mardi, 15 mai 2012
96. Le jardinier de Maulévrier
Une fois n’est pas coutume, je veux rendre aujourd’hui hommage aux jardiniers qui, par leur talent et leur travail, savent mettre en valeur la nature.
J’ai déjà eu l’occasion de vous parler de Louis, mon arrière grand-père qui était jardinier chef dans une propriété de la région parisienne où il exerça son métier jusqu’au début de la première guerre mondiale.
À quoi reconnaît-on un jardinier chef ? C'est celui qui, sur les photos de groupe, ne tient aucun outil.
Aujourd’hui, c’est au tour d’Alphonse Duveau :
Né en 1871, il étudie l’horticulture à l’École Nationale d’Horticulture de Versailles d’où il sort en 1891 avec un premier prix de mosaïculture. Il entre alors comme jardinier chef au château de Chaalis dans l’Oise, propriété appartenant à l’époque au prince Joachim Murat (1834-1901).
En 1900, Alphonse est présent à l’Exposition Universelle de Paris où il représente l’ENH. L’architecte Alexandre Marcel (1860-1928) est aussi présent : c’est lui qui fut chargé de la réalisation des pavillons du Cambodge, de l’Espagne et de la Compagnie des Messageries Maritimes.
Sans doute ne le savent-ils pas encore, mais leur sort va être très bientôt profondément lié.
En effet, en octobre 1901, le prince Murat décède et sa propriété de Chaalis est vendue le 14 juin 1902.
Fin septembre 1902, Alphonse arrive alors au château Colbert à Maulévrier, dans le Maine et Loire, propriété appartenant à Alexandre Marcel. Ce dernier a décidé d’aménager autour du château un jardin à la française, un verger, un potager et un jardin exotique qu’il désigne sous le nom de « paysage japonais ».
Alphonse travaillera dans cette propriété jusqu’à sa mort, en 1939. Il y a planté beaucoup d’arbres, façonné de nombreuses allées et massifs, assisté au montage du temple Khmer provenant de l’Exposition Universelle. De nombreux coups de burins furent nécessaires pour donner à ce temple un air de « faux-vieux ».
Le temple Khmer en 2010 :
C’est donc grâce au labeur d’Alphonse et des autres jardiniers que l’on peut aujourd’hui admirer ce magnifique parc de Maulévrier !
Été 1906 devant la serre :
Alphonse et son équipe de jardiniers. Il est en arrière-plan, avec une casquette noire. À l’avant on aperçoit son fils, Bernard, âgé de deux ans.
La maison du jardinier, 1929 :
Camille, l’épouse d’Alphonse, est devant l’entrée de la maison. Alphonse est au fond, devant la porte de l’Orangerie. Ces deux bâtiments existent toujours : ils sont situés à l’angle de la rue Joseph Foyer et du chemin du Grand Pont, côté château.
Le potager, 1929 :
Parterres dessinés par Alphonse, 1929 :
Chargement des hortensias devant la maison, 1929 :
Vues du parc en 1929 :
L’embarcadère, 1938 :
L'embarcadère, 2010 :
Alphonse au crépuscule d'une vie bien remplie :
Il est certain que lors de ma prochaine visite au parc de Maulévrier, j'aurai une pensée émue pour Alphonse !
Je remercie vivement le lecteur qui a bien voulu me fournir ces documents d'archives.
Aujourd'hui, le parc n'a rien perdu de sa beauté originelle et je vous invite à y pénétrer :
08:13 Publié dans C'est en France | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jardin, jardinier, parc, orientalisme, maulévrier, maine et loire
Commentaires
J'ai adoré cette visite du parc de Maulévrier et j'en garde un très bon souvenir et de très belles images. Un vrai moment de bonheur et de plaisirs !
Il se peut que notre futur premier ministre soit originaire de Maulévrier, d'ailleurs ;) A suivre...
Écrit par : Christine | mardi, 15 mai 2012
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