téléphone donc à Zouhair (heureusement qu’il m’avait donné son numéro) :
— It’s OK ! Et le taxi redémarre.
Au fur et à mesure que nous avançons, les rues sont de plus en plus étroites et il fait de plus en plus sombre. Pas un Bédouin dans les rues ! Je sens mon Gérard un peu crispé … Pour le rassurer et aussi parce que je le pense, je lui dis que nous prenons un raccourci pour rejoindre plus rapidement l’hôtel. Par un moment, une voiture déboule brusquement sur la droite et faillit nous emboutir !
Effectivement nous débouchons bientôt sur l’avenue de l’hôtel et le chauffeur nous laisse bientôt en face. Zouhair est là qui nous attend ! Dernier obstacle à surmonter : la traversée de l’avenue –une quatre voies séparée au milieu par un muret.
Zouhair nous empoigne alors par la main, chacun d’un côté et nous voici, tenant nos petits sacs en toile de chez Habiba, et courant pour éviter de nous faire renverser …Le lendemain matin, lorsque les autres nous demandent comment s’est déroulée notre sortie, je reste très évasive. Mais Gérard, qui est encore sous le coup de l’émotion, commente l’expédition avec maints détails. Il est amusant de noter que l’on sent un peu de dépit chez les autres.
Cette soirée restera parmi un de mes meilleurs souvenirs de voyage !
01:05 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : voyage, jordanie, amman