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samedi, 11 mai 2019

L'humanité en péril

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Elle est en colère, Fred Vargas, et elle le fait savoir comme elle le peut. 

En 2008 déjà elle avait écrit ce message  : Nous y sommes.

Mai 2019 : Où sommes-nous ? Au bord du gouffre. Que dis-je, nous commençons la dégringolade vers le néant et apparemment TOUT LE MONDE ( ou presque) S'EN FOUT.

Lors de la COP 24 qui s'est tenue fin 2018 à Katowice, en Pologne, son texte a été lu par Charlotte Gainsbourg. Prenez le temps de l'écouter :

Si vous êtes un peu plus courageux, vous pouvez également le lire :

Nous y sommes

Par Fred Vargas

Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente
menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance, nous avons chanté, dansé.

Quand je dis  nous , entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à
l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé  les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en  tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.

On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s'est marrés.

Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution.

Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont
quelques esprits réticents et chagrins.

Oui. On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé
notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi ou crevez avec moi

Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux. D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.

Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais. Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de
chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au  voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, — attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille — récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).

S'efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.

Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.

Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d'échappatoire, allons-y. Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.

A ce prix, nous réussirons la Troisième Révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

Fred Vargas

L-humanite-en-peril.jpgDébut mai, Fred Vargas a sorti un nouveau livre, une sorte de réquisitoire et de cri d'alarme ; il s'agit de L'humanité en péril.

Quand j'ai voulu me le procurer il était en rupture de stock. Tant mieux, ça veut dire que les gens se sentent concernés ! Je suis allée le chercher ce matin.

Je ne l'ai donc pas encore lu, mais voici ce que l'auteur nous en dit :  

vendredi, 26 septembre 2008

Quand la mer monte

 

Si vous avez regardé l’émission d’Yves Calvi « C’est dans l’air » mercredi dernier,  et si vous habitez la Charente Maritime, l’estuaire de la Loire, celui de la Gironde, le bassin d’Arcachon (eh oui, Jocelyne !) ou bien encore en Camargue, vous avez de quoi vous faire des cheveux blancs !mer.jpg

Cela fait des mois, pour ne pas dire des années que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme à propos de la fonte de la calotte glaciaire et à juste titre. La banquise articque a fondu de moitié en trente ans. Le processus s’accélère et d’ici 2015 elle aura totalement disparu !  Cela occasionne actuellement une bataille politique entre les possesseurs de ces terres, à savoir les Etats-Unis, le Canada, la Norvège et la Russie. Chacun veut tirer à soi le maximum de profit. Il y aurait des ressources pétrolières ( de quoi subvenir pendant un an à la consommation d’un pays comme les Etats-Unis). Pour empêcher la dégradation totale de cette partie du globe, Jean-Louis ETIENNE propose de donner à l’Arctique le même statut qui existe déjà sur l’Antarctique, à savoir faire de cet endroit une zone scientifique  protégée. Une pétition circule actuellement. Vous la trouverez ICI.

Mais revenons à la France : dans les Pyrénées, on comptait encore 44 glaciers en 2000. Aujourd’hui il n’en reste que 28. Dans les Alpes, un bon nombre de stations de ski vont devoir fermer leurs portes faute d’enneigement. (Ça a déjà commencé).

Cette fois-ci, on est arrivé au point de non-retour. Faute de pouvoir freiner le processus du réchauffement climatique, il n’y a plus qu’à constater les dégâts et envisager des mesures pour le court terme, mais aussi le moyen et le long terme. Tout ceci a un coût, bien sûr, et comme chez nous les caisses sont vides, parait-il…

Que va-t-il se passer maintenant ? Les tempêtes hivernales vont être plus fréquentes et plus violentes aussi.

Certains chercheurs prédisent une augmentation du niveau de la mer de 40cm à 1m dans les prochaines décennies, d’autres –des pessimistes sans doute- estiment que la montée du niveau de la mer se situera entre 1m et 2m.

Les Belges et les Néerlandais qui vivent dans des zones particulièrement sensibles  se montrent déjà plus prévoyants. Ils savent que les digues ne sont assez fortes pour résister à des tempêtes de plus en plus violentes. Ils ont déjà envisagé de rendre des terres à la mer afin que les eaux puissent s’y engouffrer sans submerger les zones habitées.rechauffement.jpg

En France, on ne semble pas faire grand-chose pour l’instant, on se contente de regarder et de constater qu’effectivement beaucoup de régions actuellement habitées vont devenir des zones  inondables très prochainement. Mais cela n’empêche pas les promoteurs de continuer de construire dans ces zones à risque.

Vous habitez Les-Saintes-Maries de la mer ? Prévoyez l’achat d’un bateau , ce sera tôt ou tard le seul moyen de locomotion dans la région.

Une partie de l’île d’Oléron va disparaitre sous les eaux, le marais poitevin va se transformer en un cloaque et Aigues-Mortes  sera de nouveau au bord de la mer.

Je trouve affolant de voir qu’aux Etats-Unis on reconstruit des maisons à La Nouvelle-Orléans dans les zones à risque majeur. Cette année les digues semblent avoir tenu, mais au prochain cyclone ? La sagesse voudrait au contraire que toutes ces zones soient vidées de toute habitation.  

Mais le pire, c’est bien sûr dans les pays pauvres. Je pense à toutes ces populations qui vivent près du littoral et qui survivent grâce à la pêche ( dans tous les pays d’Asie). Des millions de personnes vont devoir quitter leurs maisons pour aller vivre plus loin. Vivre de quoi s’ils ne peuvent plus pratiquer leur métier ? Ils vont alors venir  grossir les effectifs des bidonvilles des grandes métropoles. D’ailleurs c’est déjà le cas, mais on en parle peu ou pas.

 

Non, pour l’heure, le seul problème qui semble toucher nos concitoyens, c’est le pouvoir d’achat. Je comprends que cela soit important, mais l’avenir de notre planète ne l’est-il pas moins ?

J’ai signé la pétition de Jean-Louis Etienne, mais j’ai bien peur que cela ne serve pas à grand-chose, hélas.