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samedi, 21 mars 2020

À l'heure du coronavirus -3-

Jeudi 19 mars : confinement, jour 3.

La météo est toujours aussi printanière. Cela contribue à mieux supporter le confinement. Je me rends compte de la chance que j'ai d'avoir un petit bout de jardin où je peux m'occuper !

Aujourd'hui  j'en profite donc pour fignoler la tonte d'hier. J'écoute beaucoup moins les informations en continu car ça devient stressant. La polémique sur le manque de masques s'amplifie. Cela fait maintenant une semaine que les médecins alertent sur ce sujet et pour toute réponse on leur dit :

Ils sont en route ! Vous allez les recevoir dans les jours qui viennent !

Seulement le problème, c'est qu'ils n'en voient toujours pas la couleur. 

Le soir, à 19h, j'entends du bruit dans la rue : ce sont les locataires des immeubles de la résidence qui, à leur fenêtre, applaudissent à tout rompre pour remercier tous les personnels médicaux pour leur dévouement. J'arrive après la bataille, mais demain je serai là !   

Vendredi 20 mars :  confinement, jour 4.

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C'est le premier jour du printemps ! On l'aurait presque oublié. À 7h, je prends le petit déjeuner dans le jardin.On n'entend aucun bruit si ce n'est le chant des oiseaux. 

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Dans la journée, je prends des nouvelles des copines. Ma fille m'envoie une série policière qu'elle a téléchargée. 

Le soir, je guette l'heure ; rien ne se passe à 19h mais, à 20h, des applaudissements  retentissent au loin. J'ouvre alors en grand ma fenêtre de cuisine pour faire moi aussi du boucan. Peut-être serons-nous plus nombreux demain soir !

Samedi 21 mars : confinement, jour 5.

Pas de petit déjeuner dans le jardin, le temps est tristounet et il fait froid. 

Les mesures de confinement deviennent un peu plus sévères. Certains lieux sont interdits (la promenade des Anglais à Nice, la place du  Trocadéro à Paris,etc). L'entrée dans les gares est sous surveillance. Plusieurs maires envisagent d'instaurer un couvre-feu ... Mais les marchés restent ouverts ! Peggy passe me voir vers 10h. Elle est allée faire des courses et m'apporte des provisions. Nous ne nous faisons pas la bise et gardons  une distanciation d'au moins un mètre. Elle me dit que sa marchande cesse son activité car elle est trop  stressée. Elle m'apporte également deux masques qu'elle a obtenus de ses voisins retraités qui semblent hyper-équipés ! (gants, masques, gel pour les mains). C'est tout juste s'ils ne portent pas des lunettes protectrices. Et pendant ce temps certaines infirmières interviennent chez des patients sans aucune protection ! 

De mon côté, je lui donne un restant de produit pour les mains. J'ai retrouvé dans ma pharmacie deux flacons à moitié remplis datant de l'époque où j'en avais toujours avec moi pour les voyages. 

Il est 15h, dehors il fait froid, le ciel est gris ... On parle maintenant d'un confinement probable jusqu'à fin avril !

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À suivre

jeudi, 19 mars 2020

À l'heure du coronavirus -2-

Mardi 17 mars : Confinement , jour 1.

Le confinement à la maison prend donc effet aujourd'hui à 12h. Sur les chaînes d'infos, on peut voir la fuite des Parisiens vers la province. Les gares parisiennes sont prises d'assaut par des hordes de gens qui essaient d'avoir un train. Ils sont agglutinés sur les quais, sous les panneaux d'affichage des horaires, sans aucun respect de la fameuse distanciation physique qui est primordiale pour éviter toute contamination ! Parmi eux, on peut supposer qu'il y a un certain nombre de porteurs du virus qui vont ainsi aller le transmettre aux quatre coins de la France. Bonjour les dégâts !

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Autres scènes assez inquiétantes : les queues devant les magasins d'alimentation. Là aussi, bien souvent, les gens ne respectent pas les distances de précaution.

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Un bruit circule que les pharmacies vont bientôt manquer de paracétamol. Aussitôt c'est la ruée pour faire des stocks -comme si c'était des pâtes ! -. Les pharmaciens ont donc reçu l'ordre de distribuer ce médicament au compte-gouttes (une seule boîte par personne).

Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est la pénurie de masques et de gel pour les mains. Les propos des représentants du gouvernement à ce sujet sont peu clairs. D'un côté, il y en aurait des millions en stock, et personne n'en voit la couleur !

Pour ma part, rien ne change dans mes habitudes. Je suis sortie pour la dernière fois samedi matin et le fait d'être coincée à la maison ne me gêne pas. J'ai la chance d'avoir un petit bout de jardin pour prendre l'air. Le jardin, parlons-en justement ! Après un hiver qui, faute de froidure, nous a surtout apporté beaucoup de pluie, l'herbe a atteint une hauteur impressionnante qui me laisse présager que la tondeuse électrique n'arrivera pas probablement à bout de la tâche !

Aussi, je commence à couper quelques parties avec des ciseaux, histoire de faire des passages ... Ma poubelle verte est bientôt remplie et je la sors dans la rue. En théorie le ramassage a lieu le mercredi. Ainsi, jeudi, je pourrai essayer de tondre.

Mercredi 18 mars : confinement, jour 2.

 Ce matin, ma petite voisine est venue frapper à ma porte pour me demander si j'avais besoin de quelque chose. Depuis ma fenêtre de cuisine je lui ai dit que, pour l'instant, tout allait bien. J'ai particulièrement apprécié sa démarche.

Le temps est très agréable et j'ouvre les fenêtres en grand pour aérer la maison. Il y a moins de voitures qui circulent dans la rue. Je finis de regarder une série policière danoise, Dos au mur, qui doit passer sur Arte dans les prochaines semaines.

Après le déjeuner, je me décide quand même à tondre. J'ai préparé une grande bâche en plastique sur laquelle je mettrai l'herbe coupée en attendant de récupérer ma poubelle. En sortant la tondeuse du garage, je croise mon voisin. Nous échangeons quelques mots en gardant nos distances. Comme il a une imprimante, il va me tirer plusieurs autorisations de sortie ; cela m'évitera de les recopier ! Il m'indique également que les poubelles vertes et jaunes ne sont plus vidées jusqu'à nouvel ordre.Bon, je n'ai plus qu'à récupérer ma poubelle verte pleine à ras bord et à la stocker dans le jardin en attendant des jours meilleurs !

Finalement j'ai réussi à tondre. J'ai mis le surplus d'herbe dans des grands sacs ...

19h : tous les jours à cette heure, Jérôme Salomon fait le point de la situation : 

 RESTEZ CHEZ VOUS !

 

 

 

 

lundi, 16 mars 2020

À l'heure du coronavirus -1-


podcast

Montée en puissance de ces derniers jours :

Mercredi 11 mars : le match des fouteux PSG-Dortmund se joue à huis clos en raison de l'interdiction des rassemblements de plus de ... (?) personnes (je ne sais plus)..

Conclusion: plus de 2000 abrutis se pressent autour du stade, vociférant, éructant, braillant comme des putois ! Elle est pas belle la France ?

 

Jeudi 12 mars : 

Pour fêter mon anniversaire, j'ai invité Peggy et Thierry à dîner au restaurant. Nous allons au Boss à bœuf, petit restaurant où l'on peut déguster de la bonne cuisine réunionnaise. Nous sommes les seuls clients avec une tablée de deux jeunes femmes. À la fin du repas, la patronne nous informe que, dans son discours, le président Macron a annoncé la fermeture des écoles, collèges, lycées et universités à partir de lundi prochain jusqu'aux vacances de printemps.

 

Vendredi 13 mars :

Je vais à l'agence pour annuler mon voyage prévu au mois d'avril. Apparemment je suis la première, mais sûrement pas la seule. Les autres vont certainement suivre dans les jours à venir.

Passage à la pharmacie : pas de gel désinfectant pour les mains et pas de masque   !    

Samedi 14 mars : 

Dès 8h30  je suis à l'entrée de la grande surface près de chez moi. Depuis plusieurs mois, elle décline à vue d'œil et les clients se font de plus en plus rares en raison d'ouvertures de nouvelles surfaces dans les environs. Je m'attendais quand même à voir du monde, mais non !  Tant mieux, on est 5 clients à tout casser, pas de risque de se toucher. En quinze minutes j'ai acheté ce dont j'avais besoin et me voici de retour à la maison. Le temps est assez agréable et j'en profite pour commencer à nettoyer mon jardin. 

À 20h Edouard Philippe annonce qu'à partir de demain seuls les commerces de première nécessité seront ouverts. Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, rajoute que nous sommes maintenant en phase 3 de l'épidémie. 

Tous les rassemblements de plus de 100 personnes sont déconseillés. Et cependant on maintient les élections municipales ! Une véritable aberration à mon avis. Qu'avons-nous à faire d'élections en cette période de crise sanitaire ? 

Dimanche 15 mars :

Une belle journée ensoleillée pointe le bout de son nez. Je vois à la télé que les gens en profitent au maximum ! Après avoir été voter en respectant une distanciation, ils se retrouvent agglutinés sur les bords des bassins, rivières, ou dans les parcs ! 

Dans l'après midi, Christel me téléphone. Elle est passée à côté du marché Rabelais ; il y avait foule dans les allées.

Comme prévu, l'abstention est forte pour les élections municipales. Et de savoir si le second tour aura bien lieu la semaine prochaine. Franchement, il n'y a pas mieux à faire en ce moment que d'aller voter ?

Le soir, ma fille me téléphone pour prendre de mes nouvelles. Son lycée est fermé jusqu'au 15 avril.

Lundi 16 mars :

Il pleut. Jérôme Salomon annonce à la radio que la situation sanitaire se détériore très vite.

La région du Grand-Est pousse un cri d'alarme : on est proche de la rupture des soins médicaux par manque de matériel !

Je consulte le site régional pour voir comment évolue la situation.

Queue devant les grandes surfaces : les gens rentrent au compte-gouttes.

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Queue devant la poste principale de Tours, certaines postes de quartier étant fermées :

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Au CHU, une affiche annonce l'interdiction des visites aux malades :

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Juju me téléphone : elle a une bronchite mais elle doit tout de même aller travailler car elle a été réquisitionnée pour garder les enfants du personnel médical, mais  aussi ceux des employés de la mairie de la commune où elle travaille.

20h : discours du président Macron : Nous sommes en guerre.

À ces mots, on s'attend à ce qu'il annonce des mesures drastiques  - du genre confinement total de la population, couvre-feu, etc. Mais non, hélas ...Alors, pourquoi une telle réserve ? Peur d'effrayer la population ? Mais c'est justement ce qu'il faut faire ! Il faut produire un électrochoc afin que chacun prenne conscience du danger de la propagation ! 

Pourquoi les Italiens et les Espagnols sont-ils plus respectueux des règles de précaution ? 

22h15 : c'est le ministre de l'intérieur qui est chargé d'annoncer les mesures de restriction ; c'est lui qui emploie les mots qui font mal : dès demain il sera INTERDIT  de circuler sans autorisation.

Les voici :

Le 16 mars 2020, le Président de la République a décidé de prendre des mesures pour réduire à leur plus strict minimum les contacts et déplacements sur l’ensemble du territoire à compter du mardi 17 mars à 12h00, pour quinze jours minimum. Celles-ci seront autorisées sur attestation uniquement pour :

  • Se déplacer de son domicile à son lieu de travail dès lors que le télétravail n’est pas possible
  • Faire ses achats de première nécessité dans les commerces de proximité autorisés
  • Se rendre auprès d’un professionnel de santé
  • Se déplacer pour la garde de ses enfants et soutenir les personnes vulnérables
  • Faire de l’exercice physique uniquement à titre individuel, autour du domicile et sans aucun rassemblement

L'attestation nécessaire pour circuler sera disponible sur cette page demain mardi 17 mars.

Bon, demain on aura la possibilté d'avoir une autorisation de circulation. Mais comment fait-on quand on n'a pas d'imprimante -ce qui est mon cas - ?

Des contrôles policiers seront établis dans les rues et sur les routes ; 100 000 policiers seront chargés de contrôler les déplacements. Des amendes de 38 euros (135 euros par la suite) pourront être appliquées. 

Voilà qui semble beaucoup plus sérieux, non ?

dimanche, 15 mars 2020

La vie à Milan en période de crise

Mon amie Catherine a une nièce qui depuis le mois de février était partie continuer ses études à Milan dans le cadre des échanges Erasmus. Elle raconte comment se déroule la vie dans la ville touchée par l'épidémie du coronavirus.

Elle a réussi à sortir in-extremis d'Italie et rejoindre sa famille. Voici son témoignage :

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« Acceptée pour votre Erasmus à Milan ». Je n’ai jamais été aussi heureuse que lorsque j’ai lu ces quelques mots en décembre 2019, après de longues et fastidieuses démarches. Mais ce que je ne savais pas, c’est comment la situation liée au coronavirus, que nous trouvions amusante et cocasse, allait virer au cauchemar… Nous remercions Nymphéa, actuellement en quarantaine en France, pour son témoignage et lui souhaitons un retour rapide dans une société bien vivante.

« Acceptée dans le cadre d’Erasmus à Milan, je suis arrivée le 7 février 2020, au terme d’un voyage un peu compliqué à cause des grèves. Je n’eus pas trop de deux jours sans cours pour me remettre de ce petit périple. Puis, l’université commença ; et tout s’en est suivi : les rencontres, les sorties ; tant dans des bars que dans des parcs, les voyages aux alentours de la ville. C’était ça, la Bella Vita que je m’étais tant imaginée. Je pense que c’est aussi la soudaineté et la brusquerie de la suite des événements qui ont rendu la chose plus dure à vivre et à comprendre.

Comme le ciel qui nous tombe sur la tête. Le 22 février, revenant d’un « city tour » avec mes amis Erasmus, je me suis mise devant mon ordinateur comme à mon habitude, pour manger et siroter mon thé devant quelques vidéos. À 21 heures, mon téléphone a vibré une fois, deux fois, puis trente fois d’affilée. Interloquée, je l’ai pris : c’était la conversation avec mes amis Erasmus. La Lombardie, région dans laquelle la ville de Milan se trouve, comptait trois cas de coronavirus et l’université fermait ses portes pour une semaine. Cette nouvelle, tombée presque de nulle part, a ouvert la porte à de nombreux questionnements auxquels nous n’avions pas de réponses : le site de la faculté affichait un grand titre « Coronavirus » en page d’accueil, ajouté spécialement pour l’occasion, et servant à nous mettre à jour des dernières informations à ce sujet.

Mon premier réflexe fût d’appeler mes parents ; restés en France. Plutôt interloqués, avec une situation en France tout à fait calme, ils ne m’avaient pas du tout transmis de peur et s’étaient voulus rassurants. J’étais totalement de cet avis mais, malheureusement, nous ne nous rendions en fait pas compte de l’impact qu’avait cette nouvelle : c’était le début d’une véritable — et je pèse mes mots — descente aux enfers.

Le lendemain, dimanche 23, un communiqué officiel du gouvernement tombait. Y étaient relatées les mesures prises pour limiter la propagation : nous devions évidemment appliquer les mesures d’hygiène de base, mais un nouveau cap était franchi : les salles de sport, les musées, écoles, les lieux clos seraient désormais fermés. Le lendemain, j’ai cru bon d’aller faire des courses : Milan était une autre ville. Les magasins étaient dévalisés, presque vandalisés. Tout le monde portait des masques et des gants ; pour les caissiers, c’était obligatoire. Un vent d’angoisse commençait à souffler sur la ville, pas de panique, mais cette anxiété lourde et pesante qui se ressentait dans les regards de chacun. Pour mes amis et moi, la situation était plutôt cocasse et amusante qu’alarmante : pas de cours pendant une semaine, des rayons vides sauf ceux des pâtes sans gluten et des papis qui se protègent de la tête aux pieds : rien de bien méchant mais plutôt de quoi rigoler un peu. Et puis ça reviendrait vite à la normale, après tout !

Deux jours plus tard, un nouveau communiqué tombait. Je ne le savais pas encore, mais j’allais bientôt être suspendue à la parole de ce gouvernement, attendant ces fameux communiqués toutes les heures, rafraîchissant le site du ministère sans cesse. Ces communiqués allaient être mon seul espoir de sortir d’un enfer, la seule chose qui me tiendrait au courant de mon sort et du sort du pays. Le communiqué de ce jour donc, était loin de nous éloigner de l’enfer : un couvre-feu était désormais instauré de 18 heures à 6 heures du matin. C’étaient maintenant les bars, les restaurants et les boîtes de nuit qui fermaient, avec en prime l’armée dans les rues pour conseiller gentiment aux gens de rentrer chez eux si l’idée de rester dans la rue le soir leur venait.

Bon. La situation commençait à devenir longue, très longue. Nous voyions bien que c’était la même incompréhension pour tout le monde ; mais mes parents étaient à un niveau encore plus élevé : vous connaissez la règle des 500 kilomètres ? Hors d’un rayon de 500 kilomètres, nous peinons à nous mettre à la place de la situation de quelqu’un dans son pays ; c’est d’ailleurs pour cela que nous avons tant de mal à imaginer la douleur des pays en guerre actuellement. Cette règle n’avait jamais été aussi vraie : je vivais dans un monde parallèle, une troisième, quatrième dimension.

En France, personne ne me comprenait, ou même réalisait la gravité de ce qu’il se passait en Lombardie. Première semaine passée en confinement : pas de sorties, une bourse qui chute, des rues vides, des journées longues et fatigantes. Pourtant, aucun d’entre nous n’arrivait à dormir le soir ; et pour cause : nous ne bougions pas de la journée, si ce n’était de la cuisine à la chambre. La psychose s’installait lentement mais sûrement pour mes amis Erasmus et moi, enfermés chez nous avec comme seule musique la mélodie des informations qui tournaient en boucle sur les mêmes paroles : Coronavirus, coronavirus, coronavirus. 

Nous pensions naïvement que la lumière au bout du tunnel arrivait et que cette première semaine ouvrirait enfin la porte à la liberté qui nous manquait tant. Nous n’avions en fait jamais eu de semaine aussi libre que cette première. La seconde, rythmée par les nouveaux communiqués, était l’une des plus dures mentalement. Chaque communiqué était un nouveau clou enfoncé et qui nous enfermait un peu plus chaque jour dans l’ennui. Je ne sais pas si quelqu’un est déjà décédé littéralement de l’ennui, mais je n’en étais pas loin. Ma vie se résumait à l’ennui, tourner en rond, en carré, ne voir personne et être prise d’une angoisse folle à chaque fois que j’essayais de fermer les yeux. Car même si l’on savait que nous, jeunes et forts, ne risquions rien, les informations autour de nous et le fait de voir les responsables (de l’université par exemple) si perdus ne nous aidait pas à y voir plus clair.

Nous ne savions pas où nous allions. Certains de mes amis souhaitaient braver le virus, affirmant que « Milano non si ferma », se réunissant dans l’un des seuls bars ouverts pour y partager un apéritif. Moi, je ne trouvais pas cela raisonnable et préférais les voir dans des espaces ouverts : sur les quais, dans les parcs. Cette routine : lever, petite sortie du jour, rentrer commençait à m’aller et j’avais l’impression de sortir peu à peu de l’enfer, de me diriger vers la fin de ce confinement. Les Milanais commençaient également à ressortir, nous nous disions tous que nous en avions assez fait et que cela devrait bien suffire à arrêter la propagation. Avec une amie, nous avions tout de même réservé un billet pour la semaine suivante afin d’aller dans le Sud de l’Italie, où la zone était moins à risques. J’avais besoin de visiter des choses, et surtout d’aller me défouler en salle de sport, celles sur Milan étant toujours closes.

Mes parents, curieux de savoir si j’allais pouvoir me déplacer, venant de Milan, m’avaient demandé : « Tu pourras quitter Milan ? ». J’avais répondu que oui, bien sûr, nous n’étions pas en quarantaine non plus ! Le destin a dû bien rigoler en entendant cette phrase. Deux jours plus tard, vendredi, fin de ma banale journée de confinement. J’avais pu sortir un peu, voir quelques amis (que je n’embrassais jamais, nous gardions toujours un mètre de contact entre nous). À 22 heures, alors que je m’apprêtais à aller me coucher, j’ai reçu un appel. C’était une amie et voisine, Selina, ne me laissant pas le temps de placer un « ça va ? ». Elle me laissa comprendre entre trois phrases bancales que nous avions une heure pour prendre nos affaires nécessaires, dire adieu à notre vie milanaise, nos amis, et rejoindre la frontière la plus proche. Passé minuit, nous serions enfermés à Milan et faits comme des rats. 

Un branle-bas de combat n’est pas un mot assez fort pour désigner ce qui s’est passé cette nuit-là. Cette nuit, elle mériterait un film. L’Italie était passée de 3 cas à 10 000 en deux semaines. Je n’ai pas eu le temps de me demander une seule fois ce qui m’arrivait, j’ai dû prendre mes papiers et trois pulls, mon masque et mes gants, et courir en direction de la voiture de Selina. Dans la rue, alors que la nouvelle de la quarantaine à venir commençait à se propager plus vite que le virus, des gens couraient avec leurs valises en direction de la gare centrale. Objectif : rejoindre le sud de l’Italie, hors Lombardie. Nous, c’était direction la frontière Suisse.

Cette frontière maudite, nous l’avons passée à 23h58, en roulant devant les entrées qui étaient, elles, déjà bloquées. Nous avons ensuite fait 8 heures de route, direction le Luxembourg. Pas le temps de souffler, de se poser, de réfléchir, de pleurer. Nous avons pris une décision radicale que d’autres de nos amis n’ont pas osé prendre. Ils se retrouvent désormais bloqués dans une ville fantôme. Bloqués est un faible mot, car c’est maintenant toute l’Italie qui est sous quarantaine. Mes amis peuvent être soumis à une amende s’ils sont dans la rue sans « bonne raison ».

Les enterrements sont annulés, les magasins d’approvisionnement ouverts une heure par jour, laissant rentrer les gens par groupe de trois et se tenant à un mètre de distance les uns des autres. Je me sens triste, coupable d’avoir laissé mes amis dans cet enfer mais je me sens aussi en colère contre le gouvernement français qui ne m’a pas forcée à me mettre en quarantaine. Lorsque j’ai appelé le numéro spécial, on m’a conseillé de simplement « prendre ma température ». En arrivant ici, j’ai réalisé pourquoi mes parents avaient tant de mal à se mettre à ma place.

Ce n’est même pas une autre dimension, c’est un autre univers. Personne n’a l’air inquiété, ni même conscient. Difficile à croire après avoir vécu une telle psychose italienne. Je me suis mise en quarantaine moi-même, car je pense que c’est un devoir civique. L’ennui est donc toujours mon meilleur ami, à défaut de pouvoir voir ceux que je m’étais faits en Erasmus. Je n’ai toujours pas réalisé ce qui s’était passé mais ce qui est sûr, c’est que jamais je ne me le serais imaginé lorsque j’avais lu cette simple phrase : « acceptée pour votre Erasmus à Milan ».

Nymphéa

 

mercredi, 11 mars 2020

À méditer

Voici un texte écrit par Ian Manook, écrivain. Je ne fais que partager ce texte qui -à mon sens- comporte bon nombre de vérités. J'ai mis en rouge ce qui me parait évident.

« POURQUOI MACRON NE CÉDERA PAS !
Macron ne cédera rien parce qu’il n’est pas là pour gouverner. Il n’est même pas là pour être réélu et encore moins pour faire une carrière politique. Il se fout de tout ça, et donc il se fout de ce qu’on pense ou dit de lui, de sa cote de popularité, de son avenir politique, il se fout de tout ça. Macron est un condottiere mandaté par des commanditaires pour détricoter et privatiser tout ce qui est collectif et solidaire en France. Et sa récompense ne sera pas d’être réélu ou de prendre place dans le paysage politique français, sa récompense sera d’aller siéger dans tous les conseils d’administration des sociétés qu’il aura privatisées pour ses commanditaires. Ce n’est rien d’autre qu’un homme de main qui obéit à des ordres et qui a agi en deux temps : en pourrissant l’État français de l’intérieur sous un Hollande complètement manipulé, et en prenant ensuite prétexte de ce pourrissement pour mener à bien son pillage en règle de l’état. Voilà pourquoi il se moque de tous ces scandales à répétition le concernant et concernant son gouvernement. Voilà pourquoi nous avons un gouvernement « de crise » composé sans vergogne à moitié de millionnaires, voilà pourquoi il garde un Président de l’Assemblée mis en examen, pourquoi sa ministre de la justice peut dire en rigolant qu’elle a juste oublié de déclarer trois appartements au fisc. Voilà pourquoi il met sans honte un voyou à la tête de la police et autorise à cette police des comportements de voyous. Voilà surtout pourquoi il ne cède et ne cédera devant aucune grève. Parce qu’il s’en fout.Il se fout de vous, il se fout du pays, il se fout de la misère et de la pauvreté, il se fout des éborgnés et des amputés par sa police. Il s’en fout. Il détricotera tout jusqu’au bout sans écouter personne, sans état d’âme, et ne pense qu’à la fortune personnelle que chaque action contre le bien public lui garantit. Et il partira en laissant un pays épuisé et exsangue, trop sonné pour se défendre contre le plus violent des systèmes de finance ultralibérale qu’on puisse imaginer. Il laissera tomber tout le monde. Le pays comme ceux qu’il aura manipulés pour en faire ses pires factotums et qui, seuls, devront affronter la vengeance populaire. Voilà pourquoi il ne cède et ne cédera pas, et voilà pourquoi la seule façon de le faire céder est de nous montrer plus obstinés, plus jusqu’au-boutistes, plus tenaces et plus violents que lui. Nous ne pouvons plus rester sur le terrain politique. Le seul mouvement qui l’ait ébranlé, c’est celui des Gilets Jaunes, parce qu’il l’a désarçonné là , politiquement et sur le terrain, où il ne s’y attendait pas. En un an, il a neutralisé ce danger en le ramenant dans les mains de ceux qui défilent dans les clous, dans des couloirs et dans des nasses où ils acceptent pratiquement de se faire tabasser. Il faut sortir des clous. Disperser le mouvement, redéfinir les manifestations. Sortir des clous et des nasses. Il faut qu’enfin se bougent ceux pour qui nous nous battons vraiment, étudiants et lycéens. Il faut Il faut reprendre les ronds-points, les ponts, les périphériques, éclater les défilés dans les villes et dans le pays. Le forcer à disperser et affaiblir ses milices. C’est une question de survie du pays. Il a déjà entrepris la privatisation des hôpitaux, de la SNCF, des gares, des aéroports, des barrages, de la Sécu. Il s’attaque à celle des routes, de la police, des universités, de la culture, de la justice. Cet homme ne veut plus d’état, sinon pour l’armée et la police, et nous savons tous qu’un tel état s’appelle une dictature."

IL FAUT TOUS LES VIRER, QUELQU’EN SOIENT LES MOYENS !!!
DANS QUELQUES MOIS IL SERA TROP TARD !!!

Partagez un Max cet article, qu’il soit lu de tous : merci

Par IAN MANOOK écrivain