mercredi, 22 mai 2013
82. Carnet de voyage en Ukraine -1-
Jeudi 9 mai : Bienvenue à Kiev.
Je suis arrivée la veille au soir au Comfort-hôtel du Mesnil Amelot. Mon portable me réveille à 4 heures du matin. Le temps d’une toilette rapide et après avoir avalé un copieux petit déjeuner, je m’engouffre dans la navette de l’hôtel qui me laisse au Terminal 3. De là j’emprunte le CgVal qui me conduit directement au Terminal 1, lieu du rendez-vous fixé à 5h15. Je suis la dernière arrivée me fait remarquer le représentant de Croisieurope. L’enregistrement des bagages a déjà commencé et je prends une place dans la file d’attente. Avant de passer dans la salle d’embarquement, je ressors prendre l’air et fumer une dernière cigarette.
L’avion de la compagnie polonaise Lot décolle vers 7h15 et atteint Varsovie aux alentours de 10h. Là, il faut dénicher le comptoir des vols en transit pour obtenir le billet. Heureusement qu’on avait de la marge car ce n’est pas évident.
L’avion redécolle vers 11h10 et atterrit enfin à Kiev à 14h. Je suis la première à sortir de l’aéroport et je fais la connaissance de Iaroslav venu nous accueillir :
— Le temps que tout le monde soit là, je sors quelques instants dehors pour fumer une cigarette.
L’aéroport de Kiev est propret. Je remarque très vite qu’on ne peut pas fumer sur le trottoir ; par chance un panneau placé un peu plus loin m’indique l’endroit adéquat. Je me retrouve donc avec les autochtones, jetant un œil vers la porte de sortie afin de ne pas louper le groupe. J’ai même le temps d’aller changer de l’argent. La monnaie locale est le grivna (1 euro = 10 grivnas).
Iaroslav a récupéré toutes ses ouailles et nous embarquons dans un car qui nous emmène vers le bateau. Il est amarré sur la rive droite un peu en aval du lieu habituel en raison de travaux de rénovation. Derrière l’avenue qui longe la berge se dresse une colline boisée. C’est très étrange car on ne voit aucune habitation et on pourrait se demander où se trouve la ville.
Là nous sommes accueillis par un jeune couple qui nous offre le pain et le sel selon la tradition locale.
Le bateau a cinq niveaux et ma cabine est au niveau 4 (le pont des canots). À l'accueil, je mets un point d'honneur à demander ma clef en russe : tchetiré, tri, chest. Je suis juste à côté du bar ce qui occasionnera un peu de bruit durant la croisière. D’un autre côté cela a l’avantage de pouvoir rejoindre rapidement sa cabine en cas de beuverie avancée (ce qui ne se produira pas, je vous rassure tout de suite).
La cabine est très spartiate, on est loin du confort des bateaux de Croisieurope. En fait, nous sommes sur un bateau d’une compagnie ukrainienne. Dans le petit réduit qui sert de salle de bain, le tuyau de la douche est branché directement sur le lavabo et un rideau en plastique bleu permet de protéger la cuvette des WC lors de l’utilisation. J’essaie, mais en vain, d’ouvrir le robinet pour prendre une douche mais finalement je renonce de peur de me retrouver avec tout le système dans la main ! Ça n’est pas grave, on verra demain.
À 17h, tout le monde se retrouve au bar du pont soleil pour une réunion d’informations diverses. Nous sommes environ une quarantaine de Français parmi lesquels un groupe de bridgeurs qui passeront les deux tiers de leur temps enfermés au bar à taper le carton.
Très vite je sympathise avec une femme qui vient régulièrement en Touraine où elle possède une petite maison, près de Tours. Chargée de mission en Ukraine auprès de la Commission européenne, elle effectue pour la première fois une croisière.
Les autres passagers arrivent peu à peu. Ils viennent de tous les coins d’Europe et même du monde : Allemands, Belges, Espagnols, Norvégiens, Néerlandais, Anglais, Américains, Canadiens de Vancouver dont les ancêtres ukrainiens ont fui le pays au moment du régime soviétique, quelques Brésiliens et enfin des Coréens demeurant en Californie et qui se mélangeront peu aux autres durant la croisière. Au total, environ 250 personnes.
Tout ce petit monde se retrouve à 19h au restaurant du bateau. C’est là qu’il s’agit de ne pas se tromper car ensuite, nous ne changeons plus de place. Avec ma nouvelle amie, je m’installe alors à la table d’un couple de Français, appelons-les Martine et John. C’est la troisième fois qu’ils effectuent cette croisière sur le Dniepr (!) et autant vous dire qu’ils connaissent le programme parcœur !
Martine est du genre loquace, ce qui a l’avantage de ne pas être obligé de faire la conversation. Durant ces 12 jours, nous avons fait le tour de leur vie ainsi que celle de tous les membres de la famille (frères et sœurs, neveux et nièces, tonton, tata, voisines, voisins etc).
Martine est une grande collectionneuse … d’animaux empaillés ! Elle en possède plus de 80 d’espèces différentes, du lion d’Afrique au petit requin en passant par les rapaces, les petits mammifères divers.
— Et vous n’avez pas d’ours ?
—Hélas non, j’en avais trouvé un au Canada, mais je n’ai pas pu le rapporter car les formalités étaient trop compliquées.
Ma copine, qui possède un pangolin rapporté d’Afrique dont elle voudrait bien se débarrasser, lui a proposé de le lui donner.
Étrange couple, rappelant les caricatures de Dubout, très émouvant cependant. La vie ne les a pas épargnés, ils ont perdu leur fille unique, morte d’anorexie à l’âge de 39 ans.
John est d’origine tchèque. Il est sorti clandestinement du pays au moment du communisme et a pris la nationalité australienne. Autant Martine est volubile, autant John est effacé, on en oublierait presque sa présence. Il parle peu, mange peu, il fait penser à un petit garçon qui obéit aux ordres de « maman Martine ».
— Fais pas ci, fais pas ça... Tu as pensé à changer de chaussettes ?
Bref, tout ça pour dire qu’il y a des gens hors normes. D’ailleurs ça ne manquait pas sur ce bateau : deux Norvégiennes travaillant à la télévision, l’une fumait la pipe comme Popeye, l’autre fumait d’énormes cigares. Il m’a fallu un certain temps avant que je réalise que la fumeuse de cigares était une femme !
Parmi les Français, il y avait une femme de 93 ans, voyageant avec son fils et sa belle-fille. La plupart du temps elle est restée sur un banc le temps des visites.
Bref, chacun prend ses repères. La nuit tombe peu à peu, il est temps de rejoindre sa cabine. Les choses sérieuses commencent demain.
À suivre
04:56 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : croisiere, ukraine, dniepr
Commentaires
J'apprécie particulièrement le canapé en léopard avec les rideaux assortis.Si, si , vraiment.L'accueil des passagers tandis qu'un camion décharge des quartiers de boeuf sanguinolents (j'extrapole un peu, mais le gars en blanc me fait penser à un garçon boucher) et qu'un employé en bleu de travail achève de vidanger la cuve des sanitaires, tout cela est très classe aussi.Je sens qu'on va bien s'amuser.
Le machin blanc, c'est ton doudou?
Écrit par : manutara | mercredi, 22 mai 2013
@ manutara : oui, belle décoration intérieure, n'est-ce pas ? Le machin blanc, comme tu dis, n'est pas mon doudou mais l'assemblage des deux serviettes de toilette. On dirait d'ailleurs un petit cochon blanc.J'ai oublié de présenter Nicolaï, le joueur d'accordéon. Quant au grand avec le chapeau sur la tête, c'est Ivan, notre serveur au restaurant. C'était sa première croisière et il ne parle pas français, et très peu l'anglais. On s'est donc chargé de lui apprendre quelques rudiments :
du pain noir, du vin rouge, du vin blanc, de l'eau gazeuse, de l'huile, du vinaigre, sans oublier les formules de politesse (bonjour, merci, s'il vous plait, bon appétit). À la fin de la croisière, il avait bien progressé !
Écrit par : tinou | mercredi, 22 mai 2013
eh eh , moins bete que je n'en ai l'air , je suis bien arrivée là ;; voir la suite ?
Écrit par : daniele larger | vendredi, 05 juillet 2013
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