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vendredi, 24 mai 2013

85. Carnet de voyage en Ukraine -4-

podcast

Samedi 11 mai : Dernier jour à Kiev

 Proverbe du jour : Faute de grives on mange des merles.

07h00  Réveil musical

07h15-09h00  Petit-déjeuner

09h30  Départ pour la visite du musée en plein air Pirogovo.

12h00  Ambiance musicale au bar Panorama

12h30  Temps libre

17h30  Départ pour le spectacle du chœur Révouski

19h30  Dîner

21h00  Appareillage

Nous quittons donc le bateau à 9h30 pour aller visiter le musée de l’Architecture et des Traditions de l’Ukraine, appelé musée Pirogovo car il est situé près du village éponyme à environ 12km de Kiev. Ce musée a été ouvert en 1976.

croisiere, dniepr, ukraine, kiev

 

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On peut y voir d’anciennes maisons de différentes régions d’Ukraine, avec des intérieurs typiques ; il y a aussi une école et des églises en bois.

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C'est une agréable balade dans une région boisée. Le manque de temps ne nous permet pas de tout voir malheureusement.

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Durant le temps libre du début d’après-midi, je reste sur le bateau. Pour rejoindre le centre de Kiev, on peut depuis le quai prendre une ligne de métro. Mais je n’avais rien planifié. Je regrette un peu aujourd’hui car j’aurais pu aller voir le mémorial de Baby Yar en descendant à la station Dorohojytchi ; À cet endroit se situe un ravin.

Le 29 septembre 1941 les Nazis réunirent 34 000 Juifs de Kiev et les forcèrent ensuite à marcher jusqu’à cet endroit. Là en quelques jours ils les fusillèrent puis les enterrèrent dans le ravin maudit. Baby Bar fut transformé en camp de concentration dans les deux années suivantes regroupant des milliers de personnes (Juifs, partisans, Tziganes) qui moururent en ce lieu.

Ce n’est qu’après la guerre que la vérité fut découverte et trois monuments ont alors été érigés en hommage à toutes victimes. À noter toutefois que le premier de ces monuments, érigé en 1976 par les Soviétiques, ne mentionnent aucunement les Juifs ! L’Ukraine a comblé cet oubli volontaire en érigeant en 1991 le mémorial juif, puis en 2001 un autre monument en mémoire des enfants juifs morts à Baby Bar.

Au lieu de ça, je suis dans ma cabine et je fais la sieste… Pour me consoler de ne pas y être allée, je me dis que le plus important est de savoir que cela a existé et que ça s’est passé au nord-ouest de Kiev, dans une forêt ravinée. Je repense alors au passage du livre "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell relatant cet épisode de la guerre :

" Je repris mon véhicule et suivis les camions ; à l'arrivée, les Polizei faisaient descendre les femmes et les enfants, qui rejoignaient les hommes arrivant à pied. De nombreux Juifs, en marchant, chantaient des chants religieux ; peu tentaient de s'enfuir, ceux-là étaient vite arrêtés par le cordon ou abattus. De la crête, on entendait nettement les rafales, et les femmes surtout commençaient à paniquer. Mais elles ne pouvaient rien faire. On les divisait en petits groupes et un sous-officier assis à une table les comptait ; puis nos Askaris les prenaient et les menaient par-dessus la lèvre du ravin. Après chaque série de coups de feu, un autre groupe partait, cela allait très rapidement. Je contournai le ravin par l'ouest pour rejoindre les autres officiers, qui s'étaient postés en haut du versant nord. De là, le ravin s'étendait devant moi : il devait avoir une cinquantaine de mètres de large et peut-être une trentaine de profondeur, et courait sur plusieurs kilomètres ; le petit ruisseau, au fond, rejoignait là-bas le Syrets, qui donnait son nom au quartier. On avait posé des planches sur ce ruisseau pour que Juifs et tireurs puissent traverser facilement : au-delà, dispersées un peu partout sur les flancs nus du ravin, se multipliaient de petites grappes blanches. Les "emballeurs" ukrainiens entraînaient leurs charges vers ces tas et les forçaient à s'allonger dessus ou à côté ; les hommes du peloton s'avançaient alors et passaient le long des files de gens couchés presque nus, leur tirant à chacun une balle de mitraillette dans la nuque ; il y avait trois pelotons en tout.[ ... ] Les tireurs étaient relevés toutes les heures et ceux qui ne tiraient pas les approvisionnaient en rhum et remplissaient les chargeurs.[ ... ] Comme les exécutions devaient continuer sans pause on installa la cantine plus bas, dans une dépression d'où l'on ne voyait pas le ravin. [ ... ] La paroi du ravin, là où je me tenais, était trop abrupte pour que je puisse descendre, je dus faire le tour et entrer par le fond. Autour des corps, la terre sablonneuse s'imprégnait d'un sang noirâtre, le ruisseau aussi était noir de sang. Une odeur épouvantable d'excréments dominait celle du sang, beaucoup de gens déféquaient au moment de mourir ; heureusement, le vent soufflait fortement et chassait un peu ces effluves. Vu de près, les choses se passaient bien moins calmement : les Juifs qui arrivaient en haut du ravin, chassés par les Askaris et les Orpo, hurlaient de terreur en découvrant la scène, ils se débattaient, les "emballeurs" les frappaient à coups de schlague ou de câble métallique pour les obliger à descendre et à se coucher, même au sol ils criaient encore et tentaient de se redresser, et les enfants s'accochaient à la vie autant que les adultes, ils se relevaient d'un bond, et filaient jusqu'à ce qu'un "emballeur" les rattrape et les assomme, souvent les coups partaient à côté et les gens n'étaient que blessés, mais les tireurs n'y prêtaient pas attention et passaient déjà à la victime suivante, les blessés roulaient, se tordaient, gémissaient de douleur, d'autres au contraire, sous le choc, se taisaient et restaient paralysés, les yeux écarquillés."

17h30 : un bus nous conduit dans le centre de Kiev pour assister à un spectacle de chants religieux et traditionnels ukrainiens, donné par l’ensemble Révouski.

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Avant même d’y partir, je savais tout de l’endroit, de la salle située au dernier étage d’un ancien bel édifice qui ne possédait pas d’ascenseur, du fait qu’il allait y faire très chaud, que le spectacle durerait une heure etc. Tout ça par l’intermédiaire de Martine, bien sûr,  qui assistait pour la troisième fois au concert à cappella.

Un très beau récital !

 

Enfin le soir, après le dîner, le bateau appareille. Adieu Kiev ! 

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À suivre

17:26 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : croisiere, dniepr, ukraine, kiev

Commentaires

Très joli le musée Pirogovo !
Ça me rappelle un peu (dans le principe) le village reconstitué que nous avons visité en Hollande (j'ai perdu le nom et j'ai la flemme de chercher oups).

Écrit par : Christine | samedi, 25 mai 2013

@ Christine : oui, c'est le même principe.

Écrit par : tinou | samedi, 25 mai 2013

ne regrette rien sur Bab yar , memorial coincé juste derrière le boulevard periphérique , c'est l'histoire elle même qui compte ...

Écrit par : daniele larger | vendredi, 05 juillet 2013

Les commentaires sont fermés.