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mardi, 03 novembre 2009

392. Vingt ans déjà !

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C’était le 9 novembre 1989 : on apprenait avec stupéfaction que le Mur de la honte – c’est ainsi que l’on appelait alors le mur qui séparait Berlin en deux- était tombé sous les coups de pioches d’une foule en liesse. Des images inoubliables pour tous ceux qui ont connu, comme moi, la ville séparée par ce hideux mur le long duquel étaient enterrés tous ceux qui avaient risqué leur vie pour passer à l’ouest. Il me reste encore quelques mauvaises photos en noir et blanc qui ne font qu’accentuer le côté lugubre de cette période, et des souvenirs nostalgiques de voyages effectués en Allemagne  de l’est, la DDR (deutsche demokratische Republik).

Dans les années soixante, une atmosphère très étrange régnait dans cette ville. D’un côté il y avait Berlin-ouest avec ses lumières et son clinquant sur le Ku-Damm (les Champs Élysées berlinois), et de l’autre une ville encore dans les ruines de la dernière guerre  et où l’on avait construit d’affreux immeubles gris sur de larges avenues désertes aux noms très évocateurs ( Karl Marx, Lénine etc). D’un côté le capitalisme à outrance et de l’autre le communisme pur et dur.

La Postdamerplatz en 1967 :

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Mon premier voyage remonte à 1967 avec mes parents. Nous étions allés jusqu’à Berlin en voiture. Le passage du Rideau de Fer séparant l’Europe en deux blocs fut assez épique. Nous restâmes bloqués un certain temps à la frontière entre les deux Allemagne, dans un baraquement sordide, le temps que les Vopos désossent les sièges de la voiture, sous le regard furibond mais contenu tout de même de mon père. Ma mère fut prise d’un accès nerveux qui se transforma en crise de fou-rire. C’était bien le moment ! Quelques heures plus tard nous remontions finalement dans la voiture. En route pour Berlin… Durant notre séjour, nous sommes donc passés à Berlin-est en empruntant le fameux « Checkpoint Charlie » dans la zone américaine de la ville avec un visa d’une journée. Le contraste entre les deux parties de la ville était saisissant ! Au retour, j’ai bien cru ne pas pouvoir repasser le mur car sur mon passeport j’avais les cheveux longs et le douanier a passé bien du temps à me dévisager…

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L’année suivante je suis retournée une semaine à Berlin et j’en ai profité pour aller voir ma correspondante qui habitait dans la Templinerstrasse à l’est. Cette fois-ci j’ai emprunté le métro. Les stations venant de Berlin-ouest étaient naturellement hors service et gardés par des soldats en armes avec des chiens policiers. J’avais apporté à mon amie des disques de musique à la mode alors. Avec le recul, je me dis qu’elle n’a surement pas eu l’occasion de les écouter ( trop dangereux).

En 1969, troisième voyage en Allemagne de l’est. Cette fois-ci, je suis partie avec mon amie Francine. Nous nous étions inscrites pour suivre des cours d’allemand à l’université de Greifswald, tout au nord de l’Allemagne, près de la frontière polonaise. À la descente du train une charrette à bras nous attendait pour réceptionner nos valises et nous avons traversé la ville à pied. Je soutenais mon amie en larmes qui avait craqué nerveusement et qui voulait rentrer en France. Mais quand on est jeune, on s’adapte à tout… Et puis, ce n’était quand même pas la fin du monde. Certes, nous n’avons pas toujours mangé à notre faim, certes il y avait des rats dans les dortoirs, certes on nous a obligés à manifester contre la guerre au Vietnam. Mais nous sommes revenues avec une expérience intéressante et ça mérite bien quelques sacrifices.

Et puis, en 1987, lors d’un voyage à Poznan, en Pologne, j’ai retraversé l’Allemagne de l’est. Les baraquements à la frontière avaient disparu, même si le contrôle était toujours aussi oppressant. D’ailleurs ma fille âgée de 15 ans à l’époque, eut, elle aussi, sa crise de fou-rire nerveux lors du  contrôle des passeports. Il est vrai que le douanier avait une tête à jouer dans un film d’espionnage.

Enfin en 2001, je découvre la ville réunifiée. Ça fait tout drôle ! Le « bling-bling » se situe maintenant sur la Unter den Linden… Qu’en est-il des espoirs de 1989 ? Beaucoup de déception je pense de constater que dans ce monde il n’y a pas de système parfait, et que, au final, le communisme n’avait pas que des mauvais côtés… Autrefois on construisait des murs pour empêcher les gens de fuir, aujourd’hui les murs sont érigés pour les empêcher de rentrer. On peut se dire que tant qu’il y aura des hommes il y aura des murs faits pour les séparer.

Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille de regarder l’excellent reportage de Patrick Rotman sur « Un mur à Berlin » ce soir sur France 2, suivi par le tout autant excellent film de Wolfgang Becker  « Good Bye Lenin » !

 

De mon côté, j’ai réuni quelques photos dans un diaporama :