Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 07 novembre 2016

Les fantômes -1-


podcast

Le car a quitté l'autoroute à Poitiers et nous roulons maintenant sur une départementale en direction de Saumur et Angers. Au-dehors la nuit a déplié son long manteau noir sur la campagne et la route serpente vers une destination incertaine. Si la plupart des passagers somnole, je suis au contraire très éveillée tout au fond du car. J'essaie en effet de comprendre le trajet emprunté qui doit nous conduire jusqu'à La Roche-Clermault, un village , que dis-je, un hameau, situé face à Chinon, sur la rive gauche de la Vienne. Je suis un peu chez moi ici, j'ai retrouvé la trace de mes lointains ancêtres sur ces terres aux confins du Poitou et de la Touraine. Je connais assez bien cette région et je n'arrive cependant pas à comprendre par où nous passons.

Depuis plus d'une heure, j'essaie vainement de lire les quelques panneaux indicateurs qui apparaissent de temps à autre dans les phares du car ; mais ils sont trop loin pour être lisibles et lorsque le car les atteint, la lumière ne les éclaire plus. Quelques lumières annoncent l'approche d'un village un peu plus important. Et là, miracle, je lis enfin un nom : LOUDUN .

Loudun ! Ma mémoire s'éveille soudain, prise d'une grande exaltation. De Loudun à Richelieu, il n'y a que vingt kilomètres. J'ai vécu deux ans à Richelieu au début de ma carrière, c'est la ville de naissance de beaucoup de mes aïeuls dont je retrouve la trace jusqu'au début du XVIIe siècle. Certains d'entre eux étaient passés par Loudun avant de s'installer dans la ville du Cardinal pour participer à  la construction de ce qui devait être le plus beau château de France. Il le fut sans doute, mais quelle folie ! Qui aurait eu l'idée saugrenue de venir s'enterrer dans ce coin perdu de France ? Mais laissons Richelieu, l'homme et sa ville et revenons à Loudun.

Alors que le car longe un immense édifice éclairé qui ressemble à une imposante église, un nom me vient alors à l'esprit : Urbain Grandier. C'est lui mon premier fantôme !

Avez-vous déjà entendu parler de cet homme ? Probablement pas, il faut être natif de la région pour se souvenir de l'histoire terrifiante que je vais vous conter maintenant, à ma manière. Mais auparavant, citons cette anecdote pour le moins étrange que j'ai trouvée en faisant quelques recherches. Au XIVe siècle, dans le Loudunais, une secte au comportement plus qu'étrange avait réussi à recruter un grand nombre de participants principalement issus des couches populaires. On les appelait les Turlupins. Ils pratiquaient la polygamie et s'accouplaient en public. L'été, ils parcouraient la campagne tout nus. Ils furent bien sûr poursuivis par le prévôt de la ville de l'époque.

Maintenant revenons à l'histoire qui nous intéresse. 

 Ville-de-Loudun-1200x795.jpg

Au début du XVIIe siècle, Loudun , bastion protestant, compte environ 14 000 habitants. Protestants et catholiques semblent y vivre en relative harmonie. 

grandier3.jpg

En juillet 1617, le jeune Urbain Grandier, âgé de 27 ans,  arrive à Loudun pour prendre ses fonctions ; il a été nommé curé de l'Église Saint-Pierre-du-Marché et chanoine de l'Église Sainte-Croix. C'est un bel homme, cultivé et son charme inné opère très vite -surtout sur la gente féminine-.  Il est très libertin et mène une vie que l'on peut qualifier d'un peu dévoyée au regard de la religion. Quelques jeunes filles se retrouvent enceintes et son attitude commence à lui valoir bon nombre d'ennemis. Mais il semble n'en avoir cure. Il se met en ménage avec une jeune femme, Madeleine de Brou, issue de la haute noblesse.

livre celibat.jpg

Celle-ci réclamant le mariage, il écrit un pamphlet, "Le Traité contre le célibat des prêtres" et épouse secrètement Madeleine en tenant tout à la fois le rôle du marié, du prêtre officiant et du témoin. Cela lui vaut un premier procès qu'il gagne et il reprend sa vie de débauche.

Non loin de là, en Touraine, le cardinal de Richelieu vient d'obtenir du Roi Louis XIII l'autorisation de construire le château et le bourg de Richelieu, en lieu et place du domaine de ses ancêtres, les du Plessis, où il passa son enfance.

Chateau_de_Richelieu_engraving_17th_century.jpg

Les travaux débutent dès 1624. Voilà une proximité qui ne va pas arranger les affaires du malheureux Urbain Grandier !

En 1631, Richelieu, au faîte de sa puissance, décide de renforcer l'unité religieuse du pays. Pour cela il faut supprimer les bastions protestants qui subsistent dans le royaume.Il charge donc le baron de Laubardemont du démantèlement du château et des fortifications de Loudun. Mais ce dernier se heurte à l'opposition farouche de Grandier qui prend fait et cause pour les Protestants. Voilà une attitude qui est loin de plaire au cardinal !

Le 7 mai 1632 une épidémie de peste se déclare dans la ville et près de 4000 personnes périrent, soit un tiers de la population. Cette épidémie ne disparut que mi-1633.

Et c'est en septembre 1632 que survient un incident qui va prendre des proportions énormes.

À suivre

 

 

dimanche, 19 octobre 2014

191. Une femme hors du commun

Deces-d-Irena-Sendler-qui-sauva-2500-enfants-juifs_article_main_large.jpg

Cette petite dame joviale s'appelle Irena Sendlerowa. Très certainement, vous n'avez jamais entendu parler d'elle -comme moi jusqu'à aujourd'hui-. Elle est décédée à Varsovie en 2008. 

Son action héroïque dans le ghetto de Varsovie durant la seconde guerre mondiale mérite d'être connue du plus grand nombre !

 


Une Juste : Irena SENDLER- par Herveybay

Sa vie a été retracée dans un film sorti en 2013 :

vendredi, 08 novembre 2013

193. Les mutants

Ils ont le même âge que moi, les frères Bogdanov, à savoir 64 ans. C'est un âge où les rides sont de plus en plus apparentes, où les taches brunes envahissent les mains, où la peau se flétrit à vitesse grand V, bref toute une série de transformations sur lesquelles on ne peut pas grand chose, si ce n'est de les accepter. Pour se consoler, on peut penser qu'on gagne en sagesse (quoique ...).

Il y a quelques jours les deux frères étaient invités dans une émission à la télé. Sur le coup j'ai eu un choc -il y avait plusieurs années que je ne les avais vus-. Certes ils n'ont aucune ride, mais quelle métamorphose de leur visage ! C'est assez effrayant quand même.

bogdanov2.jpg

 

bogdanov1.jpg

 

bogdanov3.jpg

 

bogdanov4.jpg

On peut se demander ce qui leur est arrivé. Selon le magazine Marianne, ils auraient ingéré de la déhydroépandrostérone (une hormone stéroïdienne réputée pour ses effets antivieillissement) ou bien de l'hormone de croissance (qui peut provoquer une déformation du visage au fil des ans).

Ce qui m'a toujours épatée, c'est le succès qu'ils rencontrent à chaque fois qu'ils publient un livre. Car, soyons quand même logiques, on ne comprend rien à ce qu'ils racontent ! Et gare à ceux qui viendraient les critiquer. Les procès sont chez eux monnaie courante ...

Mais eux, qu'en pensent-ils vraiment ?

 

mardi, 18 décembre 2012

299. Étrange découverte

Délaissant pour un temps le Cambodge, je lisais ce matin toutes les réactions  suscitées par le départ de Gérard Depardieu en Belgique. Personnellement, je pense que cette affaire est totalement grotesque et qu’il y a d’autres sujets plus importants actuellement que la fortune de Mr. Depardieu. C’est un crime de posséder un appartement de 1800m2 dans le centre de Paris ? Ce n’est pas pour autant qu’il est un homme heureux ; il suffit de le voir et de l’entendre pour se rendre compte qu’il est bien fatigué par la vie, notre pauvre Gégé national, alors foutons-lui la paix.

En parcourant sa biographie sur Google, je découvre qu’il a eu une liaison amoureuse avec Hélène Bizot.

Hélène Bizot ? Mon front se plisse soudain. Y aurait-il un rapport avec la fille de François Bizot, l’auteur des deux livres sur le génocide des Khmers rouges ? Dans son livre, Le portail, il évoque en effet sa compagne, Cambodgienne, et sa fille, Hélène, née en 1968.

En 1974, sentant que la situation dégénérait, il avait envoyé Hélène dans sa famille en France. Lors de l’évacuation de Phnom Penh en 1975, sa compagne ne peut quitter le territoire cambodgien. Dès la chute des Khmers en 1979, François Bizot part alors à sa recherche et la fait venir en France, dans les Ardennes, où elle vit toujours actuellement.

 Quant à sa fille, Hélène, c’est bien elle qui croise le chemin de Depardieu en 2001. De cette relation naîtra un petit Jean –prénom choisi en hommage à Jean Carmet-. en 2006.

En 2008, Depardieu reconnait l’enfant.

François Bizot, pour sa part, est retourné vivre en Thaïlande. Il demeure au nord-est du pays, à Chiang Maï.

Étrange tout de même que ces deux êtres-là venant d’horizons si différents se soient rencontrés !

Quant au petit Jean, quelle singulière ascendance : d’un côté une famille de prolétaires de Châteauroux, René dit Dédé, tolier-formeur et sa femme Alice, dite Lilette, mère au foyer.

De l’autre François Bizot, anthropologue, spécialiste du bouddhisme de l'Asie du sud-est à l'École française d'Extrême Orient  et sa compagne d’alors, Cambodgienne. 

mardi, 14 février 2012

36. Felix Kersten

Felix Kersten

felixkersten.jpg

Stockholm en Suède, 19 avril 1945 :

Les deux hommes s'envolèrent sur l'un des derniers avions à porter la croix gammée. Ils étaient les seuls passagers.

Cela se conçoit. Dans les environs immédiats de Berlin, on entendait déjà gronder les canons russes. Au fond de l'abri souterrain aménagé sous la Chancellerie du IIIe Reich, Hitler, enragé, encagé, lançait des ordres délirants que lui dictaient le désespoir, la fureur et la démence.

Dans leur avion, à cause du bruit des moteurs et de la nature de leurs pensées, les deux voyageurs solitaires gardaient le silence.

Masur contemplait, par le hublot, la plaine d'Allemagne du Nord se dérouler sous ses yeux.

Kersten, selon son habitude, avait croisé ses mains sur son ventre et tenait les paupières mi-closes. À travers leurs fentes, il observait le compagnon qu'il emmenait dans l'aventure la plus singulière et la plus dangereuse. 

Masur était un homme jeune, grand, svelte, habillé avec soin. Il avait un beau visage, brun et mince, qui exprimait une intelligence très ferme, une énergie tenace et une parfait maîtrise de soi-même. "Il aura besoin de tout cela", pensait Kersten.

Extrait de "Les mains du miracle", livre écrit par Joseph Kessel, paru en 1960 aux Ed. Gallimard.


Le médecin du Diable : Felix Kersten (2007) par sunsetpresse

Quelle histoire extraordinaire et cependant si méconnue que la vie de ce thérapeute qui fut le médecin du chef des SS, Heinrich  Himmler, de 1939 à 1945.

Joseph Kessel retrace dans son livre tous les évènements qui se déroulèrent durant cette période et le rôle précis que joua le médecin. Une lecture passionnante que je recommande à tous ceux qui s'intéressent à cette période de l'histoire.

Autre lien :

Biographie de Felix Kersten