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jeudi, 29 septembre 2011

208. Bilan d'une décennie -48-


podcast

Vendredi 12 janvier 2007 :

C’est sans aucune nostalgie que je quitte cet hôtel le lendemain matin. Nous nous dirigeons à présent vers Diên Biên, située à une centaine de kilomètres plus au sud. Ce nom évoque de bien douloureux souvenirs, n’est-ce pas ? J’y reviendrai en détails dans la prochaine note.

voyage, vietnam, dien bien phu

Pour l’instant nous traversons une très belle région montagneuse et verdoyante. Nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour prendre des photos.

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Ici, c’est un paisible village, situé à flanc de côteau.

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Plus loin, nous visitons un village thaï avec ses maisons sur pilotis.

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Diên Biên ( Phu, qui signifie district) n’est plus très loin à présent…

De nos jours la ville connaît un essor considérable. Cette vallée fertile a été déclarée « nouvelle zone économique » et attire une population de plus en plus croissante de montagnards pauvres. C’est aussi une plaque tournante pour le trafic de l’opium, le Laos n’étant situé qu’à seulement quelques kilomètres. Le passage au Laos ne peut s’effectuer qu’au sud de Diên Biên  et en ayant pris soin au préalable d’avoir pris un visa à Hanoï et d’y aller en bus. La zone reste interdite.

Pour la petite histoire, sachez qu’en 1999, quinze personnes furent condamnées à mort pour trafic de drogue. 

La ville ne présente aucun attrait spécifique. C’est une sorte de grande rue commerçante bordée de part et d’autre de magasins divers.

 

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Mais voici notre hôtel, le «Muong Thanh », situé au début de cette artère. Un hôtel spacieux, agréable. Il y a même une piscine au centre ! Un petit bar se trouve également à l’entrée. On  y trouve en vente ces fameuses bouteilles d’alcool de riz dont je vous ai parlé auparavant !

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Tout serait idyllique donc, si ce n’est un détail mentionné d’ailleurs dans «  le guide du routard » : en fouinant un peu du côté de la piscine, on peut découvrir, caché de la vue, un endroit sombre et nauséabond où est alignée une dizaine de cages. Dans ces cages très étroites sont enfermés des ours qui font pitié à voir tellement ils semblent stressés. Et pour cause ! A l’aide d’une seringue la bile de leur vésicule est régulièrement ponctionnée  afin d’en faire un alcool prétendument aphrodisiaque !

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Nous déjeunons au restaurant de l’hôtel avant d’entamer la visite historique. 

« Béatrice, Eliane, Anne-Marie, Huguette, Claudine, Gabrielle…» Pour certains d’entre nous, ces prénoms évoquent de bien tristes souvenirs. C’était il y a plus d’un demi-siècle, quelque part dans ce pays lointain que l’on appelait encore l’Indochine et où notre armée combattait pour une cause perdue d’avance. Nous avions déjà perdu la face lors de l’invasion japonaise de 1945.

Dans cette cuvette de Diên Biên, entourée de collines auxquelles les Français avaient donné de si jolis prénoms, une bataille décisive fut déclenchée le 13 mars 1954 qui devait durer jusqu’au 7 mai, date à laquelle la dernière colline (Eliane) tomba aux mains du Vietminh.

A 17h30 ce jour-là le PC du général De Castries est pris d’assaut.

« Il y eut soudain un surprenant, un terrible silence. Après 56 jours et 57 nuits de bruit et de fureur, nous eûmes l’impression, tout à coup, que nous étions devenus sourds.» (Pierre Schoendoerffer).

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Voilà, j’y suis, et je dois dire que c’est un moment particulièrement émouvant. Les chiffres parlent d’eux mêmes : 3000 morts, 4000 blessés, 10 000 prisonniers dont seulement un tiers reviendra des camps vietminh.

 

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Nous grimpons en haut de la colline Eliane qui domine à peine la ville. Juste à côté nous pouvons apercevoir l’énorme trou fait par l’explosion de 900 kilos de TNT que les combattants vietminh avaient fait sauter.

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Un peu plus loin nous traversons le pont construit par les Français et franchi 53 ans plus tôt sous les cris de :« xung phong !» ( à l’assaut).

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Et voici enfin le Q.G du général De Castries. Les salles sont vides. Dans la première on repense au colonel Piroth, commandant de l’artillerie, qui se suicida le 15 mars 1954.

L’endroit fait penser à un tombeau hanté par des fantômes. Impressionnant !

Ne cherchez pas le cimetière des soldats français. Il n’y en a pas. Les morts furent enterrés ça et là, sur les lieux des combats.

 On franchit alors la route et on se trouve face à l’entrée d’un jardin bien entretenu, au milieu duquel trône un monument. Ce monument a été édifié par un ancien combattant de l’armée française, Rolf Rodel, le 7 mai 1994 à l’occasion du 40e anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu. Nous déposons alors un bouquet de fleurs et nous nous recueillons un instant…A ce moment là, je pense au père de Mimi, je pense aussi à quelques amis de mon père qui avaient eu la chance d’en réchapper par miracle, je pense à cette infirmière que j’ai connue autrefois et qui avait accompagné les soldats durant toute la campagne. 

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À suivre



VIETNAM 2 par cheztinou

vendredi, 07 mai 2010

184. Le 7 mai 1954

Ils avaient vingt ans, du courage, une certaine idée de la France. Pour beaucoup d'entre eux, la vie s'est arrêtée soudainement dans cette vallée verdoyante transformée en trou à rats d'où il était impossible de s'échapper. Ils avaient donné des prénoms féminins aux collines entourant cet endroit de mort : Béatrice,Éliane, Huguette ...

10 800 hommes face à une armée de 350 000 Vietminhs. Un combat perdu d'avance, mais cependant quelle ardeur à défendre ce bout de terre si loin de la France !

Après la défaite, ce fut l'internement dans des camps, le lavage de cerveau, les maladies. Puis le retour en France, une France ingrate qui avait déjà oublié ses combattants.

Aujourd'hui, mes pensées vont vers eux :