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mercredi, 08 avril 2009

115. Didon dîna, dit-on...

du dos d’un dodu dindon.

Ah les belles volailles du père Grassouillet !

Avez-vous regardé l’émission sur la malbouffe hier soir ? Moi oui, et ce fut un vrai cauchemar ! Ces images de poussins malmenés sur des tapis roulants, ces jeunes poulets agglutinés dans de vastes hangars et qui boivent à des robinets placés au-dessus de leur tête, et pour terminer l’abattage  à la chaîne, non, vraiment, c’est trop pour moi !

Et le conditionnement de la viande ? Dans les barquettes, vous trouvez des abats qui ne sont même pas ceux du poulet…

Je n’ose imaginer ce que cela doit être dans les élevages de porcs. Pauvres bêtes !

Comment peut-on en être arrivé à ce point dans l’horreur ? Et comment des gens peuvent accepter de pratiquer de telles horreurs ? Pour le profit naturellement. Et puis vient l’engrenage : produire toujours plus, se moderniser donc s’endetter…

Si les consommateurs réagissaient un peu et refusaient de cautionner de tels élevages, les élevages intensifs feraient faillite… Mais, malheureusement ce n’est pas pour demain. Les poulets de batterie ont –hélas- encore de tristes jours à vivre ! Les gens dépensent de moins en moins d’argent pour la bouffe. Donc il faut produire de moins en moins cher. Il ne faut donc pas s’attendre à manger autre chose que de la m…

La qualité a un coût. Après c’est un choix de vie. Quand j’étais petite, le poulet était considéré comme un mets de choix, réservé bien souvent pour le dimanche. Ça coûtait cher mais on en trouvait partout. La différence aujourd’hui, c’est qu’il est très difficile de trouver un « vrai » poulet, j’entends par « vrai » un poulet qui a mené sa petite vie tranquille à picorer dans les champs et à bouffer autre chose que des farines de soja provenant du Brésil.

J’ai regardé l’émission suivante consacrée à l’exportation des poulets en Afrique. Là, on est dans l’horreur complète ! Il faut tirer un profit maximum. Donc, tous les restes de poulets qui ne sont pas mis en vente sur le marché européen partent congelés en Afrique. Philanthropes les producteurs ? Mon œil !

Tout d’abord ils s’approprient le marché avec des prix défiant toute concurrence : le kilo de poulet à 1 euro. Une concurrence déloyale face aux producteurs africains qui tombent en faillite les uns après les autres. Une véritable catastrophe pour le monde paysan qui n’a plus aucune ressource.

Une fois que les gens ont pris l’habitude d’acheter ce genre de nourriture, il suffit alors d’augmenter les prix.  Conclusion : plus personne ne peut acheter. Les gouvernements africains ne cautionnent pas obligatoirement ce genre de trafic, mais ils ont des pressions du FMI qui menacent de ne pas effacer leur dette s’ils refusent. Alors ils laissent faire…

Conclusion : sous des apparences  philanthropiques, l’Europe est en train d’affamer l’Afrique.

Mais revenons à nos morceaux de poulets congelés, étalés en plein soleil sur le marché de Lomé, au Togo (c’est un exemple). Comme les Africains en achètent moins depuis la hausse des prix, les morceaux non vendus sont recongelés pour être de nouveau exhibés sur les étals le jour suivant. D’où un accroissement des intoxications alimentaires. C’est un vrai scandale ! Et ce n’est pas près de se terminer. On trouve maintenant des pieds de porcs ! Remarquez, cela va sûrement moins bien marcher que le poulet car l’Afrique est de plus en plus musulmane.

Durant mon voyage au Bénin, j’ai fait la connaissance d’un petit jeune bien sympathique. Il est actuellement en terminale et veut arrêter ses études pour se lancer dans l’élevage des pintades. Il habite près de la frontière togolaise. Pour se lancer, il a besoin d’une aide financière, mais le gouvernement ne fait rien pour favoriser les entreprises personnelles. Je lui ai conseillé de se renseigner pour l’obtention d’un micro-crédit.

J’en reviens au film « we feed the world ». En conclusion, nous avons eu droit au discours du directeur de la firme Nestlé qui a déclaré  que jamais les gens n’avaient été aussi heureux, jamais la vie n’avait été aussi belle qu’aujourd’hui ! Mais sur quelle planète vit-il cet homme-là ?

Par moment je me dis que si j’avais 20 ans aujourd’hui, je serais probablement anarchiste !

pouletcycliste.jpg

Pour terminer, une photo que l’on pourrait intituler :

J’ai même rencontré des poulets heureux ;  c’est un poulet-cycliste (comme les Africains les surnomment), ces poulets que les paysans possèdent et qui s’élèvent tout seuls. Pour en avoir mangé, je peux vous garantir que c’est du vrai de vrai, du musclé, tels que je les aime !

Commentaires

J'ai regardé le premier doc (est-ce moi qui étais fatiguée mais je l'ai trouvé soporifique !) dont les thèmes étaient intéressants mais mal traités (à mon avis).

Les deux temps forts auront été ceux que tu soulèves : le film sur les volailles d'élevage assez consternant (même si on connait déjà, cela fait toujours impression). " J'adore" le gars qui dit juste avant la décapitation du poulet : " on les trempe dans un gaz pour les endormir comme ça ils ne sont pas stressés !" Il a vraiment le sens de l'humour ce monsieur ! Car ces bêtes sont stressées dès qu'elles sortent de la coquille et durant toute leur vie, ça se voit.

L'autre temps fort était le blabla PDG de Nestlé. Il est vraiment drôle ct'homme là ! D'ailleurs rien qu'à voir sa tête, on voit tout de suite qu'il aime rire...(ouais je fais du délit de faciès)
Bref pour lui, tout va bien, le bio n'est pas aussi terrible qu'on le dit et sa boite emploie 27 000 personnes (si j'ai bien retenu)...

Écrit par : Cigale | mercredi, 08 avril 2009

Nestlé est une des firmes les plus importantes du monde. Ils engrangent des bénéfices énormes et leur seule préoccupation est de satisfaire les actionnaires. La bouffe, dans tout ça, c'est secondaire. Ils seraient capables de te vendre de la m... en boîte ! Remarque, on en est parfois pas très loin. Bien évidemment ils ne peuvent pas cautionner le bio, cela va à l'encontre de leurs objectifs qui est : produire le plus possible pour augmenter les revenus. Je voudrais bien voir ce qu'il mange ce brave homme ! Sûrement pas ce qu'il produit.

Écrit par : tinou | mercredi, 08 avril 2009

Si tu avais vingt ans, tu te gaverais de hamburgers en buvant du coca, tu passerais une bonne partie de ta vie un portable greffé à l'oreille et l'autre vautrée devant la télé à regarder d'autres jeunes enfermés dans une pièce échanger leurs intéressants points de vue sur la dernière furecoi d'Amanda Breastschlink (ne cherche pas, je viens de l'inventer) ou la nouvelle meuf de Kevin Wank (idem). Evidemment tu militerais pour la sauvegarde du toucan poilu à moins que ce ne soit pour la libération du Tibet, tu hésiterais bien un peu, tout en étant incapable de situer ce pays sur une carte, ignorant, bien entendu, que le régime du Dalai Lama était une dictature théocratique que même dans tes rêves tu aurais pas pu savoir à quel point ça craignait grave avant l'invasion des chinois. Après aussi remarque, mais ça tu n'aurais pas pu le deviner, la Chine se limitant pour toi au chow mein et à la soupe aux won ton. Le vendredi et le samedi soir tu irais faire la teuf dans une boite qui déchire grave, te déhanchant de manière grotesque au milieu de quelques centaines d'autres jeunes en avalant des pillules multicolores. Tu aurais l'impression d'être tellement branchée que si on te débranchait brutalement tu ne serais même plus capable d'articuler ton nom.
Tu as dit anarchiste?

Écrit par : manutara | jeudi, 09 avril 2009

Hi hi hi ... Comme d'habitude, tu as tendance à tout exagérer Esteban ! Tous les jeunes ne ressemblent pas au portrait que tu en fais, heureusement d'ailleurs. Seulement ceux-là, on les remarque moins car ils sont plus discrets et je t'accorde aussi qu'ils sont moins nombreux. Après tout, on a la jeunesse que l'on mérite, non ? « Il faut bien que jeunesse se passe » comme on dit. Ils vont finir par se calmer, rentrer dans le rang, se pacser ( on ne se marie plus) et avoir des enfants. Et la vie continue…
Bien sûr que non, je ne serais pas anarchiste, c'était une façon de dire que bien des choses sont révoltantes et qu'on voudrait que ça change. Mais à notre niveau dans l'échelle sociale, que veux-tu faire à part constater les dégâts ?
A vrai dire, il m'est difficile de dire à quoi je pourrais ressembler si j'avais 20 ans aujourd'hui. Tout dépendrait de la façon dont j'aurais été éduquée et de l'environnement dans lequel j'aurais grandi. Je ne peux que constater que je suis déjà tout à fait anachronique, ayant été éduquée avec des principes datant du XIXe... Mais je ne rejette pas cette éducation, aussi austère fut-elle. J’ai d’ailleurs appliqué les mêmes principes pour élever ma fille. Aujourd’hui le plus gros problème c’est que les gens ne savent pas comment élever des enfants. Il suffit pour s’en convaincre de regarder toutes les émissions de télé sur le sujet.

Écrit par : tinou | jeudi, 09 avril 2009

Je vais regarder ce reportage à tête reposée... Concernant Nestlé, c'est sûr : ils n'ont rien à ne reprocher !

Takavoir...

http://kukai.free.fr/radiopwhy/nestle%201942.jpg

Écrit par : catherine | jeudi, 09 avril 2009

à Catherine : ah, tu as le chic pour dégoter des liens intéressants !

Écrit par : tinou | jeudi, 09 avril 2009

Les commentaires sont fermés.