dimanche, 06 janvier 2008
Voyage au Sénégal, XIII
Jeudi 20 décembre
Le bateau a repris sa route en direction de Saint-Louis. Bientôt nous arrivons au barrage de Diama, qui sert également de point de contrôle entre le Sénégal et la Mauritanie.
Le passage de l’écluse s’effectue assez rapidement, juste le temps de photographier ces groupes de personnes qui se rendent vers le Sénégal.
Ce barrage permet de filtrer l’eau saline qui remonte le fleuve et d’irriguer les champs de canne jusqu’à Podor.
Sur la rive nord le paysage mauritanien annonce déjà le désert. On aperçoit des dunes de sable dans le lointain. Nous arrivons à Saint-Louis en fin de matinée.
Une foule de petits marchands attend fébrilement notre débarquement le long du quai. Il faut savoir que chacun se prépare à fêter la Tabaski (fête du mouton). Ce jour-là, chaque Musulman pratiquant se doit d’acheter un mouton, l’égorger, le manger en famille et en offrir à ses voisins.
Pas étonnant si dans les rues on peut voir, attachées devant les portes des maisons, des centaines de pauvres bêtes bêlant à tue-tête ( sans doute pressentent-elles ce qui les attend !).
Pour l’heure, Ansou nous propose une balade en calèche à travers la ville.
A la pointe nord de l'île, on aperçoit la langue de Barbarie, longue étendue de sable séparant le fleuve de la mer.
Cette étrange machine est une grue à vapeur, installée à saint-Louis afin de permettre de soulever de lourdes charges ( locomotives en particulier) à l'époque de la construction d'une voie ferrée. Elle est demeurée intacte, juste recouverte d'une bonne couche de rouille.
Un peu plus loin, nous passons devant l'ancienne demeure du général Faidherbe.
En nous dirigeant vers le centre, nous empruntons le pont Malick-Gaye et nous bifurquons peu après sur la gauche : nous voici à Guet N'Dar, le quartier des pêcheurs, en pleine effervescence en cette veille de fête.
Ansou nous a une fois de plus prévenus : « Méfiez-vous, les gens n'aiment pas être photographiés.»
Bon, qu'à cela ne tienne, on photographiera les poissons !
L'odeur qui règne dans ce quartier est pestilentielle ( et le mot est assez faible). Mais nous sommes des gens polis et nous respirons à pleins poumons comme si de rien n'était. Et dans l'échelle des valeurs je ne sais trop si cette odeur est pire que celle respirée aux abords d'un Mac Donald. ( odeur fétide qui me fait tirer au cœur à chaque fois que je passe devant ces établissements).
Seuls, les deux petits Néerlandais qui nous accompagnent se cachent le nez dans leur pull. Ils font la curiosité des gamins du coin, pauvres petits mendiants débraillés, qui sont étonnés par la blondeur de leurs cheveux.
Après avoir jeté un œil rapide sur les milliers de poissons en train de sécher en plein soleil, nous nous dirigeons vers la mer. A cet instant précis, je repense au récit de Pierre Loti, découvrant la côte saint-louisienne :
« On aperçoit aussi ce que l'on n'avait pas vu du large : d'immenses fourmilières humaines sur le rivage, des milliers et des milliers de cases de chaume, des huttes liliputiennes aux toits pointus, où grouille une bizarre population nègre. Ce sont deux grandes villes yolofes : Guet-n'dar et N'dar-toute, qui séparent Saint-Louis de la mer.
Si l'on s'arrête dans ce pays, on voit bientôt arriver de longues pirogues à éperon, à museau de poisson, à tournure de requin, montées par des hommes noirs qui rament debout. Ces piroguiers sont de grands hercules maigres, admirables de formes et de muscles (...).
En passant les brisants, ils ont chaviré dix fois pour le moins.(...) La sueur et l'eau de mer ruissellent sur leur peau nue, pareille à de l'ébène verni.» ( Le roman d'un spahi).
Au fond, rien n'a beaucoup changé depuis l'époque de Loti. Et à cet instant précis, je suis envahie par une très forte émotion. Emotion face à la mer rugissante, bonheur de découvrir des paysages extraordinaires, je sais que cet instant très bref restera gravé pour très longtemps dans ma mémoire ! Je suis pleinement heureuse, je voudrais faire durer le plus longtemps possible ce moment. Hélas, nous sommes au terme du voyage, l'idée du retour vient casser la rêverie... Demain il va falloir rentrer, retrouver la grisaille, les gens indifférents et si égoïstes, ma vie monotone. Allez, je ferme les yeux, je respire à fond l'air chargé d'embruns... Encore quelques minutes de répit !
A suivre...
D'autres photos ICI.
05:20 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Sénégal
samedi, 05 janvier 2008
ATTENTION !
ON VOUS OBSERVE, LE MOINDRE DE VOS GESTES EST ÉPIÉ PAR DES CORBEAUX DONT LE SEUL PLAISIR EST DE TÉLÉPHONER ENSUITE A LA GENDARMERIE QUI - DANS LES MINUTES QUI SUIVENT - (ce qui démontre qu'il n'ont pas grand chose à faire!) RAPPLIQUE EN NOMBRE ( une vingtaine d'hommes armés, comme pour arrêter un dangereux malfaiteur).VOUS SEREZ ALORS DANS L'OBLIGATION DE PRÉSENTER UNE PIÈCE D'IDENTITÉ ( Papier, bitte ! souvenir d'une autre époque)ET VOUS RECEVREZ EN RETOUR UNE BELLE AMENDE.
Je me demande ce qui se passerait si l'on n'a pas ses papiers sur soi. Se retouverait-on au poste ?
Je parlais naturellement de la délation qui sévit depuis quelques jours contre les malheureux fumeurs, oublieux de la prohibition dans les cafés ! Et l'alccol, c'est pour quand ? Et les tenues outrancières des jeunes adolescentes, et les hommes qui crachent à longueur de journée sur les trottoirs, répandant ainsi leurs microbes dans l'environnement, et les chiens qui chient un peu n'importe où, et , et, et... La liste pourrait être longue.
Non-fumeurs, ne vous réjouissez pas trop vite. Vous avez gagné cette bataille, tant mieux pour vous. Vous éviterez le cancer du poumon. Mais vous n'échapperez pas, comme les autres d'ailleurs, à la pollution constante de l'air, ni à la violence accrue dans les villes. IL VOUS RESTE DU PAIN SUR LA PLANCHE !
CONCLUSION : POUR VIVRE HEUREUX, VIVONS CACHÉS.
15:45 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (9)
Voyage au Sénégal, XII
Mercredi 19 décembre
Matinée libre à bord. Le bateau a jeté l’ancre dans les hautes herbes non loin du parc national du Djoudj , la troisième réserve ornithologique mondiale classée par l’UNESCO depuis 1971. La visite du parc est ouverte de novembre à mai et s’effectue à bord de longues pirogues qui permettent une approche assez silencieuse afin de mieux observer les oiseaux.
Je ne me faisais guère d’illusion pour les photos et je n’ai donc pas été déçue du résultat très médiocre obtenu. Il est très difficile de photographier des animaux à moins de se poster à un endroit et d’attendre, d’attendre…
Ce ne pouvait pas être le cas ici. Donc je m’estime assez heureuse d’avoir quand même pu prendre quelques groupes de pélicans sur leur nichoir, un crocodile en pleine sieste et un varan.
Le menu du soir , après le cocktail ( qui ce jour-là était une tequila sun-rise) :
Crevettes sautées, filets de poisson sauce au beurre, pommes vapeur, tarte aux pommes et la rituelle infusion à la citronnelle.
A suivre …
Pour voir d'autres photos du parc, cliquez ICI.
05:35 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Sénégal, parc du Djoudj
vendredi, 04 janvier 2008
Voyage au Sénégal, XI
Après la visite dans le village Peul, nous revenons déjeuner à bord. Nous assistons à la tractation entre des pêcheurs qui viennent d’attraper un énorme « capitaine » et essaient de le vendre au cuisinier. Mais la transaction ne se fait pas .
Peu après une vedette vient chercher des touristes de passage sur le bateau. Ce sont deux couples que l’on qualifierait de « ringards », copie pâlote de riches américains en vadrouille ! Les deux femmes font penser aux actrices des années cinquante, tant pour l’âge que pour la mise ! Cela serait comique si ça ne puait pas l’argent à plein nez. M’enfin, chacun est libre. Et la vedette repart avec son chargement dans une immense gerbe d’eau… au risque de faire chavirer la barque des pêcheurs.
Après le déjeuner, nous embarquons sur la barge qui nous conduit à l’embarcadère du « Gîte d’étape du fleuve». Nous y apercevons les couples du matin qui sont toujours à table sur la terrasse ombragée.
Ce gîte est particulièrement fréquenté par des chasseurs (de décembre à mars). Je n’ai pas trouvé de site web. Dommage !
Ce qui nous attend n’a rien de réjouissant –enfin pour moi : visite de l’usine de raffinage de la canne à sucre. Un ancien employé nous attend, il va nous servir de guide et nous expliquer les différentes étapes pour passer de la canne au sucre.
Je vous avouerai que j’ai zappé une partie de ses explications, j’ai cependant noté que cette usine fournit la totalité du sucre utilisé dans le pays. Elle fonctionne sans discontinuer et emploie un nombre considérable de personnes.
Bref, cela semble un modèle dont les Sénégalais sont extrêmement fiers. J’ai pensé à vous et je vous ai rapporté un carton d’emballage !
Après la visite, il est prévu d’assister au brûlage d’une parcelle de canne. En effet, la coupe reste manuelle et le brûlage permet de neutraliser les éventuels dangers que représentent les serpents, les phacochères et autres bestioles.
Nous sommes invités à grimper dans un bus qui va nous conduire sur la parcelle à brûler…Trois quarts d’heure plus tard, nous arrivons enfin sur les lieux ! La nuit commence déjà à tomber. Moi je pense surtout qu’il va falloir se farcir encore trois quarts d’heure de route pour le retour, sur un chemin passablement défoncé, en évitant d’accrocher les convois de canne qui rapportent leur chargement à l’usine.
La parcelle mise en feu s’étend sur cinq hectares. Il faut bien avouer que le spectacle est assez impressionnant !
Retour vers l’usine, un peu plus long encore car il fait nuit maintenant.
Le menu du soir va bien vite me faire oublier ces désagréments ( je parle pour moi car cette visite semble avoir fait l’unanimité , comme quoi les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas). Donc au menu :
Langouste grillée, poisson en papillotte avec purée de patate douce, glace. Et pour faire digérer, une infusion à la citronnelle ! Bonne nuit tout le monde, à demain.
A suivre ...
D'autres photos sur la raffienerie ICI.
12:20 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Sénégal, Richard Toll
mercredi, 02 janvier 2008
Voyage au Sénégal, X
Et si l’on parlait un peu du bateau ? Mon ami Gégé m’a fait remarquer – à juste titre d'ailleurs- qu’on ne le voit pas beaucoup sur les photos. Je rattrape donc cet oubli aujourd’hui :
Le «Bou-el-Mogdad » est un bateau construit en 1950 par les chantiers navals hollandais. Le nom donné au bateau est celui d’un explorateur et traducteur mauritano-sénégalais , Bou el Mogdad, qui, au XIXe siècle, travailla pendant près de trois décennies avec les gouverneurs français Brière de l’Isle et Protêt. Il fut le premier Africain à être décoré de la Légion d’Honneur.
Dès 1951 le bateau assura le trafic des marchandises, du courrier et des passagers sur le fleuve entre Saint-Louis et Kayes, au Mali, pour le compte des Messageries du Sénégal.
Dans les années soixante, la construction des routes reliant les villages lui fit perdre peu à peu de son importance et il fut bientôt relégué à quai. En 1972 il est racheté par Georges Consol pour reprendre le transport de fret. Survint alors une période de famine et le propriétaire mit son bateau au service des organisations humanitaires pour la distribution alimentaire des villages.
Ce n’est qu’en 1978 que le Bou devint un bateau de croisière. Mais la construction du barrage de Diama mit fin provisoirement à cette croisière.
Le bateau partit alors en Casamance, au Sierra Leone, en Guinée-Bissau et dans le Siné Saloum.
Au cours de l’été 2005, le bateau changea de propriétaires.
Et c’est ainsi que, le 16 octobre 2005, le pont Faidherbe déploya son armature de fer pour accueillir de nouveau le Bou-el-Mogdad, à la plus grande joie des habitants !Pour ceux qui voudraient connaître les caractéristiques du bateau, il suffit de cliquer ICI.
Ça te va comme ça,Gégé, ou tu veux que j'en rajoute ?
D’autres photos du Bou ICI.
A suivre …
18:15 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Sénégal, croisière, bou-el-mogdad