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vendredi, 05 décembre 2014

220. Nouvelle escapade

La valise est sortie. Dedans j'ai mis deux pulls bien chauds, le bonnet, les gants et l'écharpe de laine car, là où je vais, la neige a déjà fait son apparition. Je vous donne donc rendez-vous le samedi 13 décembre.

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D'ici là, portez-vous bien ! 

jeudi, 04 décembre 2014

219. Les insolites III -2-


podcast

1. En grande pompe, Grand Popo, Bénin, janvier 2009

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 2. Bon appétit, Saint-Louis, Sénégal, décembre 2007

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 3. Corde à linge, Marrakech, mai 2009

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 4. Le cygne

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 5. Chez le boucher, Éthiopie, janvier 2014

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 6. La mouche

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 7. Les bigoudènes, Locronan, Finistère, 2004

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 8. Ça ne passe pas !

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 9 et 10. Têtes de bois, château du Rivau

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À suivre

mardi, 02 décembre 2014

218. Un lieu, un livre -3-


podcast

La belle ville de camaïeu rose (Jaïpur)

 

inde,jaipur,pierre loti

Avoir une grande ville rose, entièrement rose, du même rose et semée des mêmes bouquets blancs, ses maisons, ses remparts, ses palais, ses temples, ses tours et ses miradors, quel étonnant caprice de souverain ! On dirait qu’on a tendu tous les murs d’une même vieille indienne à fleurs, on dirait une ville en vieux camaïeu du XVIIIe siècle ; cela diffère de tout ce qu’on avait vu ailleurs, cela arrive à des effets de complète et charmante invraisemblance. [ … ]

Au milieu de la chaussée, le défilé est continuel, de cavaliers aux armes d’argent sur des selles éclatantes, de lourds chariots traînés par des zébus aux cornes peintes, de chameaux attachés en longue file, d’éléphants en robe dorée dont on a barbouillé la trompe de mille dessins. Passent aussi des dromadaires, que montent deux personnages l’un derrière l’autre, et qui vont au trot léger, le cou rendu, comme des autruches à la course ; passent des fakirs entièrement nus, poudrés à blanc de la tête aux pieds ; passent des palanquins et des chaises à porteurs : tout l’Orient des féeries, processionnant à grand spectacle, dans l’inimaginable cadre de camaïeu rose. [ … ]

 

inde, jaipur,pierre loti

 

Mais il y a aussi des rôdeurs bien lugubres — des échappés de sarcophage, dans le genre des êtres qui gisent là-bas aux portes des remparts… Ils ont osé entrer dans la belle ville couleur de fleur, ceux-là, et y traîner leurs ossements ! … Il y en a même beaucoup plus qu’on eût dit au premier abord. Ceux qui errent, chancelants et les yeux hagards, ne sont pas seuls ici : sur les pavés, parmi les marchands, parmi les gais étalages, se dissimulent d’horribles paquets de haillons et de squelettes qui obligent les passants à se détourner pour ne pas marcher dessus …

Et ces fantômes-là, ce sont les paysans des plaines d’alentour. Depuis qu’il ne pleut plus, ils ont lutté contre la destruction du sol, et les longues souffrances les ont préparés à ces maigreurs sans nom. À présent, c’est fini. Le bétail est mort, parce qu’il n’y avait plus d’herbe, et on en a vendu la peau  à vil prix. Quant aux champs qu’on ensemençait, ce ne sont plus que des steppes de terre émiettée et brûlée, où rien ne saurait germer. On a vendu aussi, pour acheter de quoi manger, les hardes qu’on avait pour se couvrir, les anneaux d’argent qu’on avait aux bras et aux pieds. On a maigri pendant des mois. Et puis la faim est venue tout de bon, la faim torturante, et bientôt les villages se sont remplis de l’odeur des cadavres.

Manger ! Ils voulaient manger, ces gens, voilà pourquoi ils étaient venus vers la ville. Il leur semblait qu’on aurait pitié, qu’on ne les laisserait pas mourir, car ils avaient entendu dire qu’on amassait ici des grains et des farines comme pour un siège, et que tout le monde mangeait dans ces murs. [ … ]

En ce moment, il s’agit de décharger sur un trottoir, devant des greniers sans doute trop remplis, une centaine de sacs de grains que des chameaux apportent, et il faut pour cela déranger trois petits enfants-squelettes, de cinq à dix ans, tout nus, qui reposaient ensemble à la place choisie.

«  Ce sont trois frères, explique une voisine ; les parents qui les avaient amenés sont morts (de faim, c’est sous-entendu) ; alors ils sont là, ils restent là, ils n’ont plus personne. »

Et elle paraît le trouver tout naturel, cette créature, qui pourtant n’a pas l’air d’une méchante femme ! … Mon Dieu, qu’est-ce donc que ce peuple ? Et comment sont faites les âmes de ces gens, qui pour rien au monde ne tuerait un oiseau, mais qui ne se révoltent pas de ce qu’on laisse, devant leur porte, mourir les petits-enfants ?

Au croisement de deux avenues de palais et de temples roses, sur une de ces places qu’encombrent les marchands, les cavaliers, les femmes drapées  de mousselines et couvertes d’anneaux d’or, un étranger, un Français, vient d’arrêter sa voiture, près d’un tas sinistre de décharnés qui ne bougent plus, et il s’est baissé pour mettre des pièces de monnaie dans leurs mains inertes.

 

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Alors, soudainement, c’est comme la résurrection de toute une tribu de momies ; les têtes se dressent de dessous les haillons qui couvraient les figures ; les yeux regardent, puis les formes squelettales se remettent debout : « Quoi ! On fait l’aumône ! Il y a quelqu’un qui donne ! On va pouvoir acheter à manger. »  Le macabre réveil se propage en traînée subite jusqu’à d’autres tas qui gisaient plus loin, dissimulés derrière des promeneurs, derrière des piles d’étoffes ou des fourneaux de pâtissier. Et tout cela grouille, surgit et s’avance : masques de cadavres dont les lèvres recroquevillées laissent trop voir les dents, yeux caves aux paupières mangées par les mouches, mamelles qui pendent comme des sacs vides sur les cercles du thorax, ossatures qui se heurtent avec des bruits de morceaux de bois. Et l’étranger, en une minute, est entouré d’une ronde de cimetières, pressé, griffé par des mains déjà terreuses, aux grands ongles, qui cherchent à lui arracher son argent, tandis que les pauvres yeux, au contraire, demandent pardon, remercient et supplient …

Et puis, silencieusement, cela s’effondre. Un des spectres, qui chancelait de faiblesse, s’est accroché au spectre voisin, qui a chancelé à son tour, et la chute s’est communiquée de proche en proche, sans un cri, sans une résistance, tous les épuisés de cramponnant les uns aux autres et tombant ensemble, comme de lamentables marionnettes, comme s’abattent des quilles, puis roulant dans la poussière, évanouis, ne se relevant plus … [ … ]

Pour ceux-là qui sont par terre, qu’importe le jour bruyant, ou la nuit tranquille, ou le radieux matin, puisqu’il n’y a plus d’espérance, puisque personne n’aura pitié, puisqu’il faut rester où la tête alourdie est tombée, et attendre là, sur le même pavé, la grande crispation qui finira tout …

Extrait de : L’Inde (sans les Anglais) 1899-1900, Pierre Loti.

 

Mars 2014 :

Notre car vient juste de s’arrêter le long du trottoir et déjà c’est l’assaut ! Je laisse les autres descendre et affronter cette masse informe d’estropiés, de mutilés, de jeunes femmes tenant dans leurs bras des petites crevettes rougies par les rayons brûlants du soleil –des nouveaux nés aux visages de petits vieux-.

L’air est presque irrespirable tant la chaleur est intense, les bruits de la ville nous assourdissent et l’agitation est totalement frénétique. Ça grouille de partout à en donner le vertige ! Durant plus de trois heures, nous allons arpenter ainsi les rues de la ville rose, nous mêler à cette foule colorée, humer des odeurs de fritures qui se mélangent avec celles des égouts bouchés. Si, par malheur, on s’arrête devant une échoppe pour observer un bibelot, aussitôt le marchand apparait et on ne peut plus s’en débarrasser. Il vous suit sans répit, revenant à la charge pour essayer de vendre sa marchandise malgré votre refus. Alors il faut se fâcher, élever la voix pour qu’enfin il fasse demi-tour… Mais on le retrouve bientôt quelques minutes plus tard, revenant à la charge. C’est insupportable !

Quand enfin on rejoint le car, on retrouve alors toute la horde des estropiés qui   reprennent leur harcèlement pour obtenir quelques pièces. Ils se bousculent, s’engueulent entre eux  et vous tirent par les vêtements. Que faire ? Si vous donnez quelque chose à l’un, les autres vont se ruer sur lui et vont devenir encore plus pressants. Un des participants du groupe a des gâteaux secs qu’il commence à distribuer, mais très vite il est totalement submergé par l’afflux des mains tendues qui le tirent par sa chemise. Il trouve alors refuge dans le car.

J’ai repris ma place près de la vitre, au fond du car et là, je les observe, tous ces malheureux qui continuent de quémander en tapant dans les vitres … Bientôt je détourne la tête, j’ai du mal à supporter leurs regards, je me sens coupable. Coupable de quoi au juste ? D’être née dans un pays où l’on ne meurt plus de faim depuis longtemps ? Mais, de fait, ce n’est pas à moi de me sentir coupable, mais plutôt à ce pays lui-même qui n’est pas capable de subvenir aux besoins de sa population. Tant que la religion  sera omniprésente,  les choses ne risquent pas d’évoluer rapidement. On verra encore longtemps de grosses vaches bien nourries se prélasser au milieu des rues et de pauvres gens crever de faim sur les trottoirs. Comme le dit Loti :

Mon Dieu, qu’est-ce donc que ce peuple ? Et comment sont faites les âmes de ces gens, qui pour rien au monde ne tuerait un oiseau, mais qui ne se révoltent pas de ce qu’on laisse, devant leur porte, mourir les petits-enfants ?

inde, jaipur,pierre loti

 

 

lundi, 01 décembre 2014

217. Les insolites III -1-


podcast

Débutons le mois de décembre avec une nouvelle série de photos en noir et blanc.

Pour la couverture, j'ai choisi un coucher de soleil sur l'île de Hoëdic :

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1. À la fenêtre, zoo de Beauval

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2. Nourriture divine, Bénin, janvier 2009

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3. Les bidons, Addis-Abbeba, Éthiopie, janvier 2014

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4. Sur le banc, Lisbonne, octobre 2013

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5. La ruelle, Collonges-la-Rouge, Corrèze, août 2004

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6. Les rideaux, casa Mila, Barcelone, septembre 2006

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7. La cheminée, château de Villandry

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8. Ne bougeons plus ! Istanbul, septembre 2009

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9. La sieste, Puy du Fou

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10. La panne, Bénin, janvier 2009

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Comme disait notre guide :

En Afrique, il n'y a pas de problèmes ... Il n'y a que des solutions !

Un peu d'huile de coude et ça repart.

À suivre

vendredi, 28 novembre 2014

216. Fin des travaux

Souvenez-vous, c’était en mai et j’avais découvert que des rats se baladaient dans le grenier (ICI).

Si, de mon côté, j’avais réagi très vite en faisant venir un dératiseur, du côté de l’agence il en avait été tout autre !

Finalement un gestionnaire s’était déplacé début juin pour constater les dégâts et, horrifié devant le spectacle, avait déclaré aussitôt :

— Il faut d’urgence vous changer la VMC !

Ça, c’était en juin. Et aujourd’hui, ENFIN, un ouvrier va venir installer la VMC. Vous me direz « tout vient à point à qui sait attendre », soit, mais enfin quand même ! Durant ces cinq mois d’attente je ne suis pas restée à me tourner les pouces ; j’ai téléphoné à maintes reprises, tombant à chaque fois sur un nouvel interlocuteur qui n’était pas au courant et à qui il fallait re-débiter toute l’histoire.  D’ailleurs, à la fin, je n’expliquais plus rien, leur demandant de relire leurs notes !

Et puis, un matin d’octobre, j’ai vu surgir un chamallow en slip Calvin Klein avec sa petite échelle sous le bras. Le chamallow en question – un jeune bien enrobé, plutôt mou dans ses déplacements et peu enclin à grimper dans le grenier  — a toutefois jeté un œil distrait dans les combles pendant que je tenais son échelle (c’est là que j’ai pu observer qu’il portait un slip Calvin Klein car son jean lui descendait à moitié des fesses).

— Houlà, ça n’est pas facile d’accès ! Moi je ne peux rien faire.

Puis il redescend, plie péniblement son échelle et s’en va.

Ce même jour, j’ai la visite de contrôle pour le ballon d’eau chaude. L’ouvrier constate qu’il y a une fuite et qu’il faut le changer « dans les plus brefs délais ».

— Dés aujourd’hui j’en commande un et je vous préviens quand je repasserai vous l’installer.

Fin octobre, un deuxième ouvrier envoyé par l’agence vient pour la VMC.  Celui-ci semble connaître beaucoup mieux son métier que le premier.

— J’envoie le devis à votre agence et dès que j’ai reçu l’accord pour les travaux je vous téléphone pour venir vous l’installer !

Et voilà, c’est ce matin que je vais enfin pouvoir récupérer la VMC dans la salle de bain !

 

Entre temps le ballon d’eau chaude a été remplacé. Elle est pas belle la vie ?