mardi, 11 novembre 2008
À Louis, Marcel, Charles et les autres
Aujourd’hui, 11 novembre 2008, jour de commémoration de l’Armistice. Fin de ce que l’on appelle maintenant La Grande Guerre.
En août 1914, ils étaient partis en chantant, la fleur au fusil, peignant sur les wagons ce slogan A Berlin !, ne doutant pas un instant de leur victoire.
Beaucoup ne revirent jamais leur famille, d’autres revinrent, meurtris dans leur chair et leur cœur.
Le dernier combattant de cette guerre, Lazare Ponticelli, est décédé le 12 mars de cette année. Ainsi, il ne reste aucun poilu français en vie, si ce n’est Fernand Goux, âgé de 107 ans.
Quand j’étais petite, mon arrière grand-mère Hermance me racontait parfois des anecdotes sur cette époque. A la maison, j’ai encore le casque de mon arrière grand-père, ainsi que quelques photos jaunies, une bague en laiton qu’il avait ciselée pour ma grand-mère dans les tranchées, son livret militaire et un petit calepin datant de l’année 1915, où il notait les principaux événements du front.
L’écriture s’efface avec le temps, bientôt ce carnet ne sera plus lisible.
En 1915, son bataillon était dans l’Oise, à Ricquebourg.
Le 31 octobre, il note :
« 1ère ligne à Belval, de garde poste d’écoute de 24h à 3h. Touché chandail, attrapé 4 jours de prison pour pas avoir ceinturon.»
Louis était né en 1872 à Richelieu, département d’Indre et Loire. Quand la guerre éclata en 1914, il avait quitté la Touraine depuis plusieurs années déjà et travaillait comme jardinier dans une demeure bourgeoise à Chatou, en banlieue parisienne avec sa femme et ses deux filles.
Il aurait pu se contenter d’être réserviste, vu son âge (42 ans), mais c’était mal le connaître !
Son beau-frère Marcel, né à Tours en 1887 et exerçant le métier de typographe, eut beaucoup moins de chance. Il partit à la guerre avec appréhension, persuadé qu’il n’en reviendrait pas. Effectivement, il disparut lors d’un combat sanglant au Bois-Leprêtre, en septembre 1915. Son corps ne fut jamais retrouvé.
Et puis voici Charles Henri, le grand-père de mon mari. Né en 1896 à Jaunay Clan, dans la Vienne, il fut mobilisé en 1916, et combattit jusqu’en 1919. En 1915, il fut gravement blessé et subit une trépanation. A la suite de cette blessure, il fut dirigé vers les services auxiliaires et devint chauffeur.
Voilà, j’ai fêté à ma manière ce 11 novembre, en ayant une pensée pour ceux qui ont défendu notre pays à une époque où le mot patrie signifiait encore quelque chose.
Aujourd’hui par chance nous avons une armée de métier. Car enfin, qui serait assez fou de vouloir risquer sa vie pour des valeurs qui n’ont plus de sens ? Le patriotisme n’existe plus…C’est le chacun pour soi. Faut-il le regretter ? Franchement je ne sais pas.
Quoiqu’il en soit, je reste toujours admirative devant ceux qui sacrifient leur vie pour défendre des causes qui paraissent bien obscures pour la néophyte que je suis. Je pense en particulier aux soldats français en Afghanistan.
08:24 Publié dans Evènementiels | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : armistice, guerre
lundi, 10 novembre 2008
Au revoir Miriam
La chanteuse originaire d'Afrique du sud, Miriam Makeba, est décédée la nuit dernière après un concert donné en Italie à l'âge de 76 ans. Sa chanson Pata Pata la fit connaître dans le monde entier. En 1990, elle avait pris la nationalité française.
Retrouvons-la une dernière fois sur scène, dans cette très belle mélodie.
13:34 Publié dans Evènementiels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miriam makeba, musique, afrique
Le nuage de mots-clés
Ce nuage contient les tout derniers mots-clés (et d'autres mots d'ailleurs provenant des notes) de mon blog. C'est amusant, et pour ceux qui ne seraient pas sur HautetFort, voici le lien qui vous permet d'en faire autant :
09:14 Publié dans Créations personnelles | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mots-clés, tags
Jean-Élie (4)
Les enfants partirent en début d’après midi, en plein soleil. Jean-Elie avait l’habitude de marcher et il avançait d’un bon pas. C’était différent pour Danielle, une enfant de la ville, plutôt habituée aux transports en commun. Elle eut vite fait d’être essoufflée, mais ne voulant pas paraître fatiguée, elle se força à suivre son compagnon de route, écarlate et en sueur sous un soleil de plomb. Ils atteignirent bientôt le cœur du village, niché au creux d’un vallon verdoyant. Les flonflons de la fête battaient à tout rompre et ils durent se faufiler au travers de la foule pour pouvoir admirer la fanfare locale défiler. C’est ce moment que choisit Jean-Elie pour s’éclipser discrètement. Quand Danielle se retourna, il était parti ! Alors parmi la foule des badauds endimanchés elle tenta de l’apercevoir, mais ce fut peine perdue… Elle comprit bien vite qu’il l’avait fait exprès et fut très en colère. Mais sa colère fut vite remplacée par une inquiétude grandissante. Comment allait-elle faire pour retourner à la ferme ? Elle n’avait pas pris garde au chemin suivi et se demandait si elle allait pouvoir rentrer seule.
Dès lors la fête ne l’intéressa plus, elle se mit à haïr ce village, ce gamin et tous les gens qui se trouvaient là. Elle n’avait plus qu’une idée en tête : rentrer au plus vite à la ferme.
Elle trouva le chemin du retour et repartit. La colère lui donnait de la force et malgré la chaleur et le soleil qui lui tapait sur la tête, elle fonçait sur la route, tout en ravalant sa rancœur et ses larmes. A un moment, la route se séparait en deux. Elle était incapable de savoir quel côté il fallait prendre. Dans ces cas-là, il n’y a pas d’autre solution que de faire confiance au hasard. Elle obliqua donc vers la gauche et tout en avançant, elle examinait les alentours à la recherche d’un indice confirmant que la route était la bonne. Mais, au fur et à mesure qu’elle avançait elle ne reconnaissait pas l’endroit. Au bout d’un bon kilomètre, elle décida alors de faire demi-tour et retourna au croisement. Elle emprunta alors l’autre chemin et bientôt la vue de quelques maisons au loin la rassura. Cette fois, il n’y avait aucun doute possible, elle était sur la bonne route. Elle ralentit un peu la marche, se sentant plus en sécurité et finalement elle atteignit la ferme.
Yvonne fut très étonnée de la voir arriver seule.
« Où est Jean-Élie ?
—Je ne sais pas, on s’est perdu dans la foule et je ne l’ai pas revu », répondit la gamine au bord des larmes.
Yvonne parut très sceptique sur la véracité des propos mais ne dit mot.
A suivre ...
06:38 Publié dans Petites nouvelles de rien du tout | Lien permanent | Commentaires (0)
Une journée en compagnie de Jean-Baptiste Poquelin
J'ai emprunté à la médiathèque de Joué-les-Tours le film "Molière", écrit et mis en scène par Ariane Mnouchkine. Ce film retrace toute la vie de Molière. Les décors sont splendides, on oublie vite notre époque pour se plonger dans un XVIIème siècle dépeint avec beaucoup de réalisme. C'est une œuvre grandiose que je conseille à tous ceux qui ne l'aurait pas vue. J'ai trouvé un extrait, celui où Molière (interprété par Philippe Caubère) est pris d'un malaise sur la scène, alors qu'il joue Le malade imaginaire. On est le 17 février 1673. Très vite il est transporté chez lui, rue de Richelieu où il meurt presque aussiôt.
Molière n'avait pas renié sa vie de comédien auprès d'un prêtre. Aussi, n'avait-il pas droit d'être enseveli en terre chrétienne. Quelle absurdité ! Le roi Louis XIV intervint alors auprès de l'archevêque et Molière fut enterré discrètement, le soir, dans le cimetière Saint-Joseph.
05:46 Publié dans Sur l'écran noir | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : film, moliere, ariane mnouchkine