vendredi, 17 avril 2009
125. Cachez-moi cette pipe...
que je ne saurais voir !
On est en plein délire. Cette information aurait été diffusée le 1er avril que nous aurions à coup sûr pensé à un poisson.
Hélas, c’est pourtant la triste réalité.
La Cinémathèque de Paris organise actuellement une exposition sur le cinéaste Jacques Tati. A cette occasion la régie publicitaire de la RATP, Métrobus, a placardé une affiche représentant une image du film « Mon oncle » Jusque là, rien de bien extraordinaire : on voit monsieur Hulot transportant son neveu sur son Solex.
Et c’est à ce moment précis que l’on frise le ridicule ! Regardez bien la photo :
On a transformé la pipe de Hulot en… moulin à vent ! C’est à la fois grotesque et navrant.
On nous avait déjà transformé Lucky Luke en brouteur d’herbe, voici maintenant le Don Quichotte des Solex.
La loi Evin est encore passée par ici.
Hulot sans sa pipe (qu’il ne fume jamais d’ailleurs) c’est un peu comme Charlot sans sa canne et son chapeau, Churchill sans son cigare, Malraux, Sartre et Gainsbourg sans clope.Leurs photos vont-elles également subir la censure ?
De quel droit se permet-on de transformer ainsi une image extraite d'un film ?
Car, si on veut aller plus loin dans le ridicule, il aurait également fallu rajouter un casque sur la tête de Hulot, l’affubler d’un blouson car l’imperméable peut se prendre dans la roue du Solex, sangler le neveu dans un siège car il risque de basculer … Sécurité avant tout, n’est-ce pas ! Et puis aussi supprimer le Solex qui pollue l’atmosphère et le remplacer par un simple vélo.
Seulement voilà, en ce temps là, on pouvait encore faire ce qu’on voulait. Vous allez voir que d’ici peu le port du casque pour les cyclistes va devenir obligatoire !
Allez, pour nous consoler, regardons un extrait de mon oncle.
05:31 Publié dans Croque mots | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : polémique, tati, film, pipe
samedi, 08 novembre 2008
Jean-Élie (3)
Cette nouvelle contraria énormément Jean-Elie. D’abord parce qu’il devait laisser sa chambre et puis, inconsciemment, il craignait que cette nouvelle arrivante devienne le centre d’intérêt de la maison. C’est donc en ronchonnant qu’il prit ses vêtements, ses affaires de classe et qu’il mit tout ça en vrac dans la pièce d’à côté. C’était une toute petite pièce, l’ancienne chambre de Jacques, qui avait été transformée après son départ en garde-manger. Il y avait là un divan, une table, une grande armoire dans laquelle Yvonne entreposait ses conserves et les pots de confiture.
Le lendemain, quelques jours avant le quatorze juillet, la nouvelle arriva, accompagnée de ses parents. Jean-Elie s’était mis en retrait et l’observait. Elle semblait avoir son âge mais elle était beaucoup plus grande que lui et plus forte aussi. Elle regardait autour d’elle et semblait assez décontenancée par le décor intérieur. Tante Yvonne l’appela alors pour faire les présentations. Danielle s’avança vers lui et lui tendit la main, mais il ne bougea pas.
« Eh bien, Jean-Elie, qu’est-ce que tu attends ? Dis donc bonjour !»
Alors, tout en maugréant, Jean-Elie tendit la main et serra mollement celle de « l’étrangère » tout en se disant que dès qu’il en aurait l’occasion, il se vengerait d’avoir perdu sa chambre. Occasion qui ne tarda pas à se présenter.
Le village se préparait à fêter le quatorze juillet. Il faut avoir vu le film de Jacques Tati, « Jour de fête », pour se représenter réellement ce que pouvait être une fête à la campagne. Tous les ingrédients étaient là : les forains étaient arrivés la veille et avaient dressé leurs manèges et leurs stands sur la place du village. Les filles s’étaient mises sur leur trente-et-un, arborant des robes rose bonbon et bleu ciel. Les vieux avaient ressorti le costume de la naphtaline. Les cafés du coin avaient décoré leurs terrasses avec des guirlandes et des lampions. Et puis il y aurait le bal populaire, le moment tant attendu dans les campagnes pour faire connaissance… Bref c’était le grand événement de l’année.
Tante Yvonne donna l’autorisation aux deux enfants de s’y rendre, à pied bien sûr. Il n’y avait pas d’autre moyen de locomotion. Le village était situé à trois bons kilomètres de la ferme et la petite route qui y menait était sinueuse et pentue…
A suivre
Pour retrouver l'ambiance de cette époque, voici un extrait de "Jour de fête".
04:28 Publié dans Petites nouvelles de rien du tout | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nouvelle, fete, village, campagne, tati