vendredi, 08 juillet 2011
140. Le 8 juillet 1621
Ce jour-là naquit à Château-Thierry un personnage qui aujourd'hui encore reste connu des Français. C'est assez rare pour pouvoir le mentionner ! Avant de vous dévoiler son nom, je vais vous donner quelques indications pour vous mettre sur la piste :
C'est un écrivain, plus exactement un fabuliste. Vous avez trouvé je pense ? Non ?
Si je vous dis : le loup et l'agneau ?
Mais non, ce n'est pas Alphonse Daudet, lui raconte l'histoire d'une chèvre (celle du brave Mr Seguin).
Bon, alors ? Le corbeau et le renard ! Jean de La Fontaine bien sûr !
Je pense que tous les écoliers de France et de Navarre ont, un jour ou l'autre, récité une de ses fables animalières.
Tiens, j'en profite pour vous proposer une fable un peu moins connue, mais assez savoureuse.
La besace
Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur.
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire,
Il peut le déclarer sans peur,
Je mettrai remède à la chose.
Venez, singe ; parlez le premier, et pour cause.
Voyez ces animaux, faites comparaison
De leurs beautés avec les vôtres.
Etes-vous satisfait ? — Moi ! dit-il, pourquoi non ?
N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres ?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché :
Mais pour mon frère l'ours, on ne l'a qu'ébauché.
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre.
L'ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.
Tant s'en faut : de sa forme il se loua très fort,
Glosa sur l'éléphant, dit qu'on pourrait encor
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles ;
Que c'était une masse informe et sans beauté.
L'éléphant étant écouté,
Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles :
Il jugea qu'à son appétit
Dame baleine était trop grosse.
Dame fourmi trouva le ciron trop petit, (animal d'une extrême petitesse)
Se croyant, pour elle, un colosse.
Jupin les renvoya s'étant censurés tous,
Du reste contents d'eux. Mais, parmi les plus fous,
Notre espèce excella ; car, tout ce que nous sommes,
Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes :
On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain.
Le fabricateur souverain
Nous créa besaciers tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui.
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.
Fables, livre I, fable VII.
Aujourd'hui on emploie plus volontiers l'expression :
On voit la paille dans l'œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien.
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