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samedi, 15 novembre 2008

Jean-Élie (6)

Danielle découvrit le dur labeur des champs. A l’époque les paysans n’avaient pas tous une moissonneuse-batteuse et alors celui qui en possédait une la louait à ses voisins le temps des moissons. Les bottes liées des tiges de blé étaient disposées en pyramide dans le champ au fur et à mesure qu’elles sortaient de la machine. Le ramassage s’effectuait ultérieurement. Roger arrivait alors avec sa charrette tirée par un percheron et à l’aide de fourches les gerbes étaient empilées les unes sur les autres dans la charrette. Quelquefois, il arrivait de trouver une vipère, lovée bien au chaud sous les bottes. Le grand plaisir des enfants était de grimper tout en haut de la charrette. Ils avaient alors l’impression de dominer le monde.

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Roger possédait un cheval, un magnifique percheron qui lui était indispensable pour tirer la charrue dans les champs. Les champs n’étaient pas tous regroupés autour de la ferme. Il y avait des parcelles qui se trouvaient assez éloignées et il s’y rendait avec son cheval. Jean-Elie aimait bien l’accompagner, grimpé sur le dos du canasson. Lui, tout petit et maigrichon avait cependant fière allure… Un jour Roger voulut faire monter Danielle sur le cheval. Ce ne fut pas une mince affaire ! Elle n’était pas très courageuse et quand elle se retrouva en hauteur, elle eut le vertige et se jura bien qu’elle ne recommencerait pas cette expérience.

Elle préférait de beaucoup s’occuper des poules ! Les poules étaient en liberté, elles allaient parfois sur la route mais comme il n’y avait guère de trafic, il y avait rarement  d’accidents. D’ailleurs les poules sont loin d’être aussi stupides qu’on le prétend ! C’est amusant de les voir rentrer le soir dans leur poulailler dès que le soleil commence à décliner. Quand les groseilliers étaient couverts de fruits, Danielle s’amusait à leur lancer des petites boules rouges. Elles en étaient très friandes et la gamine se trouvait alors entourée d’une horde de poules caquetant et se bagarrant pour attraper les fruits.

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Elles pondaient un peu partout et le grand jeu des enfants était à celui qui ramasserait le plus d’œufs dans le panier à salade.

Le jardin potager se trouvait juste en face de la maison. Il était entouré d’une clôture en bois qui lui donnait un aspect vieillot. Là Danielle découvrit comment poussaient les différents légumes. Elle adorait aller ramasser les radis. Quelquefois elle se faisait piéger par la grosseur des feuilles et quand elle tirait sur la plante, il n’y avait qu’un petit fil tenu…

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Les salades du jardin laissaient couler un liquide laiteux quand on les coupait. Les tomates prenaient le temps de rougir et il fallait attendre fin juillet bien souvent pour en apprécier le goût. Et puis il y avait aussi les haricots verts qu’il fallait cueillir tous les jours car ils poussent très vite, ou encore les courgettes qui, si on les oublie, deviennent en l’espace de quelques jours de véritables citrouilles  !

A l’angle droit du potager Roger avait construit une petite maison en bois qui servait de buanderie. C’est là qu’Yvonne faisait bouillir le linge dans d’énormes lessiveuses.  Ensuite elle étendait les draps au-dehors et alors le linge, en séchant, prenait des odeurs d’herbe.

La buanderie servait aussi de salle de bain pour toute la famille. C’était le rituel du dimanche matin. Yvonne avait mis de l’eau à chauffer dans de grandes bassines et chacun son tour allait se laver. Une énorme lessiveuse servait alors de baignoire. Il y faisait très chaud dans cette buanderie, surtout l’hiver. On se serait cru dans un sauna finlandais !

Seul Roger ne s’y rendait pratiquement jamais au grand désespoir d’Yvonne. Jean-Elie aurait bien voulu, lui aussi,  échapper à ce nettoyage dominical, mais Yvonne veillait à ce que chacun soit propre et nickel comme un sou neuf !

Le domaine réservé à Yvonne était l’étable. Non qu’elle y éprouva du plaisir, mais c’était ainsi. C’était en fait un dur travail que de s’occuper du troupeau qui comptait une petite dizaine de vaches. Les traire chaque jour, nettoyer l’étable, leur donner du foin, les laver quand elles s’étaient salies. Au début Danielle avait très peur, elle n’osait pas s’approcher craignant de recevoir un coup de pied. Puis peu à peu elle s’enhardit, elle essaya même de traire, mais elle n’arriva jamais à avoir le coup de main. Alors elle faisait la lecture à Yvonne.

 A suivre

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