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vendredi, 16 mai 2008

Il y a comme un vent révolutionnaire


podcast
qui semble vouloir souffler ces jours-ci en France. La date n'est pas sans rappeler qu'il y a quarante notre pays a connu un mouvement qui, qu'on le veuille ou non, a profondément changé le pays.

Ce vent libertaire qui faillit renverser le régime en place a marqué toute une génération, ceux que l'on nomme les "soixante-huitards". J'en fais partie. A l'époque j'étais en terminale. Les manifs ? Je les regardais passer dans la rue. Je ne me suis jamais sentie concernée par les mouvements de foule, sous des allures de grande solidarité chacun essayant de tirer le drap à soi.

La plupart des anars de 68 que j'ai connus sont devenus de bons gros bourgeois, repus, égoïstes , socialistes, cela va de soi, et se foutant éperdument du reste du monde : " Tout pour moi, les autres peuvent crever la gueule ouverte..." Leurs petits-enfants ne fréquentent que les écoles privées.

En revenant de chez le fleuriste hier matin, je me suis retrouvée coincée dans des bouchons rue de l'Hospitalité. C'était l'heure de la rentrée à l'école Notre-Dame La Riche : que du beau monde ! Belles voitures, enfants bien habillés, relativement calmes.

Quand j'ai débuté dans l'enseignement, les écoles privées végétaient, n'avaient pas de moyens. Maintenant, c'est tout le contraire. Ils se permettent même de renvoyer des élèves qui leur semblent trop faibles.

Notre école publique va très mal, c'est une évidence. Et ce n'est pas en injectant des milliards ou des réformes que cela va changer. Le mal est beaucoup plus profond. C'est le mal d'une société qui a perdu le sens de l'effort. Or, peut-on apprendre sans effort ? Si, dès le plus jeune âge, on n'apprend pas aux enfants des règles strictes, comment voulez-vous qu'après ils puissent répondre aux attentes scolaires ?  Après 68, on a cru que tout était permis, il ne fallait plus de contraintes, de chaînes. S'en est suivie une période de relâchement total dans l'éducation des enfants. C'était l'époque du "tout permis". Ces enfants élevés à la n'importe comment ont eu à leur tour des enfants, etc. C'est une chaîne sans fin. On en paie le résultat aujourd'hui...

L'enseignement a voulu suivre le mouvement. On a vu alors apparaître des réformes, toutes plus saugrenues les unes que les autres. Apprendre en jouant... Après 81, on a fait croire aux gens que tous les enfants pouvaient avoir le baccalauréat. "Tout le monde il est beau, tout le monde il est intelligent !"

Durant mes trente cinq années d'enseignement, j'ai pu constater que dès l'école primaire on sait déjà ceux qui auront les capacités suffisantes pour poursuivre des études et ceux qui devront s'orienter sur une voie plus pratique. Cela n'a rien de déshonorant, imaginez une société où il n'y aurait que des intellectuels !!! L'enfer sur terre.

L'égalité pour tous, c'est un leurre ! C'est comme si vous mettiez au départ d'un 100m un escargot, un guépard et une tortue.

Une classe est composée de cinq ou six guépards, pour ceux-là pas de problème, ils finiront toujours les premiers. Ensuite viennent une quinzaine de tortues, qui, bon an mal an, finissent par passer la ligne d'arrivée, souvent bien essoufflées, ayant épuisé toute leur force. Mais elles persistent cependant à vouloir continuer la course. (ça, ce sont les étudiants en première année de fac).

Il reste les escargots. Il faut les tirer durant tout le parcours. Ils s'arrêteront en milieu de course.

Le problème se complique largement quand on aborde le lieu où la course se déroule. Là, d'autres facteurs interviennent et pas des moindres. Les règles de la course ne sont pas forécement comprises par tous ! Et il y a ceux qui ne veulent pas courir, trop fatigant !

On a bien essayé de changer les règles, seront considérés comme vainqueurs tous ceux qui passeront la ligne d'arrivée, sans se soucier du temps passé... N'empêche, il en reste encore pas mal  sur le bas-côté. Bon, alors on va "alléger" la course.

Résultat : nos coureurs arrivent en 6e en sachant juste ânonner. Et les spectateurs me direz-vous ? (les parents en l'occurence).

Ils sont sur le bord du chemin et ils tempêtent, ils exigent, ils râlent après l'école qui, considérée comme un bien de consommation, doit faire de leurs rejetons les élites de demain. Si vous arrivez à faire du foie gras avec des foies de poulet, faites-moi signe !

Bref, tout ça pour dire que la semaine prochaine il risque d'y avoir encore un sacré b..... dans ce pays !

Commentaires

Un vrai discours de "vieux con" auquel j'adhère en substance. Dans une société où on inverse les valeurs, "vieux con" est une sorte de compliment ; il faut juste être du bon côté pour le percevoir ;-)
On fait figure de dinosaures... mais pas dépourvus de bon sens. Je préfère ça que d'être un djeuns complètement largué.

Écrit par : Chandelin | vendredi, 16 mai 2008

Hé oui, moi aussi j'adhère à ce que tu dis.

"Apprendre en jouant" et surtout sans contraintes et en zappant toutes les 30 secondes, l'attention n'étant pas capable d'être fixée plus longtemps sur quelque chose.

Quant aux parents, c'est encore pire ! Je me souviendrais toute ma vie de la réflexion d'une mère d'élève l'an dernier me disant "vous voyez, vous progressez..." suite à ce qu'en réalité, je ne m'occupais plus du tout de son gamin -hyper actif- et disait amen à tout ce qu'il faisait, bon ou mauvais ! On croit rêver.

Écrit par : Cigale | vendredi, 16 mai 2008

En toutes choses les extrêmes ne sont pas bons.
Et s'il est vrai que nombre de 68 ard sont devenus des gros boeufs ; pas tous socialistes d'ailleurs ; que 68 ne soit pas le mythe qu'on en a fait, ça aussi j'en suis convaincu. Que ça n'ait pas amené que de bonnes choses, j'en suis aussi convaincu. Qu'on ait fait de grosses conneries depuis en matière d'éducation, j'en suis aussi d'accord. Mais les méthodes d'enseignements approximatives ne datent pas de 68 ; rendons à César ce qui lui revient. Je l'ai vu pour ma soeur plus jeune que moi.
Apprendre en jouant n'est peut-être pas si mauvais : j'ai appris plein de choses comme ça.
Il ne faut pas non plus prétendre que dans le passé c'était parfait. J'en suis l'exemple vivant des élèves de cette école "à l'ancienne". Cette école discriminatoire qui caractérisait les enfants en fonction de leur origine sociale et de leur capacité à être "formatés".
J'ai connu les châtiments corporels et l'humiliation publique. J'ai été classé cancre, nul... Pendant des années j'y ai cru à ces conneries. Et les débuts de ma vie furent un désastre jusqu'à 25 ans à peu prés. Puis un jour j'ai compris que je n'étais pas plus bête qu'un autre... Je n'ai jamais rattrapé le temps perdu mais... Mais j'ai fait tout un bout de chemin. L'illettré utilise aujourd'hui un ordi qu'il a configuré lui-même, et pas trop mal encore. Je fais certes encore des fautes, du moins au clavier, mais ça tient surtout à ma main handicapée et à ma vue déplorable.
Un jour on m'a dit que mon fils était inadapté. Je me suis occupé de lui et il a passé son bac avec mention.
Ma femme travaille dans l'enseignement ; un poste administratif ; et j'ai une petite idée de ce qui se passe dans une école de 2008.
L'impossibilité d'autorité ne vient pas tant des enseignants que de la façon dont les parents élèvent les enfants. Se faire traiter de "sale pute" ; je cite ; par un gosse de huit ans qui vient au bureau est une chose commune, et ce n'est pas la maitresse qui lui a enseigné.
Il faut faire la part des choses.
Ensuite, tu n'aimes pas que les gens revendiquent, mais que revendiquent-ils ?
Là aussi faut faire la part des choses.
Est-il normal de supprimer des postes par exemple ?
Quand aux moyens, faut voir comment ils sont gérés. Les écoles n'y ont que peu de pouvoir. Quand je vois la maintenance de leurs ordinateurs ou de leurs WC, je me pose de sérieuses questions.

Tu es peut-être en extase devant notre seigneur « m'as-tu--vu », mais je ne crois pas plus à ses solutions scolaires qu'à celles de sa cagouillarde concurrente.
Les choses sont bien plus profondes. Mettre tout sur le dos de « 68 » est un expédient facile comme dans les années trente de tout mettre sur le dos des juifs.
Et je ne crois pas qu'il faille classer les êtres en disant : « celui-là c'est une cagouille, il est juste bon à faire un manuel ».
En quoi un manuel est-il un idiot ? En quoi un intellectuel est-il supérieur ? Quand je vois dans mon quartier tous ces cadres incapables de faire un créneau correctement, respecter une distance de sécurité ou trier leurs déchets ; quand je vois au contraire les superbes choses qui sortent des mains du père de l'amie de mon fils, ferronnier d'art, je me demande qui est inférieur.

Trop d'abstraction pourrit la tête.
Quand à lutter pour ses idées, ça me paraît être un des moteurs essentiels de l'histoire.
A moins que... ah oui, tiens, le « bon vieux temps » quand l'homme cognait et que la femme n'avait qu'à la fermer. Allons, mouche un peu ta rancoeur, et pense que si tu es instruite, c'est parce qu'avant toi des gens comme Olympe de Gouges par exemple on lutté. Il serait tout à fait possible d'avoir une société technologiquement avancée et de structure féodale. Jette un oeil en Arabie Saoudite ou au Koweït juste pour rigoler.

Cordiamicalement

Écrit par : Guillaume | vendredi, 16 mai 2008

à Chandelin : en lisant le début de ton commentaire, je me suis dit, ça promet ! ouf, le suite me rassure. Vieux cons nous sommes, vieux cons nous resterons ;)

à Cigale :je n'avais pas encore remarqué que tu étais dans l'enseignement ! Il va falloir que j'explore un peu plus ton blog Cigale !

à Guillaume : ouh lala, voilà qui s'appelle du commentaire.En te lisant, je m'aperçois que tu n'as pas bien compris certaines de mes idées. Sans doute les ai-je mal énoncées. Je vais donc tacher d'éclaircir mes propos :
1. Je n'ai jamais dit que tout était parfait dans le passé.Je constate simplement que l'on sortait de l'école primaire en sachant lire et compter ( le minimum non atteint actuellement).
2. L'école était discriminatoire ? Tu penses donc qu'elle ne l'est plus. L'école publique c'est certain. Les gens un peu soucieux de la scolarité de leurs enfants les dirigent dans le privé. Le résultat reste le même, la discrimination est toujours présente.
3. Je n'ai jamais dit non plus que le manque d'autorité était du fait de l'école. Mais j'aurais dû car si la discipline n'était pas partie à la dérive on aurait sans doute moins d'agressions sur les enseignants.
4. " Tu n'aimes pas que les gens revendiquent". Non, je m'en fous.
5. " Tu es en extase devant notre seigneur m'as-tu vu" ??? Tu veux parler du petit nerveux au pouvoir ? Si tu savais comme je m'en contrefiche, d'ailleurs je n'ai pas voté pour lui, ni pour un autre non plus. Il y a bien longtemps que je ne vote plus.
6. Je ne mets pas tout sur le dos de mai 68. Je dis simplement que ce fut la fracture qui nous a conduit là où l'on en est actuellement.
7. Classer les enfants ? Mais si bien sûr, c'est l'évidence même. La pratique nous apprend très vite à repérer ceux qui auront une scolarité sans problème et ceux qui, à un moment où un autre, atteindront leur plafond. On n'y peut rien, c'est ainsi,tout le monde n'a pas le Q.I. d'Einstein.
Par contre, où tu as mal compris mes propos , c'est quand tu abordes le travail manuel. JAMAIS JE NE ME SERAIS PERMIS DE DIRE QUE LES MANUELS SONT DES IDIOTS. Loin de moi cette pensée, moi qui suis toujours en admiration devant le travail des artisans. Et c'est là où l'école a échoué en ne donnant pas aux filières techniques leurs lettres de noblesse.
8. " Quand l'homme cognait et que la femme n'avait qu'à la fermer ". Epoque révolue, en es-tu certain ? Il n'y a jamais eu autant de femmes battues et d'enfants martyrisés que de nos jours et cela va en empirant.

Écrit par : tinou | vendredi, 16 mai 2008

Re coucouac
faut je te réponde tout de suite pasque je crois que j'aurai pas le temps avant un bon bout de temps.
a) ton point 8 : Au moins de nos jours ont-elles, les femmes, et les enfants aussi d'ailleurs, des recours. Ce qui n'existait pas autrefois. L'enfant battu (et j'en fus un) n'était qu'un garnement, un moins que rien qu'il fallait dresser et qu'il n'avait pas volé etc... La femme battue une salope etc... J'ai connu beaucoup de cas. Il est de ça comme de la pédopornographie : les oeillères étaient de rigueur. Sur ce point aussi je connais des cas jamais dénoncés.

b) ton point 6 : la vraie fracture c'est 39-45 - C'est parce qu'on n'a pas vu, pas voulu gérer cette fracture correctement qu'on a eu mai 68. C'était le chant du cygne du vilain petit canard qu'on s'était empressé de cacher sous le tapis. La grenade dégoupillée oubliée dans un coin et qui nous a pété à la gueule. Me faudrait dix pages pour le démontrer. Mais dans cent ans, on réalisera peut-être que "mai 68" n'est qu'un détail de l'histoire, un épiphénomène. Ca bougeait bien avant, mais sporadiquement, et personne ne voulait rien voir.

c) Là ça recouvre plusieurs points : l'illettrisme existait avant, il y avait des échecs même au certificat d'étude. J'en connais. Il est commun de répéter à l'envie que nos gosses sont nuls ; ça fait le beurre des psys ; et battre notre coulpe pour culpabiliser populo. On fait l'apologie du privé dans le même esprit. Mais je connais bien des bourgeois dont les enfants sont dans le public et qui s'en sortent. J'habite en face d'une école privée religieuse... Je les vois les gamins... Coté respect en tous les cas ça laisse à désirer, j'en ai fait les frais...

d) Je ne crois pas que l'apprentissage soit uniquement une question de QI

e) Les enseignants N'ONT PLUS LE DROIT de sanctionner. Juste celui de "faire des signalements" pas toujours justifiés d'ailleurs (et même souvent je pense). D'ailleurs les parents non plus. Sous peine de poursuites.

Non, crois moi, le malaise, s'il faut parler ainsi, est bien plus profond. Le problème bien plus vaste. Un de mes amis parlait de "désarroi" général en... 1990... Je crois que c'est cela en fait. Depuis la deuxième guerre mondiale, et même un peu avant dans certaines parties du monde, la machine tourne en roue libre, elle nous a échappée tandis que les grands du monde ne pensent plus qu'à tirer profit de la situation.

Cordiamicalement

Écrit par : Guillaume | vendredi, 16 mai 2008

à Guillaume : à mon tour de répondre,nous pourrions effectivement en écrire des tartines sur le mal profond qui règne sur le monde. Les progrès depuis la 2e guerre mondiale sont tellement spectaculaires que nous arrivons à être totalement dépasssés. La machine-terre s'emballe, la nature se rebiffe... Certains ont beau tirer la sonnette d'alarme, on va droit dans le mur !
D'un côté des millions de gens qui ont faim, qui souffrent et meurent dans les cataclysmes, de l'autre une infime minorité tapie dans l'obscurité qui manie les ficelles des marionnettes que nous sommes. Bon week-end quand même.

Écrit par : tinou | samedi, 17 mai 2008

Bonjour Tinou,
Ni "vieux con" ni "djeun" j'étais beaucoup trop jeune pour comprendre les fondements de Mai 68 et des traces indélébiles qu'elles ont laissé sur la population. En revanche je sais ce qu'aujourd'hui, Mai 68 a laissé sur notre pays......Trop à en dire.....Nos dirigeants sont exactement celles et ceux qui causaient ce "bordel" et qui en ont largement profité!!!! Ils continuent d'ailleurs d'en profiter. C'est bien la raison pour laquelle je reste extrèment méfiant face aux donneurs de leçons!!!!!
Bonne continuation
Tom

Écrit par : Diskret33 | mercredi, 21 mai 2008

Ce qui est agréable pour un vieux en rendant visite à une de son âge, c'est que la musique rappelle quelque chose. Donc Nougarro, c'est sympa.
Juste sur le chimpanzé, je m'attendais à entendre Ferré " t'avais les oreilles de Gainsbourg mais toi t'avais pas besoin d'scotch pour les r'fermer la nuit, Pépé.."
Tiens, après t'avoir saluée comme il se doit, je referme l'ordi et glisse sur la chaîne un pot-pourri de ces deux vieux complices.
A bientôt.

Écrit par : pierre | mercredi, 21 mai 2008

à Tom : eh oui, une partie de nos dirigeants actuels ont fait leurs premières armes en politique à cette époque.

à Pierre : oui, Pierre, cela rappelle bien des souvenirs... Pour le petit singe, j'avoue que je n'ai pas pensé à Ferré ! Amitiés.

Écrit par : tinou | jeudi, 22 mai 2008

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