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jeudi, 08 janvier 2009

11. Que se passe t-il donc en Normandie ? (1ère partie)

Suite au message plutôt brumeux reçu sur mon blog « portrait » ( voir la note n°9), Manutara me fait remarquer-à juste titre d’ailleurs- qu’il n’y a jamais de fumée sans feu et qu’il doit se passer de bien drôles de choses au pays des tripes et du cidre. Il n’en faut pas plus pour attiser ma curiosité naturelle. Menons l’enquête ! pensai-je aussitôt.

Oui, mais par quel bout commencer ?

La chose la plus importante est de savoir ce qui a bien pu se passer en Normandie en 1996 pour déchaîner une telle hargne chez la personne qui m’a écrit.

Aussi, je me suis empressée de décrocher le téléphone et d’appeler Alphonse. Alphonse est un cousin de mon amie Roselyne qui habite à Rouen, mais qui a travaillé comme gardien de nuit dans les entrepôts du port du Havre. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai appris la filière des fausses tripes à la mode de Caen produites par les Chinois à partir de chiens malades. Mais ceci est une autre histoire.

Alphonse est marié avec Monique, une belle brune qu’il avait connu à Saint-Claude lors de son service militaire. Elle exerçait à l’époque la noble profession de tailleuse de pipes, profession qui bénéficie d’une réduction d’impôts ( je le précise pour ceux qui seraient intéressés). Or Monique a un frère, Eugène Portebœuf, qui fut gardien à la prison de Caen entre 1990 et 1997. Ce pauvre Eugène – je dis « pauvre » car il fut retrouvé ivre et noyé  dans sa baignoire sabot remplie de cidre frelaté. Sa femme pourrait sûrement nous en dire plus, mais, mais… et c’est là le hic ! Elle disparut mystérieusement peu de temps après.

marin30.jpg

Toujours selon Alphonse, elle avait un amant, un marin qu’elle retrouvait fréquemment dans un hôtel de la rue de la Savonnerie à Rouen. Le bougre était facilement reconnaissable car il avait une jambe de bois ! Il s’en servait régulièrement pour assommer ses acolytes dans les bouges infâmes. Mais je m’égare…

La femme d’Eugène sait des choses, des choses secrètes qui l’ont évidemment forcée à quitter brusquement la métropole. Toujours selon Alphonse, on aurait aperçu son amant du côté de Papeete au début des années 2000.

Donc, si nous voulons en savoir plus sur ce mystère normand, il faut retrouver la trace de La Belle et de la Jambe de bois. Manutara,  je te refile le bébé…

Commentaires

Ce fut un bien misérable échantillon d'humanité qui débarqua aux aurores à l'aéroport de Tahiti Faaa, en cette belle journée du millénaire naissant. Elle, titubant de sommeil, ses cheveux gras emmêlés en une lutte féroce pour la conquête d'un chignon branlant auquel aucun peigne ne pourrait jamais plus donner forme humaine, sa face livide ensanglantée par un rouge à lèvre au goût amer, son corps informe engoncé dans un tailleur trop étroit dont elle s'efforçait d'extraire la partie postérieure profondemment enfoncée dans la raie médiane de ses fesses en adoptant une démarche alternativement chaloupée et plongeante lui donnant l'aspect d'une hourque surchargée sur le point de sombrer, lui, tiré des vapeurs ethyliques de quelque cauchemar nauséeux, s'efforçant de plaquer sur le sommet de son crâne, applati au-dessus d'un front en déroute, les quelques soies de porc lui tenant lieu de chevelure tout en essuyant du revers de sa grosse main poilue la sueur épaisse inondant son facies porcin où un nez aux proportions obcène s'ouvrait sur deux narines outrancièrement dilatées humant l'air avec l'avidité d'une bouche d'égout dont les entrailles se perdaient dans les méandres d'un corps aux allures de monument aux morts qui n'aurait que très rarement connu le chemin des dames malgré l'absence d'une jambe, la droite, perdue, non dans quelque sanglante et héroique bataille, mais par la faute d'un ongle incarné mal soigné dont la pourriture incidieuse avait fini par gagner l'ensemble du membre. Ces deux êtres, si parfaits dans leur commune laideur, s'appelaient Paul et Virginie. Bien entendu, Paul et Virginie se haissaient. Ils se haissaient d'une haine telle qu'elle avait fini par les rendre inséparrables. C'est que tous deux nourissaient pour la haine une passion dévorante. Et dévorer c'est ce qu'ils firent.
Le défunt mari deVirginie, un homme bon que l'absence de glandes salivaires avait fini par rendre incontinent, fit avec Virginie un mariage en double aveugle. Malheureusement pour lui, on lui refila un placebo qui s'avéra mortel. Il avait coutume de dire que sa femme était aimable comme un porte de prison mais, au bout du compte, il lui préféra la prison. Il tenta ensuite de noyer son chagrin dans le cidre mais c'est son chagrin qui le noya.
Si l'on remonte dans l'enfance de Virginie on retrouve un père et une mère, ce qui dans le fond n'a rien de bien extraordianire, si ce n'est qu'ils se pendirent tous les deux le même jour à la même heure, l'un au grenier et l'autre à la cave, irréconciliables jusque dans la mort. Si l'oeil indiscret d'une caméra s'était invité aux funérailles des malheureux parents, il aurait pu immortaliser l'étrange sourire qui illuminait le visage, déjà passablement disgracieux, de la petite Virginie. L'enfant fut placée dans divers foyers jusqu 'à sa majorité. Foyer est du reste le terme qui convient, puisque la petite Virginie grandit sur les ruines fumantes des malheureuses familles qui avaient eu l'imprudence de lui ouvrir leur porte.
Quant à Paul, on ne sait pas grand chose de son enfance si ce n'est qu'il n'en eut pas vraiment. Embarqué très jeune à la morue, sur les bancs de Terre-Neuve, on dit qu'il dériva pendant plusieurs semaines sur un Doris, perdu dans les brumes de ces inhospitaliers parages. Quand on le retrouva, seul survivant d'un équipage de quatre marins, on ne s'étonna pas de l'étrange embonpoint qu'il affichait et qui ne fit que s'accroître au fil des ans. Quelques naufrages plus-tard, on retrouve sa trace en 1978 sur l'Amoco Cadiz.. La perte de sa jambe droite mit fin à sa carrière de marin. Il refait surface au milieu des années quatre-vingt-dix, lorsque son destin croise celui de Virginie. Elle venait d'acculer à la ruine et au suicide un honnête fabricant de tripes et lui venait de mettre à la porte de son humble demeure sa vieille mère pour la faire enfermer dans un asile où, de notoriété publique, l'espérance de vie ne dépassait pas celle d'un prisonnier de goulag soviétique. Cette rencontre eut lieu dans le bar d'un hotel de la rue de la Savonnerie de Rouen où, chacun de son côté, ils fêtaient leur succès. Un verre en amenant un autre, le récit d'une mauvaise action en rappelant une autre, le désir de surpasser l'autre en vilainie et en laideur fit que, très rapidement, une haine profonde cimenta leur indéfectible inimitié. C'est alors qu'ils ourdirent un plan dont l'évocation seule me fait frémir d'horreur!

Écrit par : manutara | vendredi, 09 janvier 2009

C'est très sympa de ta part de rentrer dans le jeu. On fait -au moins- une passionnée : mon amie Catherine !
Quant à moi, je m'amuse beaucoup aussi. Merci pour ta prose !Comme je ne suis pas certaine que les lecteurs lisent les commentaires, je vais donc mettre le texte à la suite du précédent. Si tu y vois une objection, préviens-moi ! Il serait dommage de rater un texte aussi dense ( enfin c'est mon avis). Bonne journée !

Écrit par : tinou | vendredi, 09 janvier 2009

Non non je suis là aussi, admirative d'une phrase de 12 lignes après laquelle je reste encore un peu essoufflée... :-))

Écrit par : Cigale | samedi, 10 janvier 2009

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