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mardi, 11 février 2020

Bienvenue à La Salle -4-

Retour au cimetière ! J'ai encore plein de photos en stock à vous montrer. Lors de ma dernière visite - un dimanche matin - j'ai été accostée par une dame  dans une allée. Nous étions les deux seules dans le cimetière !

Elle m'a demandé la raison pour laquelle je prenais des photos. Je lui ai expliqué que je cherchais des détails d'architecture, ce qui, apparemment, lui a semblé saugrenu car aussitôt elle a ajouté :

— C'est si triste un cimetière !

— Oui, mais il y a aussi un côté reposant que j'aime beaucoup. Cela n'a pas eu l'air de la convaincre. Elle engage alors la conversation, m'expliquant qu'elle vient sur la tombe de son mari, située à l'autre bout du cimetière.

— Venez, je vais vous la montrer, dit-elle alors  avec insistance. Ce n'est pas ce que cela m'enchante, mais elle semble y porter tellement d'intérêt que je n'ose pas refuser. C'est une dame portugaise dont le mari est décédé depuis quatre ans. Ils avaient prévu de retourner vivre au Portugal, mais la mort de son conjoint a bouleversé sa vie. Il ne voulait pas être loin de sa famille ; c'est la raison pour laquelle il est enterré ici, au cimetière La Salle. 

— Je peux ainsi venir plus souvent sur sa tombe. 

— Vous venez souvent au cimetière ? 

— Tous les deux ou trois jours. Je viens remplacer les bougies !

— Les bougies ?

— Oui, j'ai installé une lanterne dans laquelle les bougies brûlent sans discontinuer !

Une petite voix intérieure me susurre à l'oreille :

— Ce n'est pas toi qui ferais ça ! Au fait, depuis combien de temps es-tu allée sur la tombe de ton mari ? Trois ans ? Cinq ans ?

 Effectivement, ce n'est pas moi qui agirais ainsi. C'est vrai qu'avec le temps la douleur finit par s'estomper ...

Nous voici arrivées devant la tombe ; autant vous dire qu'elle est reluisante, recouverte de fleurs et médaillons divers glorifiant le défunt. Je ne peux m'empêcher de faire la comparaison avec la tombe familiale : une simple dalle de marbre, entièrement nue, avec en épitaphe : Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard.

Cette petite dame, toute contente d'avoir trouvé quelqu'un à qui parler, veut maintenant me montrer la tombe de ses voisins. Je réussis à m'éclipser, prétextant l'heure avancée. 

Je peux reprendre tranquillement ma visite, mais mon programme est tout chamboulé. Il faudra que je revienne !

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