Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 10 décembre 2013

215. De quoi y perdre son latin

Je suis un homme de 24 ans et je suis marié à une veuve de 44 ans, laquelle a une fille de 25 ans. Cette fille a épousé mon père.

dos-coco-p240-2.jpg

Donc :

Mon père est devenu mon gendre puisqu'il a épousé ma belle-fille.

Ma belle-fille est devenue ma belle-mère puisqu'elle a épousé mon père.

Jusque là, ça va. Mais les choses se compliquent !

En janvier ma femme et moi avons eu un fils.

Cet enfant est donc devenu le frère de la femme de mon père, donc le beau-père de mon père. En conséquence, c'est mon oncle puisqu'il est le frère de ma belle-mère. Mon fils est donc mon oncle.

L'histoire se corse un peu plus car la femme de mon père a eu également un garçon en septembre dernier. Cet enfant est donc mon frère puisqu'il est le fils de mon père. Mais il est aussi mon petit-fils puisqu'il est le fils de la fille de ma femme.

Je suis ainsi le frère de mon petit-fils et comme le mari de la mère d'une personne est le père de celle-ci, il s'avère que je suis le père de ma femme et le frère de mon fils.

Je suis donc mon propre grand-père !

Imaginez ce que cela deviendra avec le mariage pour tous avec un père qui est la mère et une mère qui est le père !

Bon, pour l'aspirine, la dose à ne pas dépasser est de quatre comprimés par jour.

lundi, 09 décembre 2013

214. Les petits travaux disparus -10-

Quand tout était terminé, il y avait un coup de sifflet assez prolongé pour avertir le prochain cultivateur de venir avec ses chevaux chercher le matériel. Avec ma sœur nous regardions ce déménagement, nous ne voulions rien perdre des opérations.

Quelques fois les chevaux avaient un mal fou à démarrer ; Ils s’élançaient, les traits se tendaient et il leur fallait recommencer …

Nous étions fière de Cocotte, elle ne se rebutait jamais, elle était franche comme disait papa, si belle parmi les autres. Elle formait un bon attelage avec Mouton, un brave cheval.

Et puis, tout à coup, la machine était partie … Il fallait alors tout remettre en ordre, vaisselles, table, bancs, pour l’année prochaine. Maman était contente, elle avait tellement cuisiné : pot au feu, râgouts, poulets, œufs au lait, salades, fromages. Tout y passait, ces hommes jeunes avaient bon appétit.

Maintenant les moissons sont bien changées ! Vers 1955 il y eut des tracteurs pour remplacer la chaudière. Il fallait bien savoir mettre en place ce gros tracteur dans la cour des fermes pour installer juste à point la batteuse afin que tout fonctionne parfaitement en branchant le système électrique.

Jacques, mon fils, en rentrant d’Algérie en 1963, fit lui aussi une campagne de chauffeur-conducteur du tracteur de « La 24 ». Il était responsable de l’installation. Il fallait faire des manœuvres pour tomber juste, c’était une bonne expérience !

Maintenant, depuis quelques années ce sont des grosses moissonneuses-batteuses bleues, rouges, tout est fait sans travail manuel, ce sont les vacances ! Qui pense encore aux moissons ?

Donc mon frère Aimé porta les sacs, je crois, et apprit à faire des tas de paille, les bauges de paille. C’est tout un savoir faire, il faut que tous les rangs de bottes de paille soient bien serrés afin que l’eau ne rentre pas à l’intérieur du tas, il faut respecter une pente et toujours bien tasser les bottes. Ces tas de paille seront là tout l’hiver car nous n’avions pas de hangar.

Roger, mon mari, fit lui aussi des campagnes de machines en tant que porteur de sacs. Il fallait être fort et adroit, avoir le coup de rein pour placer le sac de 80, 90 ou 100 kilos et le monter à l’échelle pour le vider ensuite au grenier. J’ai souvent admiré l’aisance et la souplesse des porteurs de sacs, marchant tranquillement, leur sac sur l’épaule.

Tous les étés dans quelques communes des environs on essaie de reconstituer ce travail de la batteuse. Mais nous sommes en 1978, bientôt on oubliera complètement. C’est pour cela que je vous le raconte …

2013 : la tradition se poursuit toujours.

Comme Aimé était revenu, Raymond partit travailler chez mon oncle pour gagner de l’argent à son tour. Papa acheta un poulain non dressé ; Il était vraiment beau avec un poil brillant bien foncé, mais il avait un sale caractère. On l’appela Papillon, son dressage ne fut pas facile !

Il fallait lui apprendre à être attaché au tombereau, à la charrue dans les vignes, au brabant avec les autres. Quelle victoire quand on observait des progrès. Aimé s’occupa beaucoup de Papillon, il le félicitait et le caressait quand il avait bien travaillé.

C’est moi qui fis le dressage de Coco qui grandissait et devenait un beau chien, genre épagneul, roux très foncé. Je l’habituais à me suivre, à m’obéir. Souvent, en arrivant de l’école, je gardais les vaches. Je l’emmenais avec moi, tenu par une ficelle. Je lui appris à connaître chaque vache par son nom. Petit à petit il apprit à leur faire faire demi-tour lorsque l’une ou l’autre s’écartait. Après un certain temps je n’eus plus besoin de ficelle. Ce n’est pas croyable ce que je faisais faire à ce chien ! Mais quand je partais à l’école, il savait qu’il devait rester à garder la cour. Je le lui disais et :

À ce soir Coco !

Il remuait alors sa belle queue touffue tristement, il boudait.

Quand il y avait une chienne an amour dans les environs, surtout une certaine Mirza qu’il aimait, il partait et me laissait en plan … Quand il revenait et essayait de se faire pardonner, je le boudais à mon tour.

J’avais aussi essayé de l’atteler à une brouette. Pauvre chien, il en faisait une tête ! Il n’aimait pas ça du tout et j’y ai renoncé.

Le soir aussi à partir du printemps je gardais les chèvres auprès de la maison. Coco courait autour d’elles pour jouer. Mimi n’aimait pas les chèvres, je crois qu’elle en avait peur.  C’est vrai que c’était quelque chose de garder les biques !

Il y avait Quiqui, une grande et forte chèvre noire avec des cornes, une barbiche et des petits barbillons. Elle avait des yeux extraordinaires, sa tête était noire et feu. Elle courait en traversant la cour pour aller croquer les géraniums posés sur la fenêtre de la cuisine et je devais la prendre de vitesse pour éviter un désastre.

Quand le linge était étendu dans le petit pré où je les gardais, elle fichait des grands coups de tête dans tout ce qui flottait au vent ou lorsque je voulais les faire revenir elle se cachait derrière les tas de paille où elle me faisait jouer à cache-cache.

Sa camarade Fauvette, une chèvre blanche un peu bête, suivait ainsi que sa fille Rosette. Elles m’ont fait piquer des colères ces trois biques !

Quand elles étaient enfin rentrées et attachées, j’avais parfois envie de flanquer une raclée à Quiqui, mais elle prenait un air indifférent et très sage, elle secouait sa barbiche et marmonnait ses réflexions. Je suis sûre qu’elle se moquait de moi … Elle donnait beaucoup de lait, ainsi que les autres et maman faisait des fromages.

J’apprenais mes leçons tout en les gardant. Quand elles étaient sages, je grimpais sur le siège du rouleau et là-dessus j’étais comme un prince sur son trône parlant à son peuple. Je déclamais mes leçons à haute voix. J’étais heureuse et je m’amusais …

 À suivre

dimanche, 08 décembre 2013

213. Petite balade dans Tours

Tours 001b.jpg

Année 2008, cinq ans déjà, pourtant j'ai l'impression que c'était hier !

Vous pouvez vous amuser à essayer d'identifier les lieux :


Tours ma ville par cheztinou

212. Surprise de taille

La semaine dernière, j'ai reçu un mail de Paul qui me demandait si j'étais intéressée par quelques timbres oblitérés d'Amérique du sud :

— Vous verrez, il y en a quatre ou cinq poignées mais ils sont très beaux.

— Oui, bien sûr, avec grand plaisir ! lui répondis-je alors.

Hier matin, coup de sonnette à la maison. C'était le facteur qui m'apportait un assez volumineux paquet. Un peu surprise, j'ouvre donc le colis et là :

Maison 002a.jpg

Ce ne sont pas quelques poignées mais à coup sûr quelques milliers de timbres que je me suis empressée alors d'étaler sur ma table... Bon, me voilà de l'occupation pour plusieurs semaines.

Merci Paul ! 

 

vendredi, 06 décembre 2013

211. Les petits travaux disparus -9-


podcast

Un matin, papa trouva notre chien Vermouth mort. D’après le vétérinaire il avait été empoisonné. Nous n’avons jamais compris ni pourquoi ni comment. J’avais du chagrin et on me promit alors un autre chien. En effet, un soir en rentrant de l’école, il y avait un petit chiot adorable, roux foncé, peureux et timide. Je l’appelai Coco mais je ne voulais pas qu’il soit toujours attaché à cette grande chaîne quand il serait grand.

Ce doit être au cours de l’été 1928, j’avais dix ans, lorsque nous reçûmes une lettre d’Aimé nous annonçant son retour. C’était l’été, un dimanche, il faisait très beau. Raymond avait balayé la cour comme il le faisait tous les dimanches matin, maman avait fait la cuisine, toute heureuse de préparer de bonnes choses, et nous, les petites, nous guettions l’arrivée de notre grand frère …

Le voilà ! Je me rappelle notre saisissement quand nous le vîmes si maigre, si basané, ses dents blanches ressortant sur son teint recuit ; Mais ensuite, après les embrassades, quelle joie de voir nos parents et nos frères si heureux !

Après le déjeuner, personne ne faisait attention à nous, toute la famille bavardait en prenant le café … Nous sommes alors parties toutes les deux, Mimi et moi, nous promener à travers champs. Nous sommes arrivées dans un champ de trèfle à graine en pleines fleurs roses comme des pompons, sentant une certaine odeur sucrée (c’était où est maintenant l’usine Roche). Il y avait des papillons par centaines et de toute beauté. Je ne crois pas avoir revu de si beaux spécimens. Nous étions émerveillées, nous courions d’un côté sur l’autre ; Nous avons parcouru le champ de trèfle en tous sens. Pourtant ce champ ne nous appartenait pas, cela était défendu de marcher dans les luzernes, trèfles, blé, avoine. Mais ce jour-là nous n’y pensions plus, nous étions si heureuses qu’il nous fallait courir à travers champs …

Pour se remettre dans le bain de la vie civile et se faire un peu d’argent, Aimé fit une campagne de machines. Les moissons étaient déjà faites ; Les bauges c'est-à-dire les tas de grains ou meules attendaient pour être battues dans la cour des fermes. Il fallait donc faire venir la machine à battre pour récolter le blé, l’avoine ou l’orge en sacs, soit pour les vendre et livrer de suite, soit pour mettre au grenier. Les balles étaient récupérées pour faire les tas de paille.

 

batteuse.jpg

Notre machine à battre s’appelait « La 24 », car pour le lancement de cette machine il y avait 24 sociétaires-cultivateurs. Chaque cultivateur battait à son tour, une année les uns commençaient, puis l’année suivante c’étaient les autres.

Ce matériel se composait d’une énorme chaudière à vapeur comprenant un foyer surmonté d’un réservoir d’eau et une énorme poulie d’où partaient des courroies qui actionnaient la batteuse installée à quelques mètres et qui recevait les gerbes déliées régulièrement. Un ou deux hommes se positionnaient toujours dessus  tandis que deux autres, sur un support en côté, écartaient les gerbes afin qu’elles s’engouffrent dans la batteuse qui battait et triait le grain qui tombait dans les sacs. Là aussi se tenaient deux ou trois hommes pour emporter ces sacs pleins de quatre-vingts, voire cent kilos, dans les charrettes pour être livrés ou dans les greniers par des échelles ou escaliers pour les futures semailles oa d’autres besoins de la ferme …

Au bout de cette batteuse, il y avait un lieur qui lui, liait les bottes de paille. D’autres enfin portaient cette paille à bout de fourche jusqu’au futur tas de paille qui se faisait au fur et à mesure par un embaugeur.

Le responsable de tous ces travaux était le chauffeur : il arrivait le premier le matin avant jour pour allumer sa chaudière. Il fallait donc préparer du bois, du charbon et de l’eau pour le réservoir. Pendant que ça chauffait, les hommes arrivaient et ils prenaient le petit déjeuner. Quand tout était prêt, un coup de sifflet retentissait et tous se mettaient en  marche, chacun à son poste.  

Tout le matériel était amené d’un cultivateur chez l’autre par des chevaux. Je me rappelle, quand la machine venait chez nous de par la vallée de Vaugareau, il fallait plusieurs chevaux par matériel à cause de la côte. On entendait des coups de fouet claquer, des jurons et des « Hue ! Hue ! Hue ! ». Il y avait des chevaux plus ou moins bons tireurs. Ce n’était pas une petite affaire !

Avec ma petite sœur nous montions dans le haut de l’escalier en pierres qui accédait au grenier à blé, au-dessus de nos chambres, et de là nous voyions l’arrivée de la machine.

Cela donnait un mal fou à maman car il fallait nourrir une vingtaine d’hommes quatre fois par jour et il fallait aussi de la place. On mettait alors une grande table dans la grange, après l’avoir soigneusement nettoyée, et deux bancs. J’aidais à mettre le couvert, à laver les verres …

Toutes les heures un coup de sifflet retentissait et il fallait porter à boire aux hommes et toujours laver les verres, laver la vaisselle … Nous en faisions des tours de la cuisine à la grange, mais cela se faisait en gaieté. Il y avait une chose que je n’aimais pas : c’était quand le chauffeur lâchait le trop-plein de la vapeur ; j’avais peur que ça explose, mais je n’ai jamais osé l’avouer. J’étais bien trop excitée par tout ce remue-ménage.

Nous battions quelques fois un jour et demi, ou plus, cela dépendait du temps. Il ne faisait pas toujours beau. Papa consultait le baromètre, regardait le ciel et disait :

Pourvu qu’il fasse beau pour les battages !

Quelques fois il faisait très chaud, les hommes étaient rouges, en sueur, dans la poussière.

Nous ramassions aussi les balles – l’enveloppe du grain -. Il y avait un tuyau qui partait de la batteuse et qui montait au grenier. Ces balles servaient à faire de « l’augée », mélangées avec des betteraves râpées au coupe-racine. L’hiver on donnait ça aux vaches. Maman mettait de l’eau très chaude sur cette augée, ça sentait bon, mais quel travail quotidien ! Tous les jours il fallait recommencer. On décrottait les betteraves le soir, c’était ma corvée mais je voulais que Mimi m’aide, ça m’ennuyait de faire ça toute seule.

Le soir des battages, les hommes chantaient, racontaient des histoires, riaient fort ; ils étaient pourtant fatigués. Mais le lendemain ils étaient tous là avant le lever du jour.

 

À suivre