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vendredi, 31 mai 2013

95. Carnet de voyage en Ukraine -14-

Jeudi 16 mai : Sébastopol

Proverbe du jour : Les modes rendent les riches pauvres.

0700  Réveil musical

07h15  Petit-déjeuner

08h45  Arrivée à Sébastopol

09h00  Départ en bus pour le tour de ville et la visite guidée du musée Panorama

12h30  Déjeuner à bord

14h30  Départ pour Bakhtchissaraï

18h30  Dîner

20h00  Départ pour le spectacle des chants et danses de la flotte de la mer Noire

21h30  Soirée dansante au pont soleil.

 Alors que je suis tout à mes pensées philosophiques, seule en pyjama sur le pont à 5h du matin, je tombe soudain nez à nez avec un passager clandestin ! Un minuscule oiseau vient se poser tout près de moi, sur la table voisine. Apparemment il a faim et recherche de la nourriture. Je regarde alors l’horizon … De toute part, c’est la mer, aucune terre en vue. Il a probablement embarqué sur le bateau à Kherson et s’est retrouvé piégé. Bah, dans quelques heures il va retrouver la terre ferme. Patience petit !

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Bienvenue en Crimée : l’arrivée à Sébastopol est très belle. Un bateau pilote vient bientôt à notre approche et nous pénétrons doucement dans le port.

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Nous sommes accueillis par une fanfare, installée sur le pont du bateau voisin du nôtre.

Je pense que, pour la plupart d’entre nous, ce nom évoque avant tout l’avenue parisienne du même nom. Nous avons oublié (ou jamais su peut-être ?) que cette ville fut le lieu de sanglants combats, en 1854-55, auxquels participèrent les troupes françaises. Mais que diable sommes-nous donc allés faire dans cette galère ? Explication à venir.

En 1920, de nouveaux contingents de l’armée française furent envoyés à Sébastopol pour soutenir l’armée tsariste contre les Bochéviks.

Enfin, la ville connut encore des combats acharnés durant la deuxième guerre mondiale. En 1941-42, le siège de Sébastopol par les troupes allemandes dura huit mois. Ce n’est qu’en mai 1944 que la ville fut libérée.

Pour l’histoire plus détaillée de cette ville, reportez-vous ICI.

Sébastopol compte environ 340 000 habitants. Située au sud-ouest de la Crimée, elle est dotée d’un climat particulièrement agréable avec des hivers doux et des étés  bénéficiant de la fraîcheur des brises maritimes. On comprend mieux pourquoi les touristes (surtout des Russes) sont si nombreux !

C’est vrai que c’est une ville où il fait bon flâner le long de ses avenues ombragées ou dans les nombreux parcs.

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À dix mètres au bord du boulevard maritime se dresse sur un piton artificiel le monument aux navires coulés, mis en place en 1905 pour rappeler la défense de la ville durant la guerre de Crimée.  À cette occasion tous les navires de la flotte russe avaient été coulés pour barrer l’entrée aux navires ennemis et sauvegarder Sébastopol.

Notre bateau est amarré en bas de cette colonnade.

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Nous allons ensuite visiter ensuite le panorama de la défense de Sébastopol (1854-55) installé à l’intérieur de ce bâtiment circulaire. J’y reviendrai dans la prochaine note.

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L’après-midi nous partons en excursion à Bakhtchissaraï, l’ancienne capitale des Tatars. Le trajet en car dure environ 1h30 et au fur et à mesure que nous nous rapprochons, le temps devient très orageux. Finalement l’orage éclate au moment même où nous arrivons ; photos sombres et retour à toute vitesse au car sous des trombes d’eau ! Dommage que la visite du palais des khans eût été ainsi gâchée par le mauvais temps et nous n’avons pas pu flâner et fouiner dans les boutiques artisanales installées tout autour du palais. Même pas le temps d’apercevoir un Tatar !

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 Pauvres Tatars ! Durant les purges staliniennes, ils furent déportés en masse en Asie centrale ou dans de lointaines contrées de Sibérie. Aujourd’hui, ils sont environ 300 000 à être revenus sur leur terre d’origine mais ils ont bien du mal à faire valoir leurs droits.

Au moment même où l’on quitte Bakhtchissaraï, le soleil revient. Flûte de flûte …

Le dîner est servi un peu plus tôt car le soir nous allons assister à un concert donné par la flotte de la mer Noire. Bof …

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À suivre

jeudi, 30 mai 2013

94. Carnet de voyage en Ukraine -13-

podcast

Mercredi 15 mai : escale à Kherson

 Proverbe du jour : Commerce sans intelligence, argent au hasard.

Vers 02h30  Passage de l’écluse de Kakhovka

06h45  Réveil musical et arrivée à Kherson

07h00  Petit-déjeuner

09h00  Départ en bus pour la visite de la ville

12h00  Appareillage

12h30  Déjeuner

14h00  Entrée dans le Liman du Dniepr qui s’étend entre le delta et la ville d’Otchakov. Long de 60km, d’une largeur pouvant atteindre par endroits 40km, il draine l’eau douce du Dniepr vers la mer Noire où nous entrerons vers 17h00.

16h00  Conférence de Iaroslav sur « La Rous’ de Kiev »

17h00  Répétition de chants en vue de la soirée

19h00  Dîner des pirates ! Une petite fantaisie vestimentaire sera très appréciée !

21h00  Soirée Neptune au Sky bar

22h00 Ambiance musicale au Sky bar.

 

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L’arrivée à Kherson se fait dans un brouillard à couper au couteau. Peu à peu le temps se dégage et je constate qu’il y a plus d’animation qu’à l’ordinaire ; nous sommes en effet dans un port à la fois fluvial et maritime. D’un côté des passagers embarquent sur des ferries tandis que de l’autre côté les grues s’activent au chargement de bateaux.

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La ville ne manque pourtant pas de charme ; il reste encore de nombreuses maisons construites en roche calcaire jaune qui donne un certain attrait. On effectue une petite balade à pieds dans la rue piétonne :

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On visite également le temple consacré à Catherine II. Je ne sais plus ce que je faisais à cet instant mais je constate que je n’ai pris aucune photo !

Deuxième arrêt devant le monument dédié aux premiers ouvriers du chantier naval de Kherson :

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Le bateau appareille juste avant le déjeuner. Il faut compter environ cinq heures de navigation avant d’atteindre la mer Noire.

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Au sortir de Kherson, on peut apercevoir quelques mignonnes datchas sur les rives :

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À 17h, Youri réunit les Français volontaires pour une répétition en vue de la petite fête du soir. Nous préparons à la hâte deux chansons : tout d’abord C’est si bon ! d’Yves Montand, puis une autre assez rigolote où l’on doit insister sur les parties soulignées :

Quand on est marin faut savoir y faire

Faut savoir y faire quand on est marin

Sur son bâtiment faut travailler ferme

Faut travailler ferme sur son bâtiment

Les marins sont en mer dès l’aurore

En mer dès le matin en mer dans la journée

Ils ont la mer devant ils ont la mer derrière

Ils ont la mer de tous les côtés

Il était un petit navire il était un petit navire

Princesse du Dniepr , du Dniepr, il s’appelait

Princesse du Dniepr, du Dniepr, il s’appelait

Ohé ohé

Ohé ohé matelot, notre dieu Neptune est roi des flots (bis).

C’est loin d’être au point, mais on rigole bien. Durant notre répétition, nous avons eu le groupe de Coréens en spectateurs. Jamais je n’ai vu de gens aussi hermétiques : ils ont suivi notre prestation sans bouger un sourcil, sans dire un mot, sans un sourire –encore moins un rire-, impossible de savoir ce qu’ils pensaient !

À 19h voici donc les passagers déguisés (presque tout le monde a joué le jeu) qui pénètrent dans le restaurant où ils sont accueillis par les serveurs en tenues de pirates. Les tables sont toutes chamboulées, la musique est assourdissante et très vite une ronde endiablée se forme.

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On est en plein dans LA CROISIERE S’AMUSE !

La fête se poursuit ensuite au bar où les différentes nationalités viennent chanter un air de leur pays. Sans nul doute, ce furent les Brésiliens qui obtinrent le plus vif succès avec leurs danseuses en tutu !

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Seule ombre au tableau : l’absence du groupe des Coréens.

Et pendant que tout le monde s’agite, chante et danse, le bateau navigue déjà sur la mer Noire.

 

À suivre

mercredi, 29 mai 2013

93. Carnet de voyage en Ukraine -12-

Voici donc l’histoire de la vodka :

Au temps où les ancêtres des Russes adoraient Péroun, dieu des éclairs, et Iarilo, dieu du soleil incandescent, ils appréciaient déjà les boissons fortes. Le mode de production était primitif : dans un récipient en terre cuite, ils mettaient des grains de seigle germés, ajoutaient de l’eau et maintenaient ce mélange à température constante sur le feu afin de favoriser la fermentation. Les vapeurs d’alcool ainsi obtenues étaient ensuite recueillies sur une peau de mouton qu’ils essoraient pour obtenir un liquide alcoolisé.

À la fin du Xème siècle, au moment de choisir une religion monothéiste pour son pays, le grand prince Vladimir opte pour le christianisme et non pour l’islam –interdisant l’alcool comme chacun sait- car, déclare-t-il : La joie des Russes est dans la boisson !

Avec le recul, on peut se dire qu’on l’a échappé belle …

À l’époque, la boisson la plus populaire était l’hydromel.

Ivan_grozny_frame.jpgLa vodka est inventée au milieu du XVème siècle, dans un monastère des environs de Moscou. Son usage se répand peu à peu et connait un essor sans précédent dans la seconde moitié du XVIème siècle, sous le règne d’Ivan le Terrible qui ouvre les premiers débits de boisson et institue un monopole d’État des plus fructueux. L’ivrognerie commence à faire des ravages et, dans l’inconscient collectif, la vodka est désormais associée à l’image du diable. Les Russes prennent l’habitude de bénir leur bouche et leur verre avant de boire, espérant ainsi échapper aux filets du Malin.

Le tsar Pierre le Grand vous un culte à Bacchus dès sa prime jeunesse. Il fonde un ordre des joyeux buveurs dont les membres jurent de se saouler quotidiennement. Pierre lui-même consomme jusqu’à sept litres de boissons alcoolisées par jour et force tous les membres de son entourage à boire plus que de raison, y compris les femmes enceintes, sans épargner la sienne.220px-Peter_der-Grosse_1838.jpg

Des dix enfants qu’il aura de sa seconde épouse, seules deux filles survivront jusqu’à l’âge adulte. Sous son règne, la vodka est vendue  par seaux de douze litres. Cette mesure restera en vigueur jusqu’au XIXème siècle.

L’alcoolisme prend alors de telles proportions que le tsar manque de travailleurs valides pour ses chantiers.

C’est le chimiste Dmitri Mendeleïev qui, au XIXème siècle, fixe la formule de la vodka. Ayant l’idée un jour de mélanger un litre d’alcool avec un litre d’eau, il s’étonne de la contraction observée au niveau du poids. Il expérimente alors sur lui-même diverses proportions du mélange et après un an et demi de recherches, il parvient à la conclusion que le degré idéal de la vodka est 40°, à la fois moins nocif pour l’organisme et produisant le plus de chaleur.mendeleiev.jpg

Depuis Mendeleïev on mesure donc la vodka en grammes. Un litre de vodka pèse 953 grammes. La dose quotidienne à ne pas dépasser est de 50 grammes pour un homme adulte (tolérance jusqu’à 150 grammes les jours de fête !).

Hélas, cette dose parait ridicule à la plupart des Russes, dont plus de 500 000 meurent chaque année directement ou indirectement d’alcoolisme. Les mesures prises par les différents gouvernements pour lutter contre ce fléau se sont  avérées jusqu’ici totalement inefficaces.

La vodka se boit refroidie au bas du réfrigérateur et jamais au congélateur car cela l’altère. Les verres, en revanche, d’une capacité de 5 centilitres, peuvent être préalablement glacés au congélateur ce qui relève le goût de la vodka. Il est également conseillé de manger quelque chose après chaque dose, le meilleur étant le pain noir, les cornichons ou … le caviar !

 

Je conclus en vous disant BOUD’MO  qui signifie santé ! en ukrainien.

92. Carnet de voyage en Ukraine -11-

Mardi 14 mai : escale à Zaporojie

 Proverbe du jour : Il faut tourner le moulin lorsque souffle le vent.

 06h45  Réveil musical

07h00 Petit-déjeuner

08h00  Arrivée à Zaporojie

08h30  Départ pour le tour de ville suivi du spectacle des Cosaques.

13h15  Déjeuner

14h00  Appareillage

17h00  Conférence de Youri sur l’Ukraine d’aujourd’hui

18h30  Ambiance musicale au bar Panorama

19h00  Dîner

20h30  Concert folklorique  au Sky bar suivi d’une ambiance musicale.

 

Si vous regardez la carte d’un peu plus près (note n° 87), vous constaterez que l’on ne fait pas escale à Dniepropetrovsk, ville de plus d’un million d’habitants. Et pour cause ! Au cœur d’un vaste ensemble industriel, la ville est située en pleine zone de pollution atmosphérique. Elle fut même fermée aux étrangers pendant plus d’une trentaine d’années (des fois que … !). À cette époque, l’usine Ioujmach produisait en effet les fameux missiles SS 18, appelés aussi Satans.

Bref, on longe la ville et l’on s’arrête un peu plus en aval, dans la ville de Zaporojie :

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C’est là que fut construit, sur le Dniepr,  l’un des plus  importants barrages hydroélectriques d’Europe. Sa construction dura cinq ans, de 1927 à 1932, et mobilisa plus de 60 000 travailleurs. Sur une dalle de bronze on peut lire :

« Le 8 novembre ; dixième anniversaire de la Grande Révolution Socialiste  d’Octobre réalisant les préceptes du chef du prolétariat mondial V.I. Lénine, les aspirations des masses laborieuses  du premier État ouvrier dans le monde de l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes la centrale hydraulique du Dniepr ayant une capacité de 650 000 kW est fondée par le gouvernement de l’URSS et de la RSSU ( République Soviétique Socialiste de l’Ukraine), rempart puissant de la construction du socialisme en URSS. » 

Ah, ces masses laborieuses, tout  de même !

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Durant la dernière guerre, le barrage fut en partie détruit, d’abord par les Soviétiques en 1941, appliquant la politique de la terre brûlée, puis par les Allemands lors de la bataille du Dniepr en 1943. Le barrage et la centrale furent reconstruits entre 1945 et 1949. Une seconde centrale fut construite dans les années Brejnev (entre 1969 et 980).

Un peu plus loin, on aperçoit les cheminées fumantes de la centrale nucléaire avec ses six réacteurs nucléaires qui en font la centrale nucléaire la plus puissante d’Europe (dixit le guide !). Espérons qu’elle est en meilleur état que ne l’était Tchernobyl en 1986.   

Le barrage mesure 800m de long et 61m de haut. Quant à l’écluse, elle comporte trois sas.

Pour l’instant, nous partons visiter le musée consacré aux Cosaques. Je ne pourrai pas vous en dire grand-chose car j’ai totalement zappé la visite, fatiguée de rester debout immobile à écouter les explications, certes intéressantes, mais beaucoup trop longues de Youri. 

Une heure plus tard, le groupe est ressorti et c’est à ce moment précis qu’une passagère s’est affalée de tout son long dans le hall. De retour au car, elle a subitement eu un malaise et nous sommes alors repartis jusqu’au bateau pour la laisser entre les mains du docteur. Heureusement, plus de peur que de mal !

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Bon, cette fois, allons voir les Cosaques Zaporogues ! Un petit village a été reconstitué, avec de jolies maisons aux murs peints et des ateliers d’artisans. Le spectacle se déroule dans un enclos.  On ne peut qu’admirer l’agilité des acrobates sur leurs magnifiques chevaux. Enfin admirer quand on peut … Alors que j’étais déjà assise sur un banc de l’estrade, deux femmes s’installent juste devant moi, et, dès que les cavaliers apparaissent, elles se mettent debout pour photographier ! 

— Pourriez-vous vous asseoir, s’il vous plait ! On ne voit rien !

Elles se retournent, comme surprises de ma réflexion, mais n’en continuent pas moins à se maintenir debout. Ce manque d’incorrection a le don de me faire sortir de mes gonds. J’en deviendrais même vulgaire, me retenant de leur lancer :

— Eh, les deux pétasses, vous posez votre cul sur le banc !

Mais comme j’ai été bien éduquée, je me vois donc contrainte de changer de place. D’ailleurs, je me suis réjouie car avec leurs appareils de merde, elles ont à coup sûr raté leurs photos !

Ya tout de même une justice en ce bas monde.

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Après cette représentation équestre, on nous offre une collation : un plat traditionnel à base de riz, d’oignons et de lard, le tout arrosé de vodka. Hum … j’en aurais volontiers repris (pas de la vodka, mais du riz).  Tiens, à propos de vodka, je vous donnerai l’histoire de cette boisson dans ma prochaine note !

Retour au bateau qui lève bientôt l’ancre, puis, après le déjeuner, nous passons la fameuse écluse à trois sas. Impressionnant ! Le dénivelé est de 36 mètres. Nous avons l’impression de nous enfoncer dans les entrailles de la terre.

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La journée se poursuit paisiblement. Ce qui est sûr, c’est que j’ai peu photographié les rives du fleuve. Et pourquoi cela ? Tout simplement parce qu’il n’y avait pas grand-chose à voir, tout est assez uniforme. Quant au trafic fluvial, il est quasi inexistant ! C’est assez surprenant quand même.

Ah si, j'aperçois soudain un groupe de téméraires baigneurs ; à n'en pas douter, ce sont des descendants des intrépides Cosaques !

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— Coucou !

 

À suivre

91. Carnet de voyage en Ukraine -10-

podcast

On ne peut parler de l’Ukraine sans évoquer l’écrivain Nicolas Gogol, né en 1809 dans le village de Sorotchintsy.

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Dans son recueil de nouvelles, Les soirées du hameau de Dikanka, il relate la vie des paysans ukrainiens ; En voici deux fragments :

 Le jour :

" Que d’enivrement, que de splendeur dans un jour d’été en Petite-Russie ! Comme elles sont accablantes et chaudes, ces heures où Midi brasille dans le silence et l’ardente torpeur, alors que, bombé en coupole lascive au-dessus de la terre, un océan d’azur sans bornes a l’air de s’engourdir, gorgé de volupté, et de serrer d’une vaporeuse étreinte quelque belle fille ! Pas un nuage dans le bleu ; dans les champs, pas une parole humaine. Tout est mort, semble-t-il ; seule, tout là-haut, au fond des cieux, vibre l’alouette, dont le trille d’argent descend le long des degrés aériens vers la terre enamourée ; puis, de temps à autre, un cri de mouette ou l’appel sonore de la caille au lointain des steppes. Nonchalants et sans vie, comme s’ils erraient sans but, des chênes dressent leur faîte sublime, et les flèches aveuglantes du soleil incendient par masses entières de pittoresques feuillages qui projettent comme une nuit sur les rameaux inférieurs, une ombre où seule la forte brise peut allumer un peu d’or. Émeraudes, topazes et saphirs, des insectes éthérés planent par essaims sur les potagers qui tendent leur tapis diapré sous les tournesols géants. Les meules grises du foin et les gerbes d’or des céréales occupent la plaine, comme des nomades campés dans cette immensité. Grosses branches des cerisiers, des pruniers et des poiriers, ployant sous le poids de leurs fruits ; ciel, miroir  pur ; fleuve, bordé de rives altières et vertes … Qu’il est plein de sensualité et de passion, l’été en petite-Russie !

… De loin soufflait une fraîche haleine, d’autant plus sensible après l’accablement et les rigueurs de la grande chaleur. À travers le feuillage foncé ou vert-clair des baumiers, des bouleaux et des peupliers épars dans la prairie, fulgurèrent des étincelles baignées d’air froid, et soudain, d’un geste ravissant, la nymphe de la rivière mit à nu sa gorge d’argent où retombaient, gracieuses, les bouches vertes des arbres. Fantasque, comme une beauté à l’heure enivrante où, digne d’envie, le miroir fidèle possède en son cadre l’aveuglant éclat de son front plein de superbe, ses épaules de lis et son col de marbre ombré de la vague ténébreuse qui glissa de sa tête rousse ; pareille à la coquette qui repousse avec dédain des bijoux pour se parer d’autres joyaux et qui ne connait aucune limite à ses caprices, la Psell se crée presque tous les ans de nouveaux alentours et, creusant un autre lit, s’encadre de paysages neufs et variés.

Des files de moulins soulevaient de leurs aubes pesantes de larges nappes qui, rejetées avec force, rejaillissaient en gouttelettes pour emplir le voisinage de tumulte et de poussière d’eau.

 

La nuit :

Connaissez-vous la nuit d’Ukraine ? Oh ! Non, vous ne connaissez pas la nuit d’Ukraine ! Contemplez-la. La lune regarde du haut du ciel ; l’incommensurable voûte du firmament s’est encore élargie, elle a reculé ses bornes, elle parle et elle respire ; toute la terre brille d’une lumière argentée. L’air exquis, à la fois plein de fraîcheur et suffocant, est une source d’enivrement, et son souffle fait déferler un océan de parfums. Nuit divine ! Nuit enchanteresse ! Immobiles et comme inspirés, se dressent les bois, abîmes de ténèbres qui projettent une ombre gigantesque à leurs pieds. Comme ces étangs sont calmes et silencieux ! Leurs eaux froides et sombres sont captives, ainsi que dans une geôle lugubre, entre les murailles vert-foncé des jardins. Les vierges bosquets et merisiers sauvages étendent craintivement leurs racines vers la fraîcheur des sources et parfois font bruire leurs feuilles, comme fâchés et indignés de l’audace du bel étourdi, le vent de nuit, qui leur vole en passant un furtif baiser. Tout dort sur la terre. Et au ciel, tout respire, tout n’est que merveilles et que magnificences. L’âme aussi s’élargit et, ravie, elle voit surgir de ses profondeurs un cortège harmonieux de fantômes argentés. Nuit divine ! Nuit enchanteresse ! Et voici que, forêts, étangs et steppes, tout s’est animé. Le rossignol d’Ukraine égrène son chant sublime, et l’on dirait que, pour mieux l’entendre, la lune s’arrête au centre du firmament. Sur la colline, le village semble dormir d’un sommeil magique. Le rang serré des chaumières brille mieux et davantage au clair de lune ; les murailles basses sortent de l’ombre avec une blancheur plus éclatante. Plus de chansons ; tout a fait silence. Les honnêtes gens dorment déjà.

Sous la pleine lune, le bois d’érables profilait sa masse sombre et imposante. La pièce d’eau, unie, sans une ride, soufflait vers le promeneur lassé une fraîcheur, qui l’engagea à prendre quelque repos sur la berge. Tout était calme ; dans les profondeurs de la forêt on n’entendait que les trilles du rossignol.

… Une sorte d’étrange halo mêlait au rayonnement de la lune sa lumière indéfinissable et d’un charme infini. Jamais encore il était advenu à Levko d’admirer pareil spectacle. Un brouillard teintait d’argent tous les alentours. L’odeur des pommiers en fleurs et des corolles de nuit flottait sur la terre.

… Quelques minutes après, tout dormait au village ; seule la lune continuait à voguer, brillante et splendide, par les déserts sans bornes du magnifique ciel d’Ukraine. Et là-bas, dans les hauteurs du firmament, la nuit majestueuse respirait toujours, nuit superbe, nuit divine. Et la terre était toujours aussi belle, sous le merveilleux éclat argenté ; mais personne n’admirait ces délices, car le sommeil régnait partout en maître." 

 


02:08 Publié dans Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : croisiere, dniepr, ukraine, gogol