Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 02 décembre 2013

206. Les petits travaux disparus -5-


podcast

À la fin de l’automne nous recevions la visite des propriétaires de la Barbinière, un notaire et sa femme de Neuvy-le-Roy. Je me rappelle très bien, la veille maman préparait poulets, canards et œufs … Papa faisait ses comptes de fromage … Nous avions les recommandations d’usage : être polis et sages.

C’était toujours le soir à la tombée de la nuit qu’ Ils venaient. Nous étions tous réunis à la cuisine. Papa discutait avec Monsieur M., maman avec Madame M. qui nous apportait toujours une grande galette. Ces propriétaires étaient très gentils (quoique près de leurs sous), très brillants causeurs ; Nous étions sous leur charme. Papa payait et comme convenu donnait en plus des volailles. Je me rappelle avoir senti une certaine fierté de ces règlements de comptes ; Je pensais que ce monsieur pouvait compter sur mes parents.

Quelques fois ils amenaient leurs enfants à peu près de mon âge. Ils étaient beaux et très bien habillés … J’étais consciente d’être moins bien et cela me mettait dans une sorte d’infériorité. Je prenais un air distant et peu aimable.

Cette réunion annuelle était sympathique. Maintenant tout se paie par chèque, sans dialogue ou si peu.

La cuisine étant dans le bâtiment face à l’ouest et les chambres dans l’autre bâtiment, nous devions donc sortir pour traverser la cour, tous les soirs, par tous les temps : clair de lune, nuit noire, pluie, vent, neige, beau temps ; il fallait toujours traverser la cour !

J’ai connu la même situation chez moi. Il n’y avait pas d’accès direct entre le café et les chambres, situées au premier étage. Mes parents avaient pris l’habitude et cela ne semblait pas les gêner. Quand j’étais petite, maman m’accompagnait jusqu’à ma chambre, mais après il a bien fallu que je me débrouille seule. Et si par malheur, je voulais rester pour regarder la télé le soir, je devais ensuite traverser la cour dans le noir et j’avais une frousse terrible ! Alors je parlais à voix haute, comme si j’étais avec quelqu’un – des fois que …-

Par la suite, les premiers locataires de mon père eurent la bonne idée de construire ( à leurs frais) une avancée couverte reliant le café à l’escalier menant aux chambres.

Mes frères, eux, couchaient dans la cuisine où il y avait un lit. La cuisine était grande. Je me demande même si Aimé n’a pas dormi dans un lit suspendu dans l’écurie des chevaux …

Quand nous étions malades, c’était tout un travail pour maman. Nous restions enfermés à clef, maman était obligée de faire la cuisine, de soigner les bêtes. Elle venait voir souvent pour nous surveiller et nous dorloter. C’était une corvée supplémentaire pour elle.  

Je me rappelle les soirs où nous étions dans le noir, attendant maman qui tardait à venir nous allumer la lampe …

Nous nous tenions dans la chambre de nos parents où ma sœur couchait ; Il y avait un bon poêle qui ronflait l’hiver. Il y faisait bon mais, dans l’autre chambre, même la porte d’entre-deux ouverte, il y faisait toujours froid, cette pièce étant très humide. Je couchais dans cette pièce avec la bonne. J’aimais pourtant ma chambre, la fenêtre donnait du côté du soleil couchant, ce qui faisait une belle clarté et en plus sur le côté poulailler. Nous nous amusions à écouter « les poules aller au lit » comme nous disions. On aurait dit des conversations de personnes.

 

poules1.jpg

Chez moi, il n’y avait pas de chauffage dans les chambres, si bien qu’en hiver  je me déshabillais dans le cabinet de toilette (où une douche ne fut installée qu’en 1962 !), puis je me rhabillais chaudement avec des chaussettes de laine, un pyjama, un gros pull par-dessus et si cela ne suffisait pas, je m’emmitouflais dans une robe de chambre que mon père avait rapporté de Bombay pour maman et qui avait rétréci considérablement au premier lavage ! Ensuite maman m’apportait une ou deux bouillottes pour mettre au fond du lit. Durant tout l’hiver j’avais également un sachet de camphre accroché autour du cou et le matin maman arrivait avec la bouteille d’huile de foie de morue et la cuiller à soupe ! Est-ce l’effet de ce traitement ? En tout cas, je ne sais pas ce qu’est un rhume …

 Nous n’étions pas toujours malades en même temps mais nous nous tenions compagnie. Quand nous avions enfin le droit de sortir, maman nous enveloppait dans une grande couverture et nous emportait à travers la cour jusqu’à la cuisine. Nous étions alors folles de joie !

Quand je pense à tous les jouets qui existent maintenant et que les enfants ont à profusion sans même s’en rendre compte puisque c’est l’époque qui le veut. Nous n’avions rien ou si peu : une petite brouette qui servait à tout, même de landau, et une poupée donnée à cause du visage fêlé ; Mais pourtant j’adorais ma poupée et en prenais soin. Il y avait aussi les plats rapportés de Parçay-Meslay (grand-mère m’avait donné la permission de les emporter). Nous en avons fait des dînettes et des promenades avec ces petites choses …

 

Maman ne pouvait pas nous acheter des jouets, il y avait tant de choses à payer. Mais elle était tendre, assez indulgente, elle était gentille, merveilleuse … Nous étions heureux. 

À suivre

Commentaires

Et ils étaient heureux....

Écrit par : Christine | lundi, 02 décembre 2013

Comme quoi, ce n'est pas la profusion qui fait le bonheur. Mais ça, nous, nous en sommes conscients.

Écrit par : catherine | lundi, 02 décembre 2013

Tout à fait d'accord avec vous les filles !

Écrit par : tinou | mardi, 03 décembre 2013

Les commentaires sont fermés.