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lundi, 14 juin 2010

219. De Moscou à Pékin-9-

Moscou, gare Iaroslav, mercredi 26 mai, suite et fin de la journée.

podcast 

21h25 : dans la précipitation les premiers du groupe commencent à grimper dans le wagon n°4.

- Dépêchez-vous ! nous crie Youri sur le quai.

Mickaël grimpe alors et saisit les valises une à une. Les premiers embarqués et qui sont déjà à moitié du wagon reviennent sur leur pas et s'écrient affolés :

- Tous les compartiments sont occupés par des Mongols !

À ce moment une énorme bousculade se produit au milieu du wagon. Quelques Mongols veulent ressortir du train sous prétexte que l'un d'entre eux est malade. On se pousse, on se serre pour leur laisser la place.

21h28 : tout le monde est monté dans le train. Je me suis mise dans un coin avec ma valise et j'attends que le calme revienne. Après tout le principal est d'être monté. On a ensuite tout le temps pour s'installer -cinq jours !-.

21h29 : les Mongols remontent dans le train, d'autres qui étaient sur le quai s'éloignent vers la sortie. Les portes claquent, le train s'ébranle. Adieu Moscou ...

Tout à coup un cri retentit :

- Je n'ai plus mes papiers !

C'est Denise qui vient de pousser ce cri de détresse. Aussitôt nous nous informons :

- Es-tu sûre de ne pas les avoir oubliés dans le car ?

Deuxième cri à l'autre bout du wagon :

- Mon sac à dos a été ouvert !

Le train quitte doucement la capitale. On n'a pas le temps d'observer le paysage. Un troisième constate également que la fermeture de son sac à dos a été trifouillée. Par chance, ils n'avaient rien mis dans cette poche du sac.

Denis et Gaby ont rejoint leur compartiment, ils sont totalement effondrés. Dans sa pochette Denise avait son passeport, la carte Bleue et de l'argent liquide.

Rapidement on fait le rapprochement avec la bousculade qui fut volontairement provoquée au départ du train.

Youri réfléchit, la situation est sérieuse, inédite. Comment gérer le problème ? Il disparaît alors bientôt pendant un bon bout de temps.

Le train file maintenant à une allure moyenne dans la campagne moscovite.

Youri revient.

- Qu'est-ce qu'on fait, Youri ? lui demande alors Gaby d'une voix à peine audible. Youri s'asseoit dans leur compartiment. J'ai assisté à la scène, c'est pourquoi je peux en parler :

- Je ne vois malheureusement qu'une seule solution. Vous allez descendre au prochain arrêt, je vais prévenir le chef de gare qui vous fera prendre le prochain train pour Moscou et de là, vous devrez retourner en France.

Gaby se tient la tête entre les mains, Denise est sur le point de pleurer.

Je vais informer les autres de la situation. On commence à rechercher l'adresse de l'ambassade De France à Moscou pour avoir le téléphone. Une quête est aussitôt organisée pour leur donner de l'argent liquide.

- Comment ça, les faire descendre du train ? s'exclame alors Monique, outrée. Pauvres gens, ils ne parlent pas un mot de russe. On ne peut tout de même pas les larguer comme ça, en pleine nuit et en pleine nature !

Elle sort alors de son compartiment, très digne dans sa chemise de nuit en flanelle qui lui tombe aux pieds et enveloppée dans un peignoir de soie et, s'adressant à Youri :

- Qu'est-ce j'apprends ? Vous voulez abandonner ces pauvres gens au milieu de nulle part, sans argent, sans papier ? Il est hors de question que cela se produise. Sinon, ce sera TOUT LE GROUPE QUI DESCENDRA DU TRAIN ! 23 touristes paumés dans une gare, ça va faire du bruit !

Sacrée Monique. En une fraction de secondes il s'est produit un phénomène d'osmose entre tous les membres du groupe, TOUS POUR UN et UN POUR TOUS. Un moment que je ne suis pas prête d'oublier.

Youri redisparait... Quelque temps plus tard il revient :

- Le passeport a été retrouvé. Il faut maintenant le marchander avec les Mongols. Par contre impossible de récupérer la carte Bleue et l'argent.

De leur côté Gaby et Denise tentent vainement d'appeler par téléphone l'assistance pour faire opposition à la carte bleue. Ils laissent alors un message sur le répondeur de leur fille.

Il fera jour demain, le principal est d'avoir pu récupérer le passeport.

Chacun et chacune regagne alors son compartiment.

Pendant ce temps, le train arrive en gare de Vladimir. Le quai est sombre mais il s'y passe des choses bizarres. On voit des chariots circuler, des gens s'affairer sans bruit dans l'obscurité.

couloir.jpg

Peu après j'ouvre la porte du compartiment pour aller aux toilettes et là, surprise, la porte est bloquée par d'énormes  ballots qui monte jusqu'à mi-hauteur... Et tout le couloir en est envahi, jusqu'aux deux portes à l'extrémité du wagon qui sont remplis de paquets jusqu'au plafond ! C'est à peine si l'on peut se frayer un chemin... C'est vraiment trop drôle à voir  et après toutes les émotions et la fatigue endurées au cours de cette journée, nous ne pouvons nous empêcher d'avoir un fou-rire qui se propage à tout le wagon.

Ça commence bien  ce voyage dans le Transsibérien !

 Quelques photos supplémentaires de Moscou :

À suivre

 

Commentaires

Excellent le passage ou Monique sort de son compartiment dans sa tenue de nuit !

Quand au fait de perdre ses papiers, son argent et sa carte bleue : digne d'un cauchemar !

Bises

Écrit par : Christine | lundi, 14 juin 2010

Jamais les papiers dans les sacs à dos ! Surtout quand y'a marqué "touriste" sur le front. Et pas seulement en Russie...
J'me tape de bonnes suées avec ton récit.

Écrit par : catherine | lundi, 14 juin 2010

@ Catherine : Denise n'avait pas ses papiers dans le sac à dos, mais dans une pochette à l'avant !Il aurait sans doute fallu qu'elle la cache sous son tee-shirt.

Écrit par : tinou | lundi, 14 juin 2010

Comme une sensation de claustrophobie, là, tout d'un coup, en regardant la photo du gros type qui essaie de passer avec son ballot dans un couloir déjà complètement obstrué!

Écrit par : manutara | lundi, 14 juin 2010

Ben dis donc, ça fait beaucoup moins envie tout à coup ce voyage en train !! :-))

Écrit par : Cigale | lundi, 14 juin 2010

@ Manutara : bof... sans doute pas plus dur que d'être à 5 ou 6 sur une coque de noix au milieu de l'océan !
@ Cigale :ah pour sûr que ce ne fut pas toujours une partie de plaisir ! Ayant lu le guide Lonely Planète avant de partir, je ne fus pas surprise, mais pour certains il y eut un peu de désenchantement.Cela n'a rien à voir avec le Trans-Orient Express !

Écrit par : tinou | mardi, 15 juin 2010

Les commentaires sont fermés.