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vendredi, 20 décembre 2013

225. La mauvaise étoile -2-


podcast

Après cinq années passées en captivité, Roger était revenu brisé. C’était un autre homme, il ne parlait plus, se négligeait complètement au point d’en rendre honteuse Yvonne. Il reprit cependant les activités de la ferme, il fallait bien vivre.

Un beau jour Yolande, la fille d’Yvonne, leur présenta un jeune homme. C’était le fils d’un maraîcher et pour le couple de fermiers qu’ils étaient, le mariage de leur fille avec ce garçon était ce qu’on peut appeler «  un beau mariage ».

Pourtant Yolande n’allait pas connaître une vie facile. Les maraîchers sont des gens durs au travail et la terre doit donner son maximum, quitte à employer beaucoup de produits toxiques. Au bout de quelques années à manipuler ces produits Yolande eut un cancer. Elle  mourut un an plus tard en laissant deux petites filles.

Son frère Jacques fut envoyé en Algérie en 1958. Ayant déjà des notions de morse, il se retrouva dans les transmissions. À son retour d’Algérie, se posa alors le problème de son avenir. Les campagnes étaient en pleine mutation, on ne parlait que de remembrement, il fallait investir dans des machines de plus en plus sophistiquées. Après d’âpres discussions, il fut alors convenu que Jacques ne reprendrait pas son travail à la ferme. Il s’orienta dans les télécommunications.

Pour Yvonne, la vie avec Roger était triste depuis que les enfants étaient partis. Aussi avait-elle songé à accueillir un enfant de l’assistance publique. Oh, ce n’était pas pour l’argent que cela pouvait rapporter, qui était une somme dérisoire, mais surtout elle avait besoin d’une présence enfantine près d’elle pour compenser le vide qu’avaient laissé ses enfants.

C’est comme ça que Jean-Elie se retrouva à partager la vie de la ferme avec eux. Il n’avait jamais connu la tendresse et l’affection et l’attitude de Roger ne le gêna aucunement. Il appelait Yvonne « tante » et très vite il prit ses marques et ses habitudes. Il avait beau être malingre, c’était une boule de nerfs et il était courageux. Quand il n’était pas à l’école, il aidait Roger dans les travaux difficiles. Une fois par an il allait à Tours avec Yvonne pour reconstituer sa garde-robe. C’est ce qui s’appelait « la vêture ».

La vie aurait pu continuer ainsi quand, un matin, Yvonne prit Jean-Elie à part et lui dit :

—  On va bientôt recevoir une petite fille qui vient passer ses vacances avec nous. Elle ne reste pas définitivement. Tu vas lui laisser ta chambre, le temps qu’elle sera avec nous ! Elle s’appelle Danielle.

Cette nouvelle contraria énormément Jean-Elie, d’abord parce qu’il devait laisser sa chambre et puis inconsciemment il craignait que cette nouvelle arrivante devienne le centre d’intérêt de la maison. C’est donc en ronchonnant qu’il prit ses vêtements, ses affaires de classe et qu’il mit tout ça en vrac dans la pièce d’à côté. C’était une toute petite pièce, l’ancienne chambre de Jacques, qui avait été transformé après son départ en garde-manger. Il y avait là un divan, une table, une grande armoire dans laquelle Yvonne entreposait ses conserves et les pots de confiture. 

Le lendemain, quelques jours avant le quatorze juillet, la nouvelle arriva, accompagnée de ses parents. Jean-Elie s’était mis en retrait et l’observait. Elle semblait avoir son âge mais elle était beaucoup plus grande que lui et plus forte aussi. Elle regardait autour d’elle, elle semblait assez décontenancée par le décor intérieur. Tante Yvonne l’appela alors pour faire les présentations. Danielle s’avança vers lui et lui tendit la main, mais il ne bougea pas.

—  Eh bien, Jean-Elie, qu’est-ce que tu attends ? Dis donc bonjour !

Alors, tout en maugréant, Jean-Elie tendit la main et serra mollement celle de « l’étrangère » tout en se disant que, dès qu’il en aurait l’occasion, il se vengerait d’avoir perdu sa chambre. Occasion qui ne tarda pas à se présenter ...

A suivre 

Commentaires

Mon petit doigt me dit que cette Danielle est bien connue des lecteurs de ce blog.

Écrit par : Christine | vendredi, 20 décembre 2013

@ Christine : Ah bon ? ... Oui, c'est moi.

Écrit par : tinou | samedi, 21 décembre 2013

Les commentaires sont fermés.