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mercredi, 29 mai 2013

93. Carnet de voyage en Ukraine -12-

Voici donc l’histoire de la vodka :

Au temps où les ancêtres des Russes adoraient Péroun, dieu des éclairs, et Iarilo, dieu du soleil incandescent, ils appréciaient déjà les boissons fortes. Le mode de production était primitif : dans un récipient en terre cuite, ils mettaient des grains de seigle germés, ajoutaient de l’eau et maintenaient ce mélange à température constante sur le feu afin de favoriser la fermentation. Les vapeurs d’alcool ainsi obtenues étaient ensuite recueillies sur une peau de mouton qu’ils essoraient pour obtenir un liquide alcoolisé.

À la fin du Xème siècle, au moment de choisir une religion monothéiste pour son pays, le grand prince Vladimir opte pour le christianisme et non pour l’islam –interdisant l’alcool comme chacun sait- car, déclare-t-il : La joie des Russes est dans la boisson !

Avec le recul, on peut se dire qu’on l’a échappé belle …

À l’époque, la boisson la plus populaire était l’hydromel.

Ivan_grozny_frame.jpgLa vodka est inventée au milieu du XVème siècle, dans un monastère des environs de Moscou. Son usage se répand peu à peu et connait un essor sans précédent dans la seconde moitié du XVIème siècle, sous le règne d’Ivan le Terrible qui ouvre les premiers débits de boisson et institue un monopole d’État des plus fructueux. L’ivrognerie commence à faire des ravages et, dans l’inconscient collectif, la vodka est désormais associée à l’image du diable. Les Russes prennent l’habitude de bénir leur bouche et leur verre avant de boire, espérant ainsi échapper aux filets du Malin.

Le tsar Pierre le Grand vous un culte à Bacchus dès sa prime jeunesse. Il fonde un ordre des joyeux buveurs dont les membres jurent de se saouler quotidiennement. Pierre lui-même consomme jusqu’à sept litres de boissons alcoolisées par jour et force tous les membres de son entourage à boire plus que de raison, y compris les femmes enceintes, sans épargner la sienne.220px-Peter_der-Grosse_1838.jpg

Des dix enfants qu’il aura de sa seconde épouse, seules deux filles survivront jusqu’à l’âge adulte. Sous son règne, la vodka est vendue  par seaux de douze litres. Cette mesure restera en vigueur jusqu’au XIXème siècle.

L’alcoolisme prend alors de telles proportions que le tsar manque de travailleurs valides pour ses chantiers.

C’est le chimiste Dmitri Mendeleïev qui, au XIXème siècle, fixe la formule de la vodka. Ayant l’idée un jour de mélanger un litre d’alcool avec un litre d’eau, il s’étonne de la contraction observée au niveau du poids. Il expérimente alors sur lui-même diverses proportions du mélange et après un an et demi de recherches, il parvient à la conclusion que le degré idéal de la vodka est 40°, à la fois moins nocif pour l’organisme et produisant le plus de chaleur.mendeleiev.jpg

Depuis Mendeleïev on mesure donc la vodka en grammes. Un litre de vodka pèse 953 grammes. La dose quotidienne à ne pas dépasser est de 50 grammes pour un homme adulte (tolérance jusqu’à 150 grammes les jours de fête !).

Hélas, cette dose parait ridicule à la plupart des Russes, dont plus de 500 000 meurent chaque année directement ou indirectement d’alcoolisme. Les mesures prises par les différents gouvernements pour lutter contre ce fléau se sont  avérées jusqu’ici totalement inefficaces.

La vodka se boit refroidie au bas du réfrigérateur et jamais au congélateur car cela l’altère. Les verres, en revanche, d’une capacité de 5 centilitres, peuvent être préalablement glacés au congélateur ce qui relève le goût de la vodka. Il est également conseillé de manger quelque chose après chaque dose, le meilleur étant le pain noir, les cornichons ou … le caviar !

 

Je conclus en vous disant BOUD’MO  qui signifie santé ! en ukrainien.

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