mercredi, 19 septembre 2012
195. Carnet de voyage au Brésil -4-
Mercredi 5 septembre : Manaus
La nuit fut relativement courte et très chaude, c’est là qu’on apprécie d’avoir la climatisation !
À 7h je suis déjà levée et je retrouve Michel pour le petit déjeuner. Arrivent bientôt Marcelle et Andrée. Cette dernière est âgée de 87 ans ( !) ; elle est veuve d’un colonel et a eu l’habitude durant sa longue vie de voyager beaucoup, de séjourner dans de nombreux pays et d’être servie comme une reine. Elle partage sa chambre avec Marcelle, (80 ans !), ancienne vendeuse de fromages dans une supérette, qui, elle aussi, voyage beaucoup, mais en économisant tout au long de l’année pour pouvoir s’offrir des voyages. Elle continue -malgré son âge avancé- à faire des ménages afin de pouvoir assouvir sa passion.
Toutes les deux habitent la même ville et se sont connues fortuitement lors d’un précédent voyage à Dubaï. Tout les oppose et la cohabitation n’est pas sans heurt. Ce matin, au petit déjeuner, le ton monte rapidement quand on aborde le sujet de la climatisation : Andrée se plaint de n’avoir pas pu dormir car Marcelle n’a pas voulu allumer la clim. Soudain, cette dernière explose :
— Ah mais je commence à en avoir assez que vous me parliez sur ce ton ! Vous êtes sans cesse en train de me rabaisser devant les autres !
J’essaie de temporiser la situation tandis que Michel tente de se faire oublier. Tout au long de ce voyage, je serai la confidente des deux, écoutant avec bienveillance leurs doléances.
Marcelle :
— Vous vous rendez compte, à son âge, faire un voyage pareil, c’est de l’inconscience ! Elle est incapable de se débrouiller toute seule. Elle a de la chance que je sois là pour m’occuper de tout !
Andrée :
— Vous vous rendez compte, à son âge, faire des ménages pour se payer des voyages ! Elle est méritante quand même ! Vous savez comment on l’appelait quand elle travaillait dans la supérette ? Le TGV … Ma pauvre, elle n’arrête pas une minute ! Toujours en train de parler, de s’agiter. Figurez-vous que tous les matins elle fait son lit. Si j’ai le malheur de faire tomber trois gouttes d’eau sur le sol, aussitôt elle passe pour essuyer. Elle est gentille, mais qu’est-ce qu’elle est saoulante !
C’est vrai qu’elle bouge beaucoup, Marcelle ! Quand on visite un endroit, elle court de ça, de là, appareil photo tenu à deux mains et à l’affût de tout ce que l’on peut photographier. Très vite cela m’insupporte à tel point qu’un jour je m’accroupis et photographie le sol. Cela ne loupe pas ; Aussitôt Marcelle arrive et me demande :
— Qu’est-ce que tu photographies, Danielle ?
— Un insecte.
— Où ça ? Je ne le vois pas !
— Sans doute s’est-il envolé.
Je sais, c’est méchant, mais flûte alors, ce n’est pas en copiant sur les copines qu’elle apprendra à faire de la photo.
Enfin, une chose est sûre : ces deux-là ne repartiront sûrement plus ensemble en voyage !
Mais revenons à cette matinée du 5 septembre : Après le petit déjeuner, nous retrouvons le guide Ricardo qui nous emmène faire un tour sur le marché très animé de la ville.
Avec ses 1.700.000 habitants, Manaus est la capitale de l’Amazonie. Le trafic fluvial y est très important, c’est de là que partent et arrivent tous les habitants de la forêt amazonienne. Certains voyages sur le fleuve peuvent durer jusqu’à vingt jours ! La ville est relativement sale, mais il y règne une atmosphère très spéciale qui lui donne un caractère spécifique qui me plait beaucoup.
Ricardo nous explique que depuis quelques années maintenant le climat s’est profondément détérioré : la chaleur y atteint des températures inégalées jusqu’à présent, les pluies sont de plus en plus conséquentes et les écarts de niveau du Rio Negro s’amplifient de façon inquiétante. La cause de ces dérèglements est essentiellement due à la déforestation sauvage. 35% de la forêt amazonienne a été brûlée et remplacée par des cultures intensives de soja, de palmiers à huile, de canne à sucre et d’élevage bovin.
— C’est une véritable catastrophe aux retombées planétaires, s’exclame ce pauvre Ricardo. Hélas, je ne suis pas certaine que son discours ait reçu l’écoute qu’il méritait. Pourtant il sait de quoi il parle, c’est un homme de terrain, il est né et a toujours vécu en Amazonie : son grand-père était Hollandais, venu au Brésil pour y faire fortune. Il avait créé une plantation d’hévéas et construit sa maison. Quelques années plus tard, la plantation périclita et la maison, rongée par les termites, s’écroula comme un château de cartes. Ruiné, il se lança alors dans le transport fluvial sur le rio Negro et l’Amazone.
Après cette balade, nous allons déjeuner dans un restaurant au kilo, puis retour à l’hôtel pour une sieste bien méritée (la température frôle les 40°).
Complément d’informations :
À suivre
05:49 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : voyage, bresil, manaus
Commentaires
Oups, les étales de poissons, je préfère les voir en photos.
Toujours autant de couleurs !
Pays très colorés, villes très colorées.
Le jour où tu es partie (ou le lendemain) j'ai justement vu une émission sur Manaus (et ses anacondas) hihi.
Après ils ont parlés du fleuve et ses piranhas ! J'étais contente que tu n'aies pas vu cette émission avant de partir hihi
Bises
Écrit par : Christine | mercredi, 19 septembre 2012
@ Christine : cela ne m'aurait pas empêchée de partir. Il y avait quand même peu de chance (ou de malheur) que l'on tombe nez à nez avec un serpent. Quoique, en y réfléchissant bien ...
Écrit par : tinou | mercredi, 19 septembre 2012
En te lisant j'ai pensé aux vamps, tu sais lucienne, pas trop fute fute et Gisèle qui dit toujours du mal
Écrit par : dominique | mercredi, 19 septembre 2012
@ dominique : oui, un peu, quoique Marcelle fait preuve d'une très grande intelligence pratique, à l'inverse d'Andrée qui se laisse porter par tout le groupe.
Écrit par : tinou | mercredi, 19 septembre 2012
oui tout a fait, pas de méchanceté et plutot de la reflexion bien placée et juste, mais c'est le jeu du dialogue entre elles qui m'a instinctivement fait pensé aux comédiennes. Allez bonne journee à toi
Écrit par : dominique | jeudi, 20 septembre 2012
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