vendredi, 14 décembre 2012
293. De l'absurdité des idéologies
Je viens de terminer la lecture du livre-témoignage de François Bizot, intitulé « Le portail » dans lequel l’auteur raconte sa détention de trois mois dans la jungle cambodgienne en 1971, puis la chute de Phnom Penh et l’évacuation des étrangers, regroupés à l’ambassade de France, vers la Thaïlande en 1975.
Il y a un passage qui a particulièrement retenu mon attention.
L’action se situe à Phnom Penh, en 1975. Les Khmers rouges sont entrés dans la ville et ont commencé aussitôt les saccages et les massacres. Puis par la force, ils obligent la population à quitter la ville sous le faux prétexte que l’armée américaine va bombarder la capitale.
Les étrangers sont alors regroupés à l’Ambassade de France et attendent un départ qui tarde à venir :
Un GMC débâché arriva devant le portail. Debout, accrochés aux ridelles, des révolutionnaires levaient les bras et poussaient des acclamations de supporters excités par la victoire de leur équipe. Je n’eus pas besoin de les regarder par deux fois pour aviser la barbe de Jérôme Steinbach, avec tout de même un mouvement de surprise, car il était accoutré à la khmer rouge ! Parmi les jeunes révolutionnaires qui étaient autour de lui, je reconnus sous le même déguisement Jocelyne, son épouse, qui m’avait si aimablement ouvert la porte de chez eux, puis Jean-Pierre et Danièle Martinie. Comme c’était prévisible, les maquisards avaient tenu au plus vite à se débarrasser des communistes français, parce qu’ils n’avaient rien à partager avec eux.
Un des gardes assis à côté du chauffeur descendit du camion et me remit leurs passeports. Les quatre professeurs de la faculté de lettres sautèrent sur l’asphalte en faisant claquer leurs sandales Hô Chi Minh, après avoir donné maintes accolades démonstratives à leurs camarades d’escorte, lesquels, un peu gênés, répondaient en riant à ces gestes débordant d’exubérance.
Cet affichage, par des intellectuels parisiens, de fraternité avec de pauvres Khmers rouges me semblait ridicule et déplacé. Que comprenaient-ils de leurs mobiles et de leur langue, de leur histoire et de leur révolution ? Quasiment rien, comme l’attestera le petit livre bien écrit que commettra le couple Steinbach, dès son retour en France, aux éditions du Parti communiste . Leur naïveté dangereuse, fondée sur une vision de l’esprit, devant des évènements qui allaient marquer l’Histoire en rouge et en noir, ne pouvait que me faire frémir, car elle participait de la responsabilité lourde de l’Occident, qui avait plaqué sans nuances ses modèles et ses idées sur un monde totalement étranger à sa culture, et qui n’avait pas su en prévoir, en arrêter, ni en reconnaître les effets pervers. Quel que soit le dosage de sympathie et de haine que j’aie pu éprouver pour certains de ces coupables rêveurs, animés d’un sincère sentiment de fraternité, ils ne m’inspirent plus aujourd’hui — maintenant que le point culminant de l’irrémédiable a été atteint et qu’ils se taisent — qu’une amère compassion, une infinie tristesse…
Les cris de joie poussés du camion avaient attiré l’attention de quelques curieux, qui observèrent la scène de loin, dans la cour, d’abord sans comprendre, ensuite sans mot dire. Le gendarme ouvrit le portail , et, cachant leur dépit, les nouveaux arrivés entrèrent, non sans s’être retournés plusieurs fois pour encore saluer et applaudir leurs frères de lutte contre l’état de classes …
Casquetté à la chinoise, le krama autour du cou et le pyjama noir trop neuf qui bouffait aux genoux et découvrait ses chevilles, Martinie s’avança courageusement le premier. Son œil était cynique, sa mine réjouie était effrontée ; il s’efforçait de cacher le malaise que lui faisait ressentir ce recours forcé à la protection des autorités françaises. Les réfugiés qui s’étaient rassemblés derrière nous se sentirent humiliés par l’impudence du jeune prof à se présenter dans l’uniforme des révolutionnaires, comme pour les narguer. L’un d’eux, André Dessain, qui avait du sang dans les veines, ne put contenir son indignation. Arrivé en Indochine avec le corps expéditionnaire et démobilisé sur place, il avait eu le temps de mesurer, jour après jour, depuis trente ans, l’ampleur du désordre et des abominations que le communisme avait fait apparaître dans la Péninsule. Le type était costaud, râblé ; sa barbe de plusieurs jours mangeait son visage sous un fin collier qui dessinait ses os maxillaires. Il bondit à sa rencontre.
— T’as pas honte ? cria-t-il à Martinie, en se dressant sur ses courtes jambes.
Et il lui campa une claque retentissante.
L’intellectuel travesti en resta stupide, et il leva l’avant-bras pour en parer une autre qui ne vint pas. Les yeux de Dessain jetaient des flammes. Il lui arracha le havresac kaki de l’armée américaine qu’il portait à l’épaule et l’obligea à se changer. Les autres, qui arrivaient par derrière, ôtèrent d’eux-mêmes leur casquette et leur krama …
Alors là, je dis bravo et je regrette même l’absence de la deuxième claque. Ainsi donc, ils sont rentrés en France – à contre-cœur- semble-t-il. C’est bien dommage que les Khmers n’aient pas voulu les garder. Ils auraient ainsi pu mettre en pratique leur belle idéologie en creusant des fossés sous un soleil de plomb et en crevant de faim … Une expérience qui aurait pu au moins les aguerrir, ces révolutionnaires de salons parisiens, fonctionnaires nantis dans une ancienne colonie et qui crachaient sur le bon pain dont ils étaient bénéficiaires !
Je me demande ce qu’ils sont devenus …
14:45 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lecture, portail, cambodge, françois bizot
292. Les affiches de propagande -4-
Titre : 30 janvier 1933-1943
Un combat - Une victoire !
Cette affiche allemande fut publiée à l'occasion du dixième anniversaire de l'accession d'Hitler au pouvoir. C'est en effet le 30 janvier 1933 qu'il est devenu chef du gouvernement grâce à l'appui de l'ex-chancelier Franz von Papen et des ultra-conservateurs. Chancelier du Reich par les moyens légaux, Hitler bâtit désormais sa dictature pièce par pièce en continuant à utiliser la légalité pour éliminer impitoyablement tous ses adversaires et tous ses rivaux.
06:01 Publié dans Zoom sur ... | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 13 décembre 2012
291. Aux fourneaux
Je ne sais pas ce qui m'a pris ce matin, toujours est-il que j'avais envie de cuisiner, enfin ... surtout essayer de nouvelles recettes, faciles et bon marché.
Après avoir été faire les courses, j'ai donc commencé par faire des biscuits à l'orange.
Voici donc la recette :
Ingrédients:
250g de farine
1 sachet de levure
100g de sucre en poudre
100g d'écorces d'oranges confites
1 œuf entier
150g de beurre (je n'en ai mis que 120g environ, maus c'est suffisant).
1 pincée de sel.
1ère étape :
Mélangez la farine, la levure et le sucre. Ajoutez les écorces coupées en petits dés. Incorporez le beurre et l'œuf, puis mélangez le tout. Laissez reposer la pâte 30minutes environ.
2ème étape :
Préchauffez le four à 150°. Étalez la pâte sur une hauteur d'environ 5mm et découpez les biscuits à l'aide d'emporte-pièces.
Comme je ne suis pas patiente, j'ai fait une première fournée avec des petits biscuits, puis j'ai fini la pâte en faisant des gros ronds. C'est moins esthétiques mais tout aussi bons !
Laissez cuire environ 15minutes. Sortez les biscuits quand ils prennent une belle couleur dorée.
Voici le résultat :
Je n'allais pas m'arrêter en aussi bon chemin ! Aussi, comme j'avais acheté un paquet de noix de coco en poudre, j'ai fait des rochers ( appelés aussi Congolais).
Pour la recette, reportez-vous à la vidéo qui suit :
Demain, je me lance dans le salé !
16:51 Publié dans Côté cuisine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : recette, biscuit, rochers, noix de coco
mercredi, 12 décembre 2012
290. Quizz sur Tours
Il m'agace, ce piaf, avec ses questions ! Est-ce que je lui en pose, moi, des questions ?
Bon, quand je dis : je sais, je sais, je m'avance un peu vite en besogne. Mais je viens de trouver la parade.
04:22 Publié dans Evènementiels | Lien permanent | Commentaires (0)
289. Affiches de propagande -3-
Voici une affiche américaine :
Titre : ... parce que quelqu'un a parlé !
L'action des sous-marins allemands contre les convois alliés est si précise que le haut commandement anglo-saxon soupçonne des fuites. La trahison seule peut expliquer les embuscades tendues par douze à seize submersibles au point le plus favorable du parcours de chaque convoi. C'est la raison pour laquelle on rappelle à l'opinion la grande consigne du secret militaire et du silence. Recommandations inutiles puisque le "Service B" de la Marine allemande continue, malgré toutes les précautions prises, à décrypter les communications ennemies et que, trois ans durant, l'amiral Dönitz lit, pour ainsi dire, par-dessus l'épaule de ses adversaires.
03:37 Publié dans Zoom sur ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : affiche, propagande, guerre